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DISTANCE : 6560 km

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DIFFICULTÉ : 3.5/5

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BEAUTÉ DES PAYSAGES : 4.5/10

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BUDGET : 6500€

LE HASARD D’UNE RENCONTRE

J’ai croisé Bruno par hasard, sur le parking d’un hôtel, lors de mon road trip en Islande. Homme de goût, roulant habituellement en KTM, Bruno avait été attiré par … le treuil à l’avant de ma BMW 1200 Urban GS. Lorsque j’ai rejoint ma belle sur le parking, le gaillard (une vraie stature à la puissance tranquille) m’a de suite sauté dessus pour découvrir quel était le perturbé du bulbe qui pouvait bien avoir eu cette idée tordue. Le déclic s’est fait, on a tout de suite sympathisé. Je lui pardonnai même (ou plutôt presque) et aussitôt son défaut majeur: être venu sur l’île en … voiture. Pourquoi me montrer si magnanime? D’abord parce que Bruno roulait en Suzuki. Mais aussi et surtout parce qu’il avait de choisi de caser son mètre quatre vingt-dix, ses bagages, son matériel de camping, et son pinard dans un Suzuki … Jimny. Ultra court (le Jimmy pas Bruno), bas de plafond (toujours pas Bruno), chargé ras bord (possible que ce soit Bruno), parcourant comme moi toutes les pistes à fond à la recherche des emmerdes, j’avais trouvé l’équipage plus que séduisant. Pour ne rien gâcher, le bonhomme a une sacrée plume et un véritable œil de photographe que je t’invite à découvrir sur son site: de-séré.com. Je te l’ai dit, ce site sera celui de l’ouverture à toutes les aventures. Alors, bienvenu à Bruno, à son Suzuki Jimny, à sa vision de l’aventure et à ses écrits qui regorgent d’infos..

BRUNO DE SÉRÉ: POURQUOI CHOISIR L’ISLANDE

Choisir l’Islande comme destination c’est en priorité vouloir s’émerveiller d’une nature en grand format et du silence. Choisir l’Islande pour le shopping, dégotter les dernières nippes tendance, lézarder au soleil ou encore faire la fête dans d’enivrés « Beach parties », risque de beaucoup décevoir. La nature est l’atout majeur du pays. Elle y est majestueuse et préservée. Le plus déroutant est le manque de référence pour qualifier les paysages. Parfois, un paysage ressemble à l’Europe, puis vire au Sud marocain, pour plus tard offrir un aspect norvégien ou un air des plaines du Wyoming, ou d’Arizona, puis le paysage devient lunaire ou martien – c’est un grand pêle-mêle ébouriffant. L’autre aspect marquant est la faune et notamment les oiseaux qu’on peut observer à l’état sauvage. C’est un must pour toute personne intéressée par l’ornithologie ou passionnée par la photographie animalière. L’Islande est aussi un parfait terrain de perfectionnement pour s’aguerrir à d’autres aventures plus exotiques.

 

Des glaciers aux cascades, en passant par la géothermie ou l’observation de la faune, tout est accessible simplement. La période du Covid a été, malgré tout, une bénédiction, car les sites touristiques étaient quasi déserts. L’accès aux paysages les plus exclusifs nécessite d’emprunter des F-roads et impose un peu de préparation ou d’attention (cf. chapitre-conseil à la fin du document). Pour mémoire, les F-Roads sont des routes accessibles seulement aux 4×4 authentiques. La partie nord et le centre de l’île semblent être des espaces de liberté plus préservés et authentiques que la partie sud. La notion de ville, village ou ruralité et très différente de celle que nous connaissons en Europe occidentale. Avec une densité moyenne de 4 habitants au kilomètre carré, il y a beaucoup d’espace entre des points de vie. Souvent, en regardant une carte, ce qui est dénommé comme une ville s’apparenterait plus un petit village ou à un hameau. Il n’est pas rare de rouler plusieurs heures sans croiser personne, surtout dans la partie centrale de l’île ou les F-roads.

 

La meilleure période, pour profiter de l’Islande, est probablement de fin juin à mi-août ; bien qu’il faille savoir composer avec une luminosité quasi constante. En principe, à partir de la fin juillet, toutes les routes sont ouvertes, dont les F-roads. Le plus déroutant est la variation de température en une journée. Il n’est pas exceptionnel de passer, en été, d’une température confortable de 18° à 3° avec beaucoup de vent et d’affronter 4 saisons dans la même journée. Trois semaines me paraissent la bonne durée pour découvrir le pays. L’alternance hôtel/camping, diminue les coûts et offre une bonne flexibilité afin d’ajuster son exploration en fonction de la météo. Dans la section les « immanquables », vous trouverez la trentaine de sites spectaculaires et la vingtaine de routes merveilleuses. Enfin, en auto ou à moto, l’Islande offre une variété de difficultés de roulage qui conviendra à tous les niveaux, de l’expert au novice.

LES SPOTS A NE PAS MANQUER

  • Skalar et la pointe de Fontur au nord-est de Þórshöfn

  • Hverir (géothermie), Sigurgeir’s Bird Museum (Myvatn)

  • Askia (lac chaud de Viti), Goðafoss (cascade)

  • Grimsey (pour passer le cercle arctique et voir des macareux)

  • Siglufjörður (magnifique petit village), Gullfoss (cascade)

  • Hraunfossar et Barnafossar (cascade), Illugastadir

  • Djupavik & Krossneslaug, Dynjandi (magistrale cascade)

  • Garðar BA 64 (bateau échoué), Látrabjarg

  • Kirkjufellsfoss (cascade), Snæfellsjökull (glacier)

  • Hellnar (crique et structure géologique intéressante)

  • Öxarárfoss et Lögberg, « Bridge Between Continents »

  • Seljalandsfoss et Skogafoss (cascades très touristiques mais superbes).

  • Geysir, Jökulsá á Brú (Stuðlagil Canyon), Borgarfjörður

EN CHIFFRES

36 jours de voyage – 19.06.2020 au 25.07.2020
30 jours sur le sol islandais
17 nuits d’hôtel, 13 nuits en camping, 5 nuits en ferry
8.860 kilomètres de route (6.560 Km en Islande)
Environ 3270 kilomètres sur mer et 5 nuits sur les ferries.
822,31 litres de carburant consommés soit une empreinte carbone de 1875 kilos de CO2 (qui ont été compensés

LA PRÉPARATION DU VOYAGE

  • La préparation de ce voyage sera rattrapée par la crise du COVID-19.

  • Pendant cette période de crise, il m’a toujours semblé qu’il fallait avancer. Je suis resté obstinément optimiste sur la faisabilité du voyage. Toutes les choses ont été réalisées ou débloquées en dernière minute.

  • Novembre 2019 : brainstorming et début des réservations.

  • Mars-Juin : confiné

  • Juin : les affres du confinement

  • 12, 13, 15 Juin : fin de la préparation du véhicule et entraînement off-road.

  • 19 Juin : en route!

  • 20 Juin : sur le Ferry.

  • 23 Juillet : sur le Ferry du retour

  • 25 Juillet : retour à la maison

  • La voiture a été reçue le premier jour du confinement alors que les règles étaient encore flottantes. Début juin, la compagnie de ferry a annulé le ferry prévu le 23 juin, pour l’avancer au 20 juin.

  • Le stage de conduite 4×4, prévu depuis longtemps, mais reporté de décisions en décisions en fonction de la potentielle ouverture des frontières et des hôtels, a été possible 5 jours avant le départ. L’acquisition de la tente de toit et la préparation de la voiture ont été réalisées 6 jours avant le départ.

  • Pour l’ouverture des frontières, le 4 juin, je décide d’écrire aux ministères des Affaires étrangères du Danemark, d’Islande et du Luxembourg, concernant l’anomalie faisant que le transit touristique est interdit au Danemark.

  • L’argument principal est que la fermeture de la frontière danoise interdit, de facto, l’accès au seul point d’accès maritime en Europe pour l’Islande et prive les Islandais de ressources touristiques.

  • L’ambassade d’Islande a semblé sensible à l’argumentaire et m’a répondu que ma requête avait été transmise par voie officielle aux autorités danoises. Le 8 juin, la réunion des ministres des Affaires étrangères statue sur l’ouverture des frontières dans l’espace Schengen et introduit le principe du transit touristique pour le Danemark à partir du 15 juin.

  • Je n’ai pas la prétention d’avoir influencé, mais d’avoir certainement tapé dans la fourmilière.

LES PISTES A NE PAS MANQUER

F862- entre la 862 et la jonction avec la 1
F917, 869 extrême pointe - Fontur
F862, F902 & 903, F756
F734, F508, 643, F570, F206 (Laki)
F232, F210, F910 (de la F26 à Askia),F923

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LE VOYAGE

Sections 1 à 32 // pitch du voyage complet

DISTANCE : 6.300 km

DIFFICULTÉ : 4,5/5

Neige, glace, route, froid, pistes, sable, chaud.

  • À droite de cette case, un visu de l’intégralité de la trace de Bruno de Séré, trace téléchargeable via le lien ci-dessous « télécharger la trace GPS »

  • En dessous de cette case, chaque autre case vient raconter une journée de ce voyage exceptionnel.

  • Cette trace est une aide mais n’est une garantie, ni une assurance de rien. Les pistes peuvent avoir souffert.

  • Bon voyage.

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Section 1 // Luxembourg – Flennsburg

DISTANCE : 780 km

DIFFICULTÉ : 1/5

Route

  • Le programme du jour est assez simple : atteindre la frontière germano-danoise et dormir à Flensburg. Le passage de la frontière ne peut se faire que le lendemain car le transit touristique pour atteindre le port d’Hirtshals où j’embarquerai demain doit se faire sans délai. Crise de COVID-19 oblige, les Danois ne souhaitent pas que d’infâmes touristes musardent sur le territoire et contaminent le viking. Moi qui ai toujours imaginé les Vikings comme le jambon Bayard, c’est-à-dire sans beurre et sans reproche, je suis un « tartinet » déçu !

  • En moto ou en voiture, mes départs sont toujours pareils : il est nécessaire de prendre l’autoroute pour rejoindre un ferry ou le lieu de villégiature. Plus le temps passe et plus l’autoroute me saoule. J’aime rouler, mais pas dans ces conditions. Je n’y vois aucun épanouissement. L’aspect pratique est indéniable, mais la monotonie de ce grand ruban noir m’ennuie terriblement. Le bonheur d’un lendemain chatoyant me donne le courage d’avancer. L’Autobahn est peut-être dans l’imaginaire un défouloir sans limite, mais la réalité est bien plus mesurée. Entre travaux et les zones limitées à 60, 80, 100 ou 120, les endroits « no limit » restent rares. Dans tous les cas, pour moi, c’est 120 kilomètres à l’heure au maximum. Les délais courts m’interdisent des escapades pour égayer cette journée.

  • Conclusion : après 722 kilomètres sans saveur, j’arrive à Flensburg. Justine est formidable, confortable. Certes, elle n’est pas une foudre de guerre, mais elle est vaillante et me mène à bon port. « You may go fast, I go anywhere ». Pour minimiser les expériences exotiques, je m’oriente vers le camping de Jarplund, au sud de Flensburg . C’est un camping très confortable, colonisé par les Danois et des Allemands. Mon idée de geek de la soirée est de commander des pizzas et de me les faire livrer au camping. Ce n’est pas une glorieuse idée, loin de l’idée du camping que l’on peut se faire, mais aujourd’hui, le pragmatisme prévaut.

  • Si tu pensais que j’allais poursuivre le lièvre qui vient de traverser devant moi, le faire mijoter au feu de bois tout en chantant de la country affublé d’une toque en peau de castor façon David « Croquette », tu te fourvoies … Les jours meilleurs sont à l’horizon. Je monte mon campement. La voiture est chargée comme un baudet. Tout doit être déménagé pour accéder à ce qui est nécessaire. Le rangement va s’optimiser au fil du temps et chaque jour qui passe améliorera le processus. La tente de toit se déplie en quelques secondes. L’auvent est superbe. Évidemment, je n’ai pas monté l’auvent avant (pas le comme le moulin), mais ces choses réservent toujours des surprises.

  • Quatre piquets, 6 trous, 6 cordes et pas de documentation. Le dilemme : il manque 2 piquets ou deux trous dans l’auvent ne nécessitent pas de piquet, mais lesquels ? Tout rentre dans l’ordre après réflexion et consultation YouTube. Je suis particulièrement fier de la dalle lumineuse à LED que j’ai réalisée. Outre la consommation électrique qui est digne d’un appétit de colibri, l’éclairage est puissant et confortable, et les couleurs ajustables. Pour la petite histoire, après quelques recherches, je suis passé d’une consommation maximale de 1,34 ampère heure à 1,01 : les amateurs apprécieront, le profane peut toujours revoir le film Apollo XIII. Sur ces considérations techniques, il est temps de plonger dans les bras de Morphée.

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Section 2 // Flennsburg – Hirtshalls

DISTANCE : 380 km

DIFFICULTÉ : 1/5

Route

  • 20 juin, je suis au début de mon voyage mais, paradoxalement, la clef de voute de l’édifice se pose aujourd’hui. Après des mois de préparation et le spectre du COVID-19 qui pouvait tout faire capoter, atteindre le ferry est impératif. C’est comme dans un planning, le concept du chemin critique, le moindre pépin et tout l’édifice prend l’eau. C’est assez étonnant, mais, malgré les circonstances, je n’ai jamais douté de la faisabilité de ce voyage. Quand je réserve, je ne me pose pas la question sur d’éventuels obstacles. Je me projette et anime mes énergies positives pour atteindre ce but et mon pragmatisme domine. Le passage de la frontière germano-danoise était fermé jusqu’en mai, puis ouvert aux allemands, islandais et norvégiens et enfin ouvert au transit touristique depuis le 15 juin. Les instructions pour justifier le transit touristique semblaient encore confuses et surtout la notion de « transiter sans délai » semblait arbitraire et relever du bon vouloir de la police.

  • Le passage de la frontière ressemblait donc à une épreuve. De plus, la police se réserve le droit d’effectuer des tests COVID à sa discrétion, ce qui rallonge les délais. Donc, le temps de passage de cette frontière était une équation à plusieurs inconnues. A 7h le café est coulé, la popote nettoyée, le campement plié et départ à 9h. Un kilomètre avant la frontière, le trafic est arrêté et la progression se fait en accordéon. 20 minutes plus tard, j’arrive au poste frontière. Je suis dérouté par le douanier vers la station de filtrage car je ne suis ni allemand ni danois. Le stand COVID est esquivé et deux militaires procèdent aux vérifications. J’arbore mon plus beau sourire et lance un « good morning officer » que Robin Williams n’aurait pas boudé dans le film « Good morning Vietnam ». Quand les tâches sont confiées aux militaires, c’est un peu comme confier la révision du BAC de français de ton enfant à Ribery. Il est probable que le chaos soit plus grand après qu’avant !

  • La résolution d’un problème par un militaire, ça relève de la logique du Shadock. Si tu n’es pas Shadock toi-même, il est compliqué d’en comprendre les ressorts de la réflexion. Si, par malheur, tu penses que c’est simple alors le militaire comme le Shadock va t’expliquer que c’est plus difficile que complexe et inversement. Sur ces tergiversations, le préposé lit mon passeport : oui les militaires savent lire, même les officiers ! Il consulte mon ticket d’embarquement, connecte les deux neurones artificiels de faction et là, miracle, tel Moïse fendant les eaux, la frontière s’ouvre ! Des mois d’élucubrations, de lecture, de recherche et d’influence pour régler un problème de frontière en 2 minutes !

  • L’autoroute est toujours aussi pratique que monotone. En revanche, la campagne danoise et ses paysages agréables et apaisants égayent la route. De mes passages au Danemark, j’en ai toujours gardé une agréable sensation. Outre sa savoureuse capitale, la campagne et les bords de mer sont splendides. Si vous ne connaissez pas le Danemark, n’hésitez surtout pas.

  • Le repas de midi sera composé d’un sandwich coquin pas plus grand que la paume de ma main. Le sandwich coquin, c’est un sandwich au haddock assorti de son pain aux céréales et d’une description rédigée dans une langue où tu barres, entre autres, les ‘o’ par coquetterie et fleuris les ‘a’ d’un petit rond. Dans la description, il devrait être indiqué que des trolls s’y cachent. Le tour de magie des trolls c’est qu’après 3 bouchées tu es rassasié. Un pouvoir étonnant, petit, bon et costaud. Le finir sera une prouesse. Il y a quelques années, j’avais embarqué ici à Hirtshals pour un beau road-trip en Norvège. Je ne reconnais plus les lieux. Ici, pour une zone portuaire, c’est cliniquement propre, ordonné et bien signalé. Cela tranche avec le folklore que j’avais expérimenté l’an dernier dans le sud ! Je dois remplir une attestation sur l’honneur pour la compagnie maritime pour affirmer que je n’ai pas les symptômes du COVID et remplir en ligne une déclaration pour le ministère de la santé Islandais.

  • Pour ceux qui ont voyagé ou qui se sont exposés aux différences des autres, il existe de grandes inégalités qui rendent notre monde un peu insensé. Sans entrer dans des thèses « complotistes », sans smartphone et connexion internet, beaucoup de services ne sont pas accessibles. Jadis, le savoir, l’accès à l’enseignement créa le clivage entre l’élite et le peuple. Aujourd’hui la fracture numérique crée une scission entre le monde des connectés et les autres. Quand tu es du bon côté du manche, les choses apparaissent comme un progrès. La frustration qui en découle est qu’il est merveilleux de sans cesse en savoir plus, mais cette connaissance est mal partagée et ne nous rend pas plus humaniste ou raisonnable. Je vous invite à regarder le reportage de Lolo Cochet, sur YouTube, qui réalise, en moto pour la fondation transplantation cardiaque, le trajet du Cap Nord au Cap de bonne espérance (Norvège, Afrique-du-Sud). Les démarches achevées, je regagne la cabine, sirote sur le pont un délicieux cidre des Ïles Féroé. Au départ, des centaines de mouettes suivent le sillage du bateau. Je me suis toujours demandé pourquoi la mouette suit le bateau, mais comme dit Cantona « la mouette, elle, le sait ! ». Alors, sur cette haute réflexion philosophique, je me restaure et regagne mon lit pour un repos mérité.

Section 3 // Hirtshalls – Seydisfjördur

DISTANCE : 1550 km

DIFFICULTÉ : 1/5

Ferry

  • 21 Juin : la nuit fut calme et reposante. La cabine est très confortable. Ce navire glisse avec aisance sur l’eau à un peu plus de 20 nœuds nautiques de moyenne. Les plateformes pétrolières parsèment le paysage et quelques unités de pêche croisent de-ci de-là. Le temps, en ce jour de solstice, est merveilleux. Par 60° nord, il fait bon de rédiger mon journal assis sur le pont sous un ciel azur et un beau soleil. Le bateau n’est pas bondé et il est facile de trouver sa place. Les gens lézardent, d’autres lisent, ça tricote, lit et scrute l’horizon d’une mer aux reflets turquoise. Les retardataires révisent leurs guides sur l’Islande et plongent le nez dans leurs cartes. Les enfants font leurs devoirs et d’autres jouent. L’ambiance est estivale mais c’est surtout une grande zénitude et un grand silence qui domine. J’ai l’impression que les gens se préparent à une grande apnée avant d’inonder leurs yeux dans la beauté brute de la nature islandaise.

  • Cela fait 3 années de suite où le ferry a un rôle capital. Le ferry a la magie du rythme lent. La frénésie du tout, tout de suite, doit s’arracher de l’esprit pour enfin respirer et s’immerger au rythme de la nature. Nous sommes poussés au « speed » et cela m’exaspère de plus en plus. Par exemple, le point d’orgue des jeux olympiques c’est la finale du 100m ; en 9 secondes c’est expédié et c’est ça qui plaît. Mais la finale du 50km marche qui s’en préoccupe ? L’athlète qui brille dans cette épreuve a droit aussi à autant de reconnaissance. Le temps s’écoule, je savoure ces moments dans une grande félicité. Le méridien de Greenwich est franchi dans l’après-midi. Nous faisons cap direct vers les iles Shetlands que nous atteindrons en fin d’après-midi. Le temps se couvre quand nous doublons la pointe nord des Shetlands. La soirée passe vite, flânerie sur le pont, repas et couchage. Le navire fait cap direct sur les Féroé qui seront atteintes demain matin.

  • 22 Juin : réveil au son du haut-parleur de la cabine qui indique que nous sommes aux Féroé. La nuit fut bonne et paisible. On est loin des voix suaves des hôtesses de l’air, on va dire que c’est du fonctionnel. Les annonces en anglais sont parfois compréhensibles … L’arrêt au Port de Tórshavn permet probablement au navire de résoudre un problème technique de fosse septique. Disons qu’il flotte dans l’air une odeur agricole qui couvre largement la fragrance maritime. Éole aura la délicatesse de dissiper ces effluves. Le départ est prévu vers 12h, pour atteindre demain Seydisfjördur. 12h le navire reprend la route pour son étape finale. La sortie des Féroés est majestueuse. Nous nous engageons dans un détroit fait de hautes falaises. Les crêtes sont découpées comme de la dentelle. Les pentes sont tapissées d’herbes au vert vif et les assauts incessants des éléments ont formé de profondes ravines. La lumière se joue des nuages pour offrir des teintes tamisées et dégradées de couleurs variées.

  • L’esprit d’Amundsen allant conquérir un pôle improbable flotte dans l’atmosphère. L’esprit du nord vient draper l’instant de sa poésie. Le repas du soir est pris au restaurant gastronomique, le tout arrosé d’un merveilleux vin espagnol, Rioja « Dominio del Aguila – 2014 ». Ce fut un excellent moment. En début de repas le temps avait viré au gris et pluvieux. Un air d’automne semblait s’être perdu dans cette mer isolée et frappait à notre porte pour briser son ennui. Puis notre visiteur automnal s’en est allé, pour laisser place à la chaude lumière du soir qui caresse cette mer indigo. Le vent jouait avec les vagues et faisait jaillir des panaches aériens d’écume. Un beau spectacle anonyme perdu au milieu de la mer où seuls quelques oiseaux peuvent en profiter.

  • 23 Juin : dernière ligne droite. La nuit fut bonne et le speaker annonce que nous arrivons dans 2 heures. Par le hublot, j’aperçois la terre islandaise. Le petit-déjeuner avalé et nous entamons une entrée majestueuse dans le fjord de Seydisfjördur. La météo nous gratifie d’un soleil éclatant. La faune multicolore des passagers se presse sur le pont pour admirer un paysage de toute beauté. Le fjord n’est pas très encaissé et donne une impression d’espace. Les pentes des monts aux alentours viennent s’évanouir dans la mer et n’écrasent pas le paysage. Les bleus et les verts se confondent. Les cascades à foison se jettent dans la mer, l’azur du ciel et la neige immaculée se conjuguent ; c’est un feu d’artifice, une entrée triomphale en Islande digne d’un péplum.

  • Nous arrivons à quai. Pour entrer en Islande, un test de COVID est obligatoire. Jusqu’au 1er juillet, il est gratuit. Les informations seront communiquées par SMS si elles sont bonnes, sinon c’est un médecin qui prend rendez-vous pour un diagnostic plus approfondi. Nous sommes casernés dans nos cabines et appelés pont par pont pour passer devant la brigade de dépistage. Le test consiste en un frottis de la gorge et du nez. Pour la gorge, ma préleveuse s’y donne à cœur joie. Ce n’est pas agréable, mais supportable. Pour le prélèvement nasal, au vu de mon appendice, l’idée saugrenue a dû lui traverser l’esprit qu’elle pouvait y jardiner avec bonheur. J’ai cru qu’elle profitait pour y ajouter au test une ponction du cerveau et même une biopsie de la prostate tellement sa sonde s’enfonçait profondément dans mon corps.

  • Ce fut un ramonage en règle, fort désagréable. Je lui dis juste que je la haïssais. L’accueil islandais est particulier ! Une fois ces joyeusetés effectuées, un policier me donne un papier tamponné et signé. Précieux sésame qui donne droit à quitter le navire. Comme sur tout ferry, récupérer sa voiture est un peu un jeu de puzzle. Une voiture sur un des flancs doit partir et celle de devant ou de derrière doit manœuvrer pour partir à son tour. Ici tout se fait dans le calme, j’ai connu des débarquements plus colorés.

Section 4 // Seydisfjördur – Eskifjördur

DISTANCE : 137 km

DIFFICULTÉ : 1/5

Route

  • Le passage en douane est expédié promptement. Une formalité sans encombre. J’engage le col pour quitter Seydisfjördur et regagner la vallée. La pente du col est bien raide. Les cascades parsèment la montagne par dizaines. Sur le plateau, en haut du col, un lac dégèle ; la neige, l’eau et la glace se mêlent et offrent un spectacle grandiose. Je profite de cette demi-journée de mise en route pour faire un rapide petit tour. Près d’une centrale hydroélectrique, le lit de la rivière a été détourné et crée un rapide à la violence inouïe.

  • L’eau rebondit sur les rochers en faisant d’énormes vagues. Je n’ai jamais vu une eau aussi impétueuse. Les routes que j’emprunte sont des pistes de terre et de graviers damés comme on en trouve dans les pays nordiques. La voiture se comporte admirablement bien sur ces terrains. Les nouvelles suspensions œuvrent à merveille et offrent un confort royal. Je suis heureux.

  • La nature environnante est de toute beauté. Il est difficile de trouver une ressemblance, peut-être un petit air d’Alaska ou de Sibérie. C’est un environnement unique, je n’ai pas de référence pour comparer. Je me laisse chavirer dans ce merveilleux dépaysement. J’arrive à l’hôtel à Eskifjördur en fin d’après-midi où je passerai la nuit. L’hôtel semble simple d’apparence, mais la chambre est superbe. Une partie de l’hôtel est construit sur une ancienne banque. La salle des coffres a été transformée en cave à vin. Vu l’épaisseur des murs et le blindage, les bouteilles sont en sécurité ! Pendant 94 ans c’était la seule banque de la région avec une chambre forte. Déroutant et impressionnant.

  • Le repas sur soir est pris au bord du fjord au restaurant Randulffshouse. Le repas est très bon, c’est une bonne adresse. La décoration est constituée d’antiquités sur le monde de la pêche des années 20-30. L’étage est un petit musée qui retrace la vie des marins dans la région. Ce témoignage montre la rudesse du travail, l’hostilité de l’environnement et la rusticité de la vie. Retour à l’hôtel pour une bonne nuit de sommeil.

Section 5 // Eskifjördur -Höfn

DISTANCE : 214 km

DIFFICULTÉ : 1/5

Route

  • La bonne nouvelle du matin est que j’ai reçu mon SMS qui indique que je suis « COVID-free ». Je n’en doutais pas mais une bonne nouvelle fait toujours plaisir. Le temps s’est dégradé dans la nuit. L’ambiance est venteuse et fort humide. Les sommets environnants sont enrobés d’une ouate nuageuse. Je prends la route pour le sud pour atteindre Höfn. A Höfn, de fin juin à début juillet, c’est le festival de la langoustine. Dénommé ici « hümar ». C’est un mobile suffisant pour rendre délicieux les 250 kilomètres qui me séparent de Höfn.

  • Les paysages de la route côtière sont fort diversifiés. La route signe les virages de la montagne de douces arabesques. Moutons et volatiles de tout genre bordent la route. Mon niveau d’ornithologie est nul. Le seul distinguo que j’arrive à faire entre les volatiles est ceux qui se mangent et les autres. Aujourd’hui, je n’ai vu que les autres sauf un banc de canards et des oies barbotant sur le rivage.

  • Ici le trafic n’est pas traumatisant : parfois, je croise une voiture. Aujourd’hui, j’ai doublé deux caravanes ! La route est ponctuée d’arrêts photos. Au hasard sur la route, un panneau indique un café. L’endroit ressemble plus à un baraquement adossé à une ferme qu’à un café. Une fois la porte poussée, l’endroit est très « chill ». La décoration « cosy ». Le café est haut de plafond, les murs sont bardés de bois, c’est chaleureux. La partie arrière est surélevée et sert aussi de scène. C’est un grand contraste entre l’impression extérieure et l’ambiance intérieure. Le café et le gâteau au chocolat fait maison sont très bons.

  • L’arrivée sur Höfn tranche avec les paysages précédents. D‘abord, la rivière Jökulsà forme un grand delta qui se déverse dans la mer. Visuellement, cela forme une vaste plaine. Une fois passée la pointe de ce delta, mon regard se porte sur une longue langue de terre qui s’échoue jusqu’au grau situé à une encablure de la ville Höfn qui mouille le long de cette lagune.

  • Le repas du soir sera pris au Pakkùs Veitingar : soupe de langoustines, suivie de langoustines grillées et d’un brownie au chocolat. Le tout arrosé d’un Chablis. Rien à dire, tout est de bonne facture. Une bonne récompense pour cette journée. Le jour s’achève sous un pâle soleil. Retour au camping pour déplier la tente de toit et continuer demain vers de nouvelles aventures.

Section 6 // Höfn -Egilsstadir (Svartiskogur)

DISTANCE : 247 km

DIFFICULTÉ : 2/5

Route et piste

  • La nuit fut confortable. Cette tente de toit me plaît de plus en plus. Je trouve ce type camping agréable. Place aux ablutions matinales, j’injecte mon jeton de douche dans la machine et rien ! Une bonne claque sur le monnayeur et c’est parti pour 3 minutes chrono ! Ma couenne briquée, mon visage débarbouillé, je regarde mon café couler doucement. Je m’ébroue doucement et profite de l’instant du matin.

  • Le temps a viré au beau. La route prise hier sera remontée dans l’autre sens pour moitié. Sous ce soleil, tout semble différent. A une jonction, je bifurque sur ma première « F road ». Les « F roads » sont des pistes réservées aux 4×4. Cette F-Road, 980, est un cul-de-sac et s’enfonce jusqu’à la fin de la vallée où coule la Jökulsà. Pour l’emprunter, il faut, par deux fois, ouvrir puis soigneusement refermer la barrière qui sépare les pâtures. La pente est parfois raide. Je dois utiliser les vitesses courtes pour gravir les côtes et pour que la conduite soit sûre et confortable. Je traverse mes premiers gués. Le paysage change par rapport à la route côtière. La vallée que j’engage est énorme, le paysage grandiose. Le lit de la rivière fait plusieurs kilomètres de large. C’est étourdissant de beauté. Grandeur et pureté dominent. Le silence règne en maître. Les moutons gardent soigneusement la route et détalent prestement à mon arrivée. Je note que les brebis ont toujours des portées de deux agneaux.

  • Plus la journée passe, plus les paysages défilent et les qualificatifs viennent à me manquer. Je pense que le plus grand accident répertorié en Islande est la fracture de la rétine, tellement les paysages sont beaux. Personnellement, je m’en greffe chaque soir deux nouvelles pour m’émerveiller de cette nature puissante, majestueuse et envoûtante. Au hasard des titres joués depuis mon iPhone, la musique s’accorde à merveille au paysage. Hier, le Tannhäuser se mariait à merveille avec la météo et le paysage brumeux. Aujourd’hui, Haendel ajoutait une touche de noblesse à la majesté des lieux.

  • La flore est aussi de la partie. Arsène, ce coquin, a parsemé la route de beaux lupins en fleur. Ces touches violettes contrastent avec les verts et ajoutent de la superbe à l’environnement. Si les repas de midi sont sommaires, les repas du soir frisent la bonne gastronomie. Ce soir encore, la table est très bonne. La nuit sera passée à la « guest house Svartiskògur » située à 32km au nord d’Egilsstadir. L’endroit est retiré de tout. La vue sur les montagnes encore enneigées au loin est de toute beauté. Je baigne dans la sérénité des lieux ; le sommeil sera à l’image de la journée : délicieux.

Section 7 // Egilsstadir (Svartiskogur) – Porhöfn

DISTANCE : 283 km

DIFFICULTÉ : 2/5

Route et piste

  • En guise de chambre, l’hôtel m’a alloué un bungalow. Il y a une petite chambre, une kitchenette, une salle de bain et un coin couchage. J’ai dormi comme un bienheureux dans un lit bien moelleux. L’endroit est si reculé que rien ne peut te déranger. La vue sur la chaîne de montagnes au loin est superbe. Hier soir, le soleil y signait un léger trait rose du plus bel effet. La propriétaire est très heureuse, pour le petit déjeuner, de mettre un CD de musique traditionnelle islandaise jouée à l’accordéon. Ne pas bien entendre a parfois ses avantages. Le pâté d’agneau ne se refuse pas même au petit déjeuner. La confiture de myrtilles faite maison assortie de ses gaufres est un vrai délice.

  • Sur les 283 kilomètres effectués dans la journée, 250 seront effectués sur des pistes. La journée débute par le franchissement du col de Hàlsakot sur la 917. La pente varie entre 12% et 14%. Autant ne pas essayer de se jeter dedans en caravane par exemple. L’ambiance montagneuse est très imprégnée des restes de l’hiver ; les névés sont encore nombreux et c’est très beau. À 700m d’altitude, l’air est tonifiant. Les prises photos sont rondement menées. Vers midi, je fais arrêt au café Kaupvangskaffi à Vopnafjördur. Pause gâteau et café. La serveuse est à la hauteur des paysages islandais. Un délicieux plaisir pour les yeux, surtout pour un hétéro, caucasien et omnivore comme moi. J’ai l’impression maintenant d’être un vieux mâle qui appartient à une espèce en voie de disparition. Une peu plus loin que le café, l’usine de conditionnement de poissons distille une odeur qui ramone les naseaux.

  • La carte indiquait la présence de bains chauds. En fait, il s’agissait d’une piscine, perdue au milieu de nulle part. Je ne suis pas inspiré et rebrousse mon chemin. Sur la route me vient l’idée de photographier un bélier. En principe, les ovins du coin détalent quand on approche. Celui-là me fixe. Comme je me mets à son niveau pour faire un portait, je note dans le viseur de l’appareil photo un duel visuel digne d’un western. Qui va dégainer le premier ? Je me pose la question : il charge et j’esquive ou je provoque et il détale ? Je prends ma photo et nous optons pour le statu quo. Je poursuis ma route vers Porhöfn. Les 4×4 islandais sont généralement montés avec de gros pneus. Quand je dis de gros pneus, ce sont des gros pneus. Je discute avec un jeune qui a l’ancienne génération de mon 4×4. Il a mis dessus des pneus de 35’’ sur des jantes de 15’’, la roue fait presque 1 mètre de haut. Comme l’empattement est court, cela fait petit « big foot ». Inutile d’essayer de passer au contrôle technique affublé de ces accessoires, mais l’effet est garanti.

  • Porhöfn est situé à l’entrée d’une pointe de terre. Je décide d’aller tout au bout de cette pointe qui fait une quarantaine de kilomètres de long. Un troupeau de chevaux barre la route et s’écarte doucement. Un cheval, plus téméraire que les autres, vient à la fenêtre pour mendier une friandise. Comme je n’ai rien, je le repousse délicatement et referme la fenêtre. Ce bougre se met devant la voiture et mâchouille mon capot. L’idiot va laisser deux petites griffes avec ces incisives. Je n’imagine pas expliquer à mon assureur, bien adoré, la situation pour remplir un constat et réparer les stigmates. Grand coup de marche arrière avant qu’il essaye d’essuyer ses sabots sur ma carrosserie et marche avant pour passer avec autorité. La satisfaction, c’est que le soir au restaurant il y aura du steak de cheval à la carte. Tôt ou tard, on n’échappe pas à son Karma.

  • La terre s’étire vers l’horizon et cette piste n’en finit pas. En principe, le long des grèves ou des plages, on trouve quelques bois flottés. Ici, ce sont des centaines et des centaines de morceaux de tailles diverses enchevêtrés. Les tempêtes, ici, doivent être puissantes, car des grumes sont charriées au-delà la grève, dans les champs en contrebas, sur des centaines de mètres. Parfois, le dénivelé est de plus de 10 mètres et donne une idée de la hauteur des vagues. Après le bout du bout de la piste, où, comme dans le sketch de Raymond Devos, tu commences sérieusement à te poser la question si quelqu’un n’a pas coupé le bout de la piste, j’arrive aux ruines du village de pêcheurs de Skalar. Ici, dans les années 30, vivaient 119 personnes et le village avait son café où musique et représentations de théâtre étaient jouées. Maintenant, ce ne sont plus que quelques murs abandonnés au temps et aux vents. La chanson de Nino Ferrer, « Le Sud », qui passe à la radio semble complètement décalée. À 11 minutes près, j’étais à la hauteur du cercle polaire.

  • En islandais, les macareux sont appelés des « lundi ». J’ai donc un grave problème de distorsion temporelle. Comment est-il possible de faire un vendredi des photos d’un lundi ? En dehors de ce problème temporel, c’est la première fois que j’en vois dans leur environnement naturel. Je rampe dans l’herbe, au bord de la falaise (55m), pour ne pas les effrayer et m’en approcher le plus près possible. Avec un peu de patience et mon nouveau 110mm, j’arrive à faire une belle prise. Je suis quelque part touché, ému de cet instant. Le retour se fera par la même piste. Sans chômer, il me faudra plus d’une heure pour en venir à bout. Je vais directement au seul restaurant du village. Chaque soir, le repas est une belle surprise gustative. Aujourd’hui, l’entrée est composée d’un assortiment de spécialités du coin. Deux planchettes sont apportées à table. Une première avec du cabillaud séché et un magret d’agneau posé sur une galette fumée. La deuxième ressemble à un morceau de thon rouge sur du wakamé. Je demande confirmation au serveur. Il me dit que c’est un sashimi de baleine. C’était aussi politiquement incorrect que délicieux. L’agneau qui suit est délicieux. Le tout arrosé d’un blanc croate aussi bon qu’inattendu. Une belle fin de soirée. Déballage de la tente au camping pour une belle nuit.

Section 8 // Porhöfn -Raufarhöfn

DISTANCE : 174 km

DIFFICULTÉ : 2/5

Route et piste

  • Démarrage dans la brume qui ne se lèvera guère de la journée. La moisson de photos sera modeste. L’objectif de la journée est d’aller à la pointe la plus septentrionale de l’île. Au vu des conditions matinales, je me dis que mon café sera pris au restaurant d’hier soir. Mauvaise idée, il n’ouvrait qu’à 12h. Je fais deux tentatives pour trouver un café dans des endroits improbables qui m’ont conduit dans des impasses. La troisième tentative fut la bonne – quoique ! Je suis les panneaux « café – guesthouse » et tombe sur trois personnes, un président et deux assesseurs : c’est le bureau de vote. Aujourd’hui, c’est élection présidentielle en Islande. Vu l’endroit, je pense que le bureau de vote doit collecter au moins 10 bulletins avec 100% de participations, sauf si les moutons votent – on ne sait jamais !

  • Le café est situé dans la maison d’à côté qui fait aussi office de musée du mouton islandais. Je rédige mon journal de la veille en attendant que le temps se dégage. J’achète des babioles sur le thème du mouton et sirote mon café. En route pour le nord. J’espère toucher le cercle polaire qui se situe cette année à 66°33’. La position maximale de la journée fut 66°31.4971, c’est presque le cercle mais je ne l’atteindrai pas. L’éphéméride du GPS m’indique qu’aujourd’hui à cette latitude j’aurai 1h17 de nuit ! Arrêt dans une épicerie où je dégotte un bloc de saumon que je débiterai en tranches pour m’en faire des sandwichs. Je quitte la route pour trouver une grève qui m’accueillera pour le piquenique de midi. Assis sur un tronc, je regarde la mer et son ciel bas. C’est un moment contemplatif. Petite trempette des pieds dans l’eau : elle est froide ! Je pousse jusqu’à la pointe nord de l’île qui accueille une réserve d’oiseaux. Les oiseaux par centaines nichent au sol.

  • Les petits sont encore au sol. Ravitaillés par les parents, ils se gavent de petits poissons. Les petits sont tout mignons dans leur duvet et se blottissent sous les ailes de la mère pour se mettre à l’abri. D’autres jeunes ont le vol peu assuré et s’entraînent en piaillant. Les parents veillent au grain, car si tu t’approches un peu trop près du bord de la route, ils n’hésitent pas à te charger. C’est surtout de l’intimidation, mais c’est un simple rappel à l’ordre. Le campement est monté au camping de Raufarhöfn. C’est le camping situé le plus au nord de l’Islande. Ce soir c’est couscous lyophilisé et Gigondas. Au moins une des deux choses sera bonne. J’ai la bonne idée de monter l’auvent qui m’offre un espace assez confortable malgré l’environnement brumeux et humide.

Section 9 // Raufarhöfn – Reykjahlid (lac Myvatn)

DISTANCE : 185 km

DIFFICULTÉ : 2/5

Route et piste

  • Au matin, le ciel est bas et le soleil ne perce pas. Le vent se lève et amène un épais brouillard sur la lande depuis la mer. Les choses se gâtent de plus en plus. Voilà l’Islande drapée de timidité qui ne souhaite pas dévoiler ses charmes. La journée risque d’être écourtée. Une lueur d’espoir renaît, vers la côte aux abords de Köpsaker, sur la route 85, que je redescends pour regagner Myvatn. Une petite cascade qui se jette dans la mer a son petit effet. Je plonge vers le sud. Arrêt à la triplette de cascades, Selfoss, Dettifoss et Hafragilsfoss qui descendent un canyon. Les deux premières se visitent à pied et l’accueil se fait par un grand parking. Il y a au moins 15 voitures. Ça fait une semaine que je n’en ai pas vu autant d’un coup.

  • Je trouve qu’il y a du monde. En pleine saison, ça doit être une cohue sans nom qui doit faire perde de sa magie au site. Dettifoss est la plus spectaculaire des trois cascades. Elle est large et le débit est impressionnant. Une grosse machine à laver qui fait un boucan d’enfer. Sur la plateforme d’observation, la brumisation est gratuite. Le temps vire au franchement beau et c’est trois fois la température du matin ! Je m’effeuille pour finir en tee-shirt ; 21° au plus chaud de la journée, c’était inespéré. La plus intéressante est Hafragilsfoss. Pour l’atteindre, il faut emprunter 3 kilomètres de piste. Cerise sur le gâteau, il n’y a personne. Hafragilsfoss offre une vue spectaculaire sur le canyon et la structure géologique des lieux.

  • Je coupe par la F862. Sous ce grand soleil, c’est le clou du spectacle de la journée. La piste traverse un vaste plateau entouré de montagnes. C’est vert, puissant et stupéfiant de beauté. La voiture laisse échapper un long panache de poussière derrière elle sur cette piste terreuse. Comme dans un western, j’ai l’impression de foncer à bride abattue avec ma diligence à travers le Far West. Je suis transporté dans une autre dimension. Je suis pilote de diligence. Chapeau vissé sur la tête, houppelande flottant au vent, une bride dans une main, la winchester dans l’autre, j’harangue mes chevaux avec des « hiiipiiie » et des « ya» ; mon fouet claque l’air, je suis Lucky Luke et le poney express réunis à moi tout seul. Rien ne m’arrête. Cette nature est à moi, je suis steppe, je suis rocher, terre, air et feu, l’éther c’est moi ! Je crois que je vais faire une petite pause pour laisser tomber la tension.

  • La sublime chevauchée est terminée. Un site géothermal se trouve à côté de la route. Des cheminées crachent des volutes de fumée à l’odeur sulfurée, des marmites de boue bouillonnent, le magma sous mes pieds se manifeste avec fracas comme des pets de Belzébuth. Arrivée à l’hôtel pour les deux prochains jours et explorer les activités autour du lac de Myvatn. La chambre est spacieuse avec vue sur le lac.

Section 10 // Reykjahlid (lac Myvatn) – Askja – Myvatn (F88, 910, 902, 903, 905)

DISTANCE : 357 km

DIFFICULTÉ : 2/5

Route et piste

  • L’escapade du jour vise à faire une boucle par des « F-road » vers Askja. Le temps est magnifique et l’air cristallin. La visibilité va au-delà de 100 kilomètres. Cette virée est une double jubilation. La première, le plaisir de conduire sur ces pistes aux profils et revêtements variés. La seconde, un régal pour les yeux.

  • Tout au long de la journée, les paysages se déclinent de lunaire à désertique et de volcanique austère à montagneux enneigé. Il est difficile d’étalonner ces paysages tellement ils sont hors normes et sans repère. Parfois, cela pourrait être la route vers Danang ou le sud de l’Atlas marocain. Parfois, il y a des airs de déserts. C’est un sentiment visuel déroutant. Ce qui prime avant tout, c’est l’espace. Il faut s’imaginer que la vallée est issue d’une vague de lave qui s’est écoulée jusqu’à l’océan, soit une superficie d’environ 50 kilomètres de large sur 150 kilomètres de long. Le jour où le volcan s’est déchaîné, les forces déployées furent inimaginables. La force de la nature est omniprésente. Dans la montagne, les refuges, des chalets de deux étages, sont arrimés depuis les toits par quatre haubans d’acier au sol. Des échelles permettent d’accéder au refuge directement par le premier étage si le rez-de-chaussée est entravé par la neige. Tout est surdimensionné, surpuissant. Le sentiment de solitude et de petitesse face à cette nature prime.

  • Toute la journée, ce fut un feu d’artifice, tout a été somptueux. Mais la F902, c’est l’estocade, la baston finale, une étreinte, l’uppercut, le KO assuré. Si auparavant tout est fait pour étourdir de beauté le touriste de base, avec la F902 c’est Trifouillis-Les-Oies qui joue en ligue des champions, c’est un tour sur la piste aux étoiles, une intrusion dans le domaine des cadors, un flirt dans l’hoirie des Dieux. C’est comme rentrer sur le ring pour se frotter à Tyson et McGregor en même temps. La nature te force ici à revêtir des habits d’homme humble ; elle te rappelle juste ta condition d’humain éphémère, que tu n’es qu’une poussière dans le cosmos et une misère dans le champ des étoiles. Tu ne maîtrises rien, c’est la nature qui t’invite ici.

  • Il y a deux jours, au hasard d’une discussion avec un Islandais, je lui disais que si la météo n’était pas extraordinaire, on ne pouvait rien y faire, il fallait la subir. Il m’a répondu « Le temps (météo) c’est Dieu ». Aujourd’hui, les Dieux étaient cléments, l’azur était uni, l’astre céleste au zénith, ils m’offraient un tapis d’affection pour m’autoriser à flâner sur ce bout de terre. J’étais un invité, en paix, de passage dans cet empyrée. Le retour à l’hôtel est semblable à un éveil après un beau rêve. Tout ce qui a été vu semblait confus. Une sorte d’ivresse du beau. Les photos ne restituent pas la grâce perçue. Cette beauté n’est certainement visible que par le cœur dans l’instant vécu.

Section 11 // Myvatn – Akureyri

DISTANCE : 205 km

DIFFICULTÉ : 2/5

Route et piste

  • Chaque jour offre son lot de dépaysements. Hier la force était blottie dans son écrin de beauté. La conduite était plaisante avec ses passages de gués, plus ou moins profonds. L’étape était longue et technique. J’ai dû jouer du jerrycan pour faire l’appoint d’essence car il n’y avait pas une station à 170km à la ronde. Aujourd’hui, la journée débute avec le site géothermique de Krafla. Deux choses y sont pittoresques : la caldera noyée par un lac à l’eau turquoise et l’usine qui apprivoise les borborygmes de Belzebuth pour les transformer en fée électricité. Ma route se poursuit par les pistes pour atteindre Akureyri.

  • Passage par la cascade de Godafoss. Elle est surprenante car c’est un triptyque. La première partie est une chute un peu plus basse que les deux autres. La partie centrale éjecte l’eau entre deux colonnes de roche. Le dernier volet est une cassure qui va jusqu’à la berge. Pour atteindre Akureyri, il y a deux solutions : le tunnel ou l’ancienne route. C’est 15 kilomètres de différence. Ce tunnel, à péage, de 7,5km se glisse sous la montagne. J’attends le péage pour m’acquitter de la redevance et il n’y a rien, ni au début, ni à l’arrivée. En arrivant à la station, je vois, par accident, un panneau indiquant que pour emprunter le tunnel, il faut soit avoir une vignette, soit un badge ou s’acquitter de son dû endéans 3 heures après le franchissement. Je fais le règlement en ligne. Je suis convaincu que si tu ne t’affranchis pas de la taxe, la douane ou la police, à l’embarquement, saura se rappeler à toi.

  • Akureyri est mon premier contact avec une grande ville depuis mon départ. Ici tout semble comme avant : pas de masque, tout est ouvert, même si les distributeurs de gel hydro-alcoolique ont fleuri partout. Le trafic me surprend mais rien d’effrayant. Aujourd’hui, toutes les vallées que j’emprunte sont vertes et vouées à l’agriculture. C’est la saison de l’andainage et du bottelage. Les fermiers s’activent à faire leur fourrage sous ce beau soleil. En fin de soirée, je vais m’échouer au bout de la F829 qui est fermée. Je camperai là, au fond de cette vallée, bercé par un ruisseau et baigné par la chaude lumière apaisante du soir. Un copieux plat de pâtes me rassasie et je bâtis un cairn à la mémoire de Valentine. Demain, petite journée pour rejoindre Dalvik.

Section 12 // Akureyri – Dalvik

DISTANCE : 122 km

DIFFICULTÉ : 2/5

Route et piste

  • Au réveil, du haut de ma tente de toit, la vue sur la vallée baignée par le soleil du matin est un délice pour débuter la journée. Le ciel me gratifie aussi de son plus bel azur, ce qui ajoute une touche de bonheur. La redescente vers Akureyri est ponctuée par de nombreux arrêts photos. Je trouve le paysage aux accents autrichiens. Les chevaux me semblent plus nombreux que les moutons, ce qui est atypique jusqu’à présent. Arrêt déjeuner à Akureyri, au restaurant Strikid. Le restaurant est sur le toit d’un immeuble. La terrasse surplombe la ville. Le repas sera pris à l’extérieur. Tout est très bon.

  • La route qui va vers Dalvik longe le fjord. Les montagnes encore un peu enneigées accompagnent la route. Au gré du vent, la mer fait danser de ravissants camaïeux absinthe, indigo ou aigue-marine. Détour par Hjalteyri, qui, jusque dans les années 50, était la plus importante conserverie de harengs en Europe. La structure en béton de l’édifice est encore assez imposante. Il y a sur place une espèce de musée d’art expérimental avant-gardiste et une école de plongée. Un couple vit encore là au milieu de bric et de broc. La plus ancienne bâtisse est datée de 1882. C’est aujourd’hui un petit port de pêche entouré des quelques anciennes maisons d’antan. La vue sur le fjord est imprenable.

  • Arrivée au camping de Dalvik, ce qui me change de la quiétude d’hier soir ; surtout depuis qu’un minibus de teutons a investi l’espace et décidé de s’installer à 10 mètres de moi, alors qu’il y a un espace libre grand comme un terrain de foot derrière moi ! Je vais faire ma popote et aller me coucher rapidement car demain, je prends le bateau pour l’île de Grimsey.

Section 13 // Dalvik – Grimsey – Cercle polaire – Siglufjordur

DISTANCE : 35 km

DIFFICULTÉ : 2/5

Route et ferry

  • Réveil un peu plus matinal, afin de prendre mon billet pour me rendre sur l’île de Grimsey. L’île est le seul point, en Islande, dont une partie se trouve au-delà du cercle polaire arctique. Le bureau de vente de la compagnie Samskip qui assure la traversée ouvre à 8h, et le départ est prévu à 9h pour une traversée de 3 heures. La procédure de réservation en ligne que j’avais trouvée, mélangeait l’islandais et l’anglais et me remplissait de confusion. Je préfère aller au bureau de vente à 8h plutôt que de me lancer dans une galère linguistico-numérique. 7h50 : le préposé ouvre les locaux. C’est assez rare, pour le noter, les bureaux qui ouvrent en avance. L’employé me montre l’ordinateur qui trône sur le comptoir. Il m’informe que la procédure s’effectue exclusivement en ligne. Évidemment, je bute sur les mêmes difficultés que précédemment. Le préposé me montre comment arriver à la page des réservations en islandais pour changer en anglais par la suite.

  • Déjà, là, c’est un exploit de trouver la bonne page. Les bonnes choses se méritent, je persévère. Je réserve un aller-retour et avance dans la procédure sous l’œil bienveillant de mon moniteur. Il se manifeste et m’informe que le ticket aller-retour ne débute pas à Dalvik ! Il est assez surpris, car l’étape précédente semblait correcte. Il met ses gros doigts sur le clavier, passe en islandais et rétablit la situation. Au moment d’effectuer le règlement, il m’arrête à nouveau et m’indique que le billet retour ne figure pas dans le paiement. Bis repetita, je recommence tout à zéro en islandais sous la houlette de mon mentor. Quinze minutes plus tard, les billets sont pris, que je recevrai par email, si mon iPhone retrouve de la batterie. Face au bureau de la compagnie, un énorme navire décharge sa cargaison de pêche. C’est un balai bien organisé de Clarks entre le navire, la pesée, le contrôle et l’entreposage. Cette unité fait plus de 50 mètres de long et est haute comme un immeuble de 4 étages. Sa proue est originale. Normalement, la proue forme une ligne vers la ligne flottaison en direction de la poupe du navire. Celle-ci est inversée, elle se projette vers l’avant comme un bec de macareux. Cette unité est clairement bâtie pour transpercer les vagues et faire face à des conditions de mer extrêmes.

  • La polyvalence semble être une seconde nature ; 45 minutes plus tard, mon mentor ès tickets est au volant d’un « Clark » pour charger les caisses de poissons vides pour les pêcheurs de Grimsey. La fenêtre météo est exceptionnelle et semble stable pour toute la journée. Je pense qu’il n’y a pas plus de 10 jours comme ça dans l’année. Cela fait penser aux reportages qui vous font voyager dans des endroits exceptionnels et qui bénéficient de conditions exceptionnelles. D’autant plus que, quand vous y allez, les conditions idylliques ne sont pas pour vous ! Aujourd’hui, je suis verni ! La température est de 9°, et de 5° ressentie, avec ce petit vent du nord à 30km/h. Mais sous ce beau soleil, les conditions semblent estivales. Néanmoins, chaussures et pantalon de randonnée sont de mise et la polaire chaude de rigueur.

  • Pour atteindre le cercle polaire, il faut marcher 8km (aller-retour). Avant d’entamer la randonnée, un morceau de cabillaud est avalé au seul restaurant de l’île. C’est simple et bon. Les sessions photo étirent le temps. La vue panoramique sur la côte nord de l’Islande sur 190km de large, est spectaculaire. Les cimes des monts enneigés signent l’horizon d’un trait gracieux. Le panorama est unique et édénique. Les macareux accrochés à la falaise occupent majoritairement les lieux. D’autres oiseaux ont pris possession de l’île. Un merveilleux spot pour tout amateur d’ornithologie. Je m’essaye modestement à la photo animalière avec les moyens du bord.

  • Au bout du sentier se dresse une énorme boule, perdue dans une pâture au ras de la falaise. Elle donne l’impression d’avoir dévalé la pente et de s’être arrêtée là au hasard. Il n’en est rien. Elle marque le cercle polaire en 2015. D’autres panneaux indiquent le niveau du cercle à différentes années. Comme le cercle polaire arctique se déplace chaque année d’environ 12 mètres, dans 20-30 ans, l’Islande ne fera plus partie du club des 7 pays qui auront un territoire au nord du cercle polaire. Une recherche sur internet m’indique qu’aujourd’hui le cercle est situé à la latitude de 66°33’48.421. Latitude que je trouve grâce à mon GPS à 3m près. J’apprends, par la même occasion, que la précision de la circonférence du cercle polaire est de 15 nanomètres ! J’en suis resté coi !

  • Achat de souvenirs à la boutique de l’île et embarquement. Restauration rapide à Dalvik. Il faut encore faire 38km de route pour rejoindre Siglufjordur, dont 15km de tunnel. Sur ces 15km, un tunnel a la particularité de n’avoir qu’une seule bande de circulation et pas de feux de régulation, mais des échappatoires latérales où le conducteur doit se garer en fonction du trafic à contresens. Après une journée bien remplie, cet exercice aurait pu m’être épargné. Le standing de l’hôtel Siglo tranche avec mes nuits en camping. C’est un hôtel aligné aux standards chics du vieux continent. Je ne résiste pas au plaisir de sauter dans les bains chauds à l’extérieur pour me relaxer avant de plonger dans un sommeil réparateur. La chambre est spacieuse. Le plancher en bois est superbe et donne du caractère. La vue sur la montagne et un bras du port sont une invitation à la rêverie.

Section 14 // Siglufjordur

DISTANCE : 0 km

DIFFICULTÉ : 0/5

Repos

  • Journée de relaxation à Siglufjordur. La petite ville est un très bon spot photographique. Je flâne dans les rues autour du port pour « claquer » quelques photos. Le repas de midi sera fait autour d’un plat islandais internationalement reconnu : la « Pizza ». Chose étonnante, elle est très bonne. Dégustée au bord du port, sous ce beau soleil, accompagnée de la bière de la brasserie locale, la « 67 » – c’est un agréable moment. L’après-midi est plus culturel. Je visite le musée de la photographie et le musée de la pêche au hareng à Siglufjordur.

  • Je débute mon éveil culturel par le musée de la photographie. Dans une maison cossue dans la zone industrielle, une pièce fait office de musée. Les armoires adossées aux murs contiennent pléthore d’appareils photo, dont des raretés qui me font saliver. Trône au centre de la pièce une énorme chambre photographique, d’origine suédoise, à deux objectifs (un pour la mise au point et l’autre la prise de vue). C’était le reflex avant l’heure. Le système de parallélogrammes pour synchroniser les deux lentilles est fort astucieux. Différentes photos sur l’activité de la ville autour du hareng, complètent le musée. Je note un procédé particulier, qui est mis en avant : la photo noir et blanc colorisée (repeinte) à la main pour en faire une photo en couleur. Certaines sont un peu « brutales » dans leur exécution, mais pour d’autres l’effet est bluffant, notamment les verts dans les herbes.

  • L’histoire de l’activité du hareng à Siglufjordur est présentée dans 5 maisons en enfilade sur le front du fjord. Des locaux montrent comment le hareng est découpé et mis en caques. Ils poussent aussi la chansonnette au son de l’accordéon. Quand on assemble les différentes étapes du processus – des pêcheurs, aux tonneliers, aux mécaniciens pour entretenir les machines, aux manutentionnaires et au transport – tout cela représente un microcosme sidérant. Les murs des ateliers sont ponctués de photographies d’époque. On distingue clairement les montagnes de caques de harengs sur plus de 15 niveaux (7m). J’imagine l’activité dans ces 43 maisons qui traitaient du hareng. Anecdote étonnante, l’Islande et la Norvège se sont entendues dès 1909 pour réguler la ressource du hareng et c’est en 1938 que le système a été standardisé. L’Union n’a pas vraiment innové, mais surtout hérité de bonnes pratiques.

  • À la réflexion, les photos et les éléments présentés idéalisent l’activité. Je ne peux m’empêcher d’imaginer la rudesse du travail. Le travail dans le froid et la nuit polaire. Les femmes, les mains plongées pendant des heures dans le sel et l’eau, à découper et empiler les harengs. Les pêcheurs, dans des habits de misère, brutalisés par la mer hostile. Les manutentionnaires s’éreintant le corps à charrier des caques. Siglufjordur était dénommée « le Klondike du Nord », je pense surtout qu’il y a l’étoffe d’un Germinal dans cette histoire. Si vous pensez passer un samedi soir à Siglufjordur, n’oubliez pas de réserver! Toutes les bonnes tables sont prises d’assaut. Comme le plat national était bon à midi, j’y retourne. Demain, je m’enfoncerai dans le ventre de l’île, à l’aventure, pour trois jours d’immersion dans la pampa !

Section 15 // Siglufjordur – Hveravellir

DISTANCE : 228 km

DIFFICULTÉ : 4/5

Piste

  • Je quitte Siglufjordur qui me laisse un très bon souvenir. Je décide d’emprunter le col plutôt que la route côtière pour rejoindre l’autre versant de la montagne. Tout commence par une gentille route et une piste de bonne famille. Cette route monte, normalement, au pied de la station de ski de Siglufjordur. Puis tout devient sérieusement défoncé ou déglingué. Continuer pour continuer, j’emprunte la route qui s’apparente à une piste bleue, puis bifurque sur la piste rouge. Je monte et monte. Je monte encore et me trouve bloqué par une congère. Demi-tour forcé. Finalement, j’emprunte la route côtière qui ondule entre montagne et mer. Évidemment, côté mer, le col est indiqué en bon anglais « impassable » ! Un grand lumineux avait probablement oublié de mettre le panneau de l’autre côté.

  • J’ai une admiration pour les cyclotouristes qui empruntent cette route côtière. Sur cette piste de terre balayée par un vent frais et violent, ils guerroient contre ce vent face. Avant-hier, sur une F-road, je voyais les traces zigzagantes des pneus de vélos. Témoins d’une bataille incessante, pour préserver leur équilibre, sur cette piste de terre et de sable meubles. Pour moi, les vrais héros du tourisme sont là. Petit détour par Varmahlid avant de pénétrer dans le cœur de l’Islande. J’y effectue le plein d’essence et remplit mon jerrican de 10 litres. Il n’y a pas de station sur les routes que je vais emprunter sur les 400 prochains kilomètres. Même si Justine a un petit appétit, son réservoir est très limité. Je suis aussi très pointilleux sur l’aspect autonomie de carburant – l’expérience !

  • J’entame ma descente par la F756. C’est une splendide vallée verte, bien esseulée. La route se faufile entre deux montagnes pour atteindre une passe étroite. La descente jusqu’à la prochaine jonction est bien pentue et nécessite un peu d’application. La route s’enfonce sur un plateau herbeux, puis rocailleux. Les kilomètres n’en finissent pas. J’ai l’impression qu’il y a une promotion spéciale : pour 3 kilomètres parcourus, le 4ème est gratuit et le 5ème offert. Sur cette piste de terre, la voiture soulève une abondante poussière qui pénètre partout. Ce n’est pas « Iceland », c’est « Dustland » ! Je ruine l’intérieur de la voiture ; il y a de la poussière ultrafine partout, un désastre !

  • La fin de la F734 pour rejoindre la 35 est un moment de bravoure. Parfois, la piste se confond avec le paysage. Il est très difficile de déterminer si on a dévié de la piste ou pas. Par temps de brouillard ou de nuit, cette piste doit être un cauchemar. Même un GPS affûté ne vous indiquera pas les cailloux ! Les passages de gués sont aussi intéressants, car il est difficile de déterminer la sortie sur l’autre berge. Il faut faire une halte sur un îlot central, et, à l’estime apprécier la meilleure sortie en fonction des traces précédentes visibles ou pas. Une fois ces joyeusetés avalées, il reste à affronter l’état de la piste sur les derniers kilomètres. Cela nécessite de piocher dans votre pilotage le plus onctueux et précis pour éviter trous, pierres, saignées …

  • Je passe la nuit au camping de Hveravellir qui est calé entre deux glaciers. Le Langjokull, situé à l’ouest et le Hofsjokull, à l’est. Sur ce plateau, un vent frais et violent s’est levé. Je décide de manger un morceau au refuge. Je n’ai pas le courage de sortir la popote ce soir. L’album photo de l’hôtel démontre que le vent, ici, peut être violent. Il a renversé, un tracteur cabine de taille moyenne, utilisé par le site. Le lieu est singulier. Sur un versant qui borde le camping se trouvent des marmites bouillonnantes à 80°; des pustules fumantes, en forme de petits volcans, des roches calcifiées – c’est visuel, sonore et olfactif. La géothermie fait son show ! L’option barbotage dans le « hotspot » sous ce vent frisquet n’est pas à mon menu de ce soir. Retour à ma tente de toit où le vent a encore forci. De nouveaux campeurs ou exploreurs ont rejoint l’endroit et certains se sont largement lâchés sur la préparation des véhicules.

Section 16 //Hveravellir – Reykholt

DISTANCE : 233 km

DIFFICULTÉ : 4/5

Piste

  • Le matin est frais et le vent toujours bien présent sur ce plateau montagneux. Le café sera pris au refuge avec une petite gaufre. L’idée d’aller faire trempette dans les sources chaudes est abandonnée. Je m’enfonce dans le sud pour contourner la pointe du glacier et remonter vers le nord. Quelques voitures empruntent la 35. J’en double une et me trouve derrière une voiture de police qui patrouillait au milieu de nulle part. La rencontre est assez cocasse. Je m’arrête pour faire des photos, et les laisser prendre un peu le large. Ils pourraient avoir des idées de contrôler une voiture luxembourgeoise pour égayer leur matinée. Évidemment, le policier lambine et fait comme le touriste : il profite du spectacle. Je reviens dans leurs traces, mais remarque qu’ils semblent s’être arrêtés.

  • Une mission urgente doit sûrement être exécutée. Je retiens mon souffle, le suspense est insoutenable. Le conducteur jaillit de la voiture avec sa dotation réglementaire complète : gilet par balle, veste fluo, menottes, 9mm à la ceinture. Le nœud de l’action va se dénouer devant moi. Il va redresser un panneau qui était un peu de guingois. J’ignorais que les panneaux de signalisation, au milieu d’un désert de cailloux, pouvaient être dangereux. Moi, j’aurais mis en joue le panneau avant de le redresser ou de lui adresser des sommations d’usage au minimum. On n’est jamais assez prudent ! Arrêt aux chutes de Gullfoss qui sont impressionnantes par leur débit. Toutes ces chutes d’eau ont chacune leur personnalité. Ce n’est pas simplement de l’eau qui dévale le long d’une dépression. Il y a quelque chose en plus, une âme particulière qui les distingue toutes.

  • Sur le parking de Gullfoss est garée la cousine de Justine, même modèle et même couleur. C’est la première fois que j’en vois une en bleu comme la mienne. Le propriétaire, islandais, vient engager la conversation. Il est amusé par la situation. Deux voitures fabriquées dans la même usine, de la même couleur, aux destins différents, se retrouvent là en Islande. C’est étonnant. Nous échangeons sur les routes que j’ai parcourues et leur état. Nous parlons profondeur des gués dans l’ouest, poussière et beauté des paysages. La discussion est bon enfant. Nous sommes tous les deux assez fiers de nos montures.Et comme on disait dans la cavalerie : « A nos femmes, à nos chevaux et ceux qui les montent ».

  • J’emprunte la F338 qui vient juste d’ouvrir. Elle évite un détour par le sud et c’est une F-road. La piste a la particularité de suivre la ligne haute tension ou l’inverse. Le glacier situé au nord abandonne son eau de couleur turquoise légèrement laiteuse. Ce turquoise offre une touche surréaliste et explose comme un bijou dans cet univers caillouteux. Plus loin, l’univers est lunaire. Les bancs de sable noir alternent avec les passages terreux. Une fois la pierraille franchie, c’est un sol martien qui m’accueille. Le paysage est très déroutant. La F550 se termine dans une vallée traversée par une immense coulée de lave. Je devrais y trouver une station et mon camping pour la nuit. Une station-service devrait se situer à 2km. Vu qu’il n’y a rien autour de moi, je suis frappé d’un gros doute. Je viens de faire 420km hors route avec mon plein et il ne me reste plus que mon jerrican comme réserve. La situation peut devenir rapidement tendue.

  • Cachée derrière une haie, se trouve une pompe. Le camping n’est pas loin. Je cherche une place, et note qu’il y a beaucoup de mouchettes. J’essaye un autre endroit et c’est pire. Ces mouchettes ne piquent pas, sont inoffensives, mais très agaçantes. Elles restent sur la peau et ne déguerpissent pas quand on s’agite. Ce n’est pas un caprice de citadin heurté dans son confort aseptisé, mais c’est inconfortable de rester dehors. Je n’ai pas d’envie de me laisser taquiner par ces bestioles et souhaite prendre mon repas installé confortablement au calme. Comme je n’ai pas de voilette pour me protéger, je lève le camp. Ma quête pour trouver un autre camping est sans succès. Le camping sauvage risque d’apporter les mêmes inconvénients. Je me rabats vers un hôtel dans les environs. L’hôtel est situé dans une zone géothermale et je profiterai des bains chauds situés dans le jardin. Ce qui a été esquivé le matin a été fait le soir, la boucle et bouclée.

  • Pour continuer à suivre les aventures de Bruno en Islande, je te donne rendez-vous à la partie 2 de ce voyage en suivant ce lien : l’Islande partie 2.

LES PLUS BEAUX SPOTS DE BRUNO DE SÉRÉ

BON À SAVOIR

  • Les villes, les routes autour de Reykjavik, les grands axes et la N1 qui fait le tour du pays sont goudronnés. Les routes goudronnées représentent environ 30% du réseau routier. Le reste est majoritairement des pistes bien damées. Le reste du réseau sont des F-Roads, à savoir des routes accessibles uniquement au 4×4 (cela exclut les SUV et les tractions intégrales).

  • Personnellement, j’estime que le véhicule le plus adapté pour visiter l’Islande est un 4×4. Pour avoir discuté avec des Islandais, il était évident, pour eux, que s’aventurer en dehors du réseau asphalté impliquait l’utilisation d’un vrai 4×4, avec des vitesses courtes et des pneumatiques adaptés.

  • En cas de location, il faut être particulièrement vigilant aux conditions du contrat, car les dégâts causés au châssis ne sont pas toujours couverts ou il n’est pas autorisé d’emprunter les F-Roads.

  • Si vous partez avec votre véhicule personnel, quatre aspects doivent faire l’objet d’une attention particulière

  • Les pneumatiques : personnellement, j’ai monté sur mon véhicule des BF Goodrich KO2 qui se sont révélés parfaits pour la situation. Le garagiste où je suis passé pense que les Toyo AT sont un peu supérieurs, car la gomme est plus tendre que sur les Goodrich. Dans tous les cas, un jeu de pneus à flancs renforcés et hauts, type « gravel » est l’idéal.

  • Tout ce qui est taille basse est à proscrire. Un pneu off-road avec des profondes sculptures n’est pas nécessaire. Une seule, vraie, roue de secours paraît suffisante. Si vous avez une roue galette ou un kit de réparation, une roue complète de secours semble être une approche plus responsable. Avant le départ, vérifier l’état de la roue de secours n’est pas une tâche superflue. Il n’est pas rare de voir un véhicule garé sur le bord de la piste, en attente de la réparation d’une crevaison.

  • Les suspensions sont mises à rude épreuve. J’ai monté un kit EMU (Bilstein) afin de supporter la surcharge procurée par la tente de toit. Je pense que des ressorts plus durs auraient été un choix optimum. Il y a quelques pistes en « tôle ondulée » (les vaches aussi!) assez destructrices. On trouve aussi des pistes bien sautillantes qui font apprécier une suspension renforcée.

  • Le filtre à air : la poussière soulevée sur les pistes est abondante. Souvent fine comme du sucre glace, elle s’infiltre partout. Le schnorkel n’est pas nécessaire pour faire le sous-marin dans les gués, mais permet surtout d’améliorer la filtration de l’air pour le moteur. Mon filtre à air était neuf au départ. Quand je l’ai remplacé au retour, c’était une ruine gavée de poussière et de crasse. Le montage d’un schnorkel n’aurait pas été superflu.

  • Le carburant : il n’y a pas de problème de ravitaillement à proprement parler. Toutefois, les routes de jonctions entre le nord et le sud par le centre (F-910 et F-26) ou (F-35) présentent la particularité de ne pas avoir de station sur environ 200 km. C’est la panne la plus classique reportée par les dépanneurs et elle est inexcusable.

  • Embarquer un jerrycan d’appoint est une attitude prudente. Si votre réservoir est rikiki comme sur mon véhicule (35 litres), cela devient obligatoire. Trois fois durant mon séjour, j’ai dû faire le complément d’essence de 10 litres pour atteindre la station-service suivante. Pour voyager sereinement, il faut une autonomie minimale de 450km, sur base de la consommation du véhicule sur piste.

  • A moto ou en auto, il est fréquent d’entendre, parmi les voyageurs, des problèmes mécaniques. Une pièce dévissée, une crevaison, un support qui a cédé, une casse … Souvent, il ne s’agit de rien de grave, mais il faut s’y préparer.

  • Personnellement, j’ai cassé sur un véhicule neuf au départ : un axe de suspension que j’avais pourtant remplacé pour un modèle renforcé, un support de plaque mal monté, qui se détachait et une vis de fixation du pare-chocs arrière qui a décidé de rester en Islande ! La bonne pratique est de faire une vérification régulière du véhicule.

  • L’off-road est interdit et complétement prohibé dans les parcs nationaux – les rangers veillent. Les ardeurs d’off-road sont largement compensées par la fantaisie proposée par les pistes les plus tourmentées. Cela suffit pour apprécier les qualités de votre 4×4 et la finesse de votre pilotage.

  • L’Islande ne présente pas de difficulté de navigation. Il est impossible de se perdre mais un GPS avec une cartographie à jour est indispensable. Il faut néanmoins être vigilant, notamment au temps de roulage. Sur les F-Roads, il ne faut pas se faire surprendre par la nuit.

  • En outre, en altitude, si le brouillard, la tempête de sable ou la poussière se lèvent, la perception du relief et du bord de piste vont sérieusement compliquer la tâche. Personnellement, avec des arrêts photographiques, j’ai observé une moyenne de 32km/h. C’est une valeur de référence raisonnable pour estimer son temps de parcours.

  • Je n’ai pas noté de difficulté particulière de conduite. Les bonnes pratiques permettent d’appréhender toutes les difficultés sans risque. La partie où il est difficile de s’entraîner au préalable est le franchissement des gués. Il faut aussi être raisonnable et ne pas surestimer ses capacités. Comme le dit l’adage, en pilotage, « En cas de doute, ne le faites pas !».

  • À l’abord d’un gué, quand les panneaux indiquent qu’il faut longer des poteaux ou une corde, il faut effectivement les raser au plus près, car c’est la trajectoire optimale. Les premiers gués sont toujours un peu impressionnants, mais après un peu de pratique, c’est facile. J’ai trouvé que la technique du coulé en douceur, en première courte, et du « down-stream » et « up stream » est très efficace et rassurante surtout dans les cours d’eau les plus remuants

  • Un autre aspect important est de respecter les consignes sur les F-Roads. Quand les panneaux indiquent « impassable », c’est bien exact. De même que si c’est indiqué interdit aux 2 roues, c’est aussi justifié. Cela évite de rouler longtemps et de devoir faire demi-tour.

  • Le spectacle de touristes, embarqués avec des véhicules inadéquats, en panique devant un gué ou une piste cassante est récurent. De même, qu’un comportement téméraire dans les gués ou sur piste conduit chaque année à des drames – dixit les rangers

  • Dans le centre, et sur les F-roads les plus retranchées, il faut s’y engager avec la certitude de pouvoir y bivouaquer en cas d’avarie. Il n’y a pas toujours de couverture téléphonique (GSM) et les patrouilles des rangers peuvent être espacées dans la journée. Pour cela, j’ai acquis un GPS avec une fonction de message de secours par satellite en cas de sérieux problème.

  • Prévoir un équipement pour se protéger du froid et de la pluie, avoir à boire et à manger doivent être anticipés avant de prendre la route. Pour le pilote, seul ou en groupe, il faut apprécier la capacité de résilience des passagers en cas de problème. Si à la mise en sécurité et à la gestion d’un problème s’ajoute une gestion de crise, la situation peut devenir rapidement compliquée. L’expérience de mon problème d’amortisseur en est la parfaite illustration : être bien préparé permet de gérer sereinement ce type de situation.

  • Pour les motards gourmands, qui souhaitent faire des « f-roads », partez à deux minimum, notamment pour traverser les gués. Préparez votre moto en conséquence et travaillez votre condition physique. Emportez les pièces (sélecteurs, visseries …). Certaines marques, comme Triumph, ne sont pas distribuées en Islande. Pour les pneumatiques, les Anakee Wild, TKC80, Metzeler Karoo semblent les montages les plus utilisés et bien adaptés.

  • Pour les vêtements, habillez-vous comme en automne et n’oubliez pas le nécessaire contre la pluie, avec la possibilité de s’effeuiller le cas échéant. Roulez dans le « core time » afin d’avoir de l’assistance en cas de difficulté. La solidarité entre usagers est une réalité sur les F-Roads.

  • Pour les photos, certains paysages sont à couper le souffle et méritent parfois d’être tirés sur papier et encadrés. Le smartphone est un outil pratique, mais il ne faudrait pas avoir à regretter par la suite de manquer de qualité pour faire un beau tirage. Il me semble que l’utilisation d’un appareil reflex permet d’assurer la pérennité des souvenirs du voyage.

  • Personnellement, j’ai pris deux appareils : l’un monté avec un 18mm et l’autre avec un 85mm. J’ai trouvé cette combinaison idéale. Si je devais prendre une seule optique, j’opterais pour un 28mm. Le grand angle est la focale que j’ai le plus utilisé. Pour les amateurs de photo animalière, un 200mm ou 300mm avec ou sans doubleur de focale permettra de tout faire.

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