Leatherman VS Victorinox : Couteaux multi-outils de première nécessité

D’abord nous ne parlons pas ici d’un simple couteau EDC (EveryDayCarry). C’est à la fois un peu moins qu’un couteau mais un peu plus qu’une simple lame. La principale différence ? La pince, mon seigneur !

Faisons un petit peu d’histoire. Le Leatherman est apparu dans les années 80. Tim Leatherman revenait d’un voyage en Europe. Il avait un couteau suisse mais un jour, alors que sa voiture était en panne, il lui manquait une pince pour la réparer correctement. C’est la naissance du Leatherman. Une success story, qui va faire de la marque un nom générique pour désigner l’objet, comme Kleenex ou Sopalin. 

En face, Victorinox n’est pas une obscure marque. Les suisses fabriquent des couteaux depuis 1884, et sont connus pour fabriquer les Swiss army knives, les célèbres … couteaux suisses. Ces derniers, rendus populaires par MacGyver. Pourtant, « Mac » aurait certainement préféré utiliser un multitool, moins discret dans la poche du jean moulant mais plus robuste et capable de tâches plus importantes.

Chez les motards, l’équipement n’est de toute façon pas discret. Mais la place est comptée sur la moto et chaque gramme pèse. Alors pourquoi s’encombrer d’un couteau outil multifonctions quand on part en road trip ? 

Il s’agit d’un outil de première nécessité. Le truc que vous dégainez pour bricoler rapidement. L’idée, c’est d’avoir sous la main une pince, un couteau ou un tournevis, sans avoir à chercher.

Facile à transporter sous la selle, dans une poche de veste ou de préférence dans son étui attaché à la ceinture, il se dégaine pour travailler sur la moto : faire un petit réglage, dénuder une gaine, couper et remettre un câble, limer, revisser, détordre une pédale de frein, retirer un clou dans un pneu, etc. Il est la première réponse à l’imprévu. 

Il peut aussi servir le soir en bivouac pour bricoler un appareil électronique (GPS, ordi), faire un branchement, couper et tailler une branche et surtout décapsuler une bière.

Un couteau est une arme de catégorie D, donc il est interdit d’en porter un sur soi en France, sans motif légitime. Voici ce que dit le texte de loi « En cas de contrôle de sécurité (vérification d’un sac, d’un véhicule….), vous devez être en mesure de fournir un motif légitime. Pour déterminer si vous avez une raison valable de porter ou transporter une arme, les forces de l’ordre, ou le juge en cas de litige, tiennent compte du lieu, des circonstances et du contexte. L’examen du motif légitime se fait « au cas par cas». 

En cas de contrôle de vos affaires (douane, police), un couteau outil multifonctions sera ainsi plus facilement toléré. Moins “guerrier” qu’un couteau EDC, le Victorinox et le Leatherman, ressemblent à de simples outils quand ils sont repliés. L’effet psychologique, ça compte.

À 199 euros pour le Victorinox et 249 euros pour le Leatherman, nous avons cassé la tirelire et sélectionné les modèles haut-de-gamme. Principalement parce qu’ils sont les plus complets et les plus compacts. 

Le Leatherman Charge Plus G10 Orange, est en acier inoxydable, pèse 225g et mesure 102mm de longueur quand il est fermé. Il possède 19 outils, dont 2 couteaux (avec une lame de 7,2cm) et 2 scies accessibles de l’extérieur. 

C’est le couteau de Lolo. Il l’a choisi en orange parce qu’il en a marre d’en perdre un à chaque voyage. Du coup, la couleur vive le rend plus facile à le retrouver sur le sable, dans la boue, dans la neige, ou au fond du sac ou d’un lac.

Il est garanti 25 ans, le SAV procède à un échange en cas de pépin. Si vous voulez conserver votre couteau et le faire réparer, il est envoyé dans l’Oregon mais cela prendra plusieurs mois.

Le Victorinox SwissTool Spirit XBS est tout aussi compact. 105mm de longueur et 16mm de haut, 208g et 25 outils, tous accessibles de l’extérieur. Il n’y a qu’un couteau, avec une lame plus petite de 6cm.

Le choix de l’acier noirci, ce n’est pas simplement de la coquetterie, cela le rend plus résistant à la corrosion. Garanti à vie dès l’achat, lui aussi est échangé rapidement en cas de défaillance. 

Le Leatherman Charge Plus, reste un peu épais à tenir en main mais il se manipule avec aisance. Les bords sont légèrement saillants dans la main, notamment les lames qui dépassent du bord extérieur quand l’outil est replié. C’est plus rond quand ou le déploie pour utiliser la pince, parfait pour utiliser celle-ci avec force.

Ce modèle possède un grip supplémentaire, qui rend l’objet plus agréable à avoir en main et surtout le rend moins glissant que le métal nu. 

De son côté, le Victorinox est plus fin et plus doux à tenir en main. Les bords sont bien arrondis pour ne pas faire mal. Chaque élément est parfaitement intégré.

Quand on déplie la pince, les branches tiennent bien en main et le couteau ne glisse pas. 

Les deux outils se déploient d’une main, le mécanisme va devenir plus fluide avec le temps. Les couteaux sont faciles à attraper sur le Leatherman, même en gardant les gants. Mais pour avoir accès au reste des outils, il faut ouvrir la pince. De son côté, le Victorinox demande un peu de pratique, il faudra obligatoirement enlever les gants. Mais tous les outils sont à l’extérieur, c’est une manipulation en moins dans un moment de stress ou de fatigue. 

Au final, le Leatherman Charge Plus est plus instinctif à utiliser, les outils sont plus faciles à trouver à l’image du bouton pour déverrouiller et replier les outils. Le Swisstool Spirit (Victorinox) est agréable à tenir,  il a une légère courbure qui lui donne une bonne ergonomie. Par contre, il faudra apprendre l’emplacement de chaque éléments avec le temps. Peut-être que la couleur noire n’aide pas à bien les repérer.

25 outils pour le Victorinox, seulement 19 pour le Leatherman mais vous ne manquerez de rien !

La pince, le couteau, le tournevis, le décapsuleur pour l’apéro et les petits ciseaux, sont les outils les plus utilisés sur ces multitool. Ils sont aussi communs aux deux modèles. 

Le Leatherman Charge Plus possède 2 couteaux : une lame (S30V) et un couteau cranté avec un crochet coupe-sangle très pratique. 

La lime à métaux est plus fine, le décapsuleur est pointu, il y a une règle millimétrée à l’intérieur des bras. Surtout, il possède 2 tournevis, un cruciforme et un petit tournevis fin pour travailler sur de l’électronique ou des petits appareils électriques. L’avantage, c’est que vous pouvez changer les têtes de ces tournevis, en fonction de ce dont vous aurez besoin. La plaquette, livrée avec, a un emplacement prévu dans l’étui et vous ne risquez pas de la perdre (tant que vous ne la laissez pas trainer).

Côté Victorinox SwissTool Spirit XBS, vous n’avez qu’un seul couteau (Black Oxide MIL-C-13924), d’allure plus humble que la lame américaine, ce couteau est efficace et bien tranchant. Pour le tournevis, il n’y a qu’un cruciforme, que vous ne pouvez pas changer. Le décapsuleur plus imposant que son concurrent, peut faire office de tournevis plat et de levier. Il y a aussi une petite lame aiguisée qui permet de dénuder des fils, ou enlever des gaines sur de petits câbles. Vous pouvez toujours rajouter en option des outils comme un tire-bouchon (toujours pratique en fin de journée).

Pour la pièce maîtresse, c’est à dire la pince, elle est très similaire sur les deux. Mais le Charge Plus propose des lames amovibles pour la pince coupante, ce qui permet de les changer facilement une fois qu’elles sont émoussées. La pince coupante du Swisstool est bien plus petite et pas toujours évidente à utiliser. 

Si vous n’en avez pas assez, vous pouvez acheter un kit avec des embouts et porte-embouts supplémentaires. Chez Leatherman, ils peuvent se fixer sur l’outil directement ou passer par un porte-embout. Chez Victorinox, il est indépendant, et se présente sous la forme d’un cliquet (en L). 

Mais à la rédaction, nous avons renoncé à ces plaquettes d’embouts. Cela fait des petits éléments en plus à transporter, à ranger, et donc à perdre. L’idée c’est d’avoir un outil prêt à être dégainé. Si vous avez besoin de plus que ce qu’il y a sur le Leatherman, c’est qu’il faut sortir la trousse-outil. 

Au final, c’est presque une affaire de goût tant les deux produits sont très proches. Même encombrement, même poids, mêmes fonctions. C’est la prise en main qui va dicter votre choix et la présence de certains outils que vous recherchez spécifiquement. 

Le Leatherman semble plus adapté à un usage moto mais il va demander plus d’entretien : resserrer les pivots, graisser les mécanismes. Il est aussi réputé un peu sensible à la corrosion, en tout cas sur les précédentes générations. 

Le Victorinox est un produit un peu mieux fini, bien assemblé et plus élégant pour gentleman baroudeur. Il résistera mieux à une utilisation intensive. Le traitement spécial du métal (gardé secret à l’usine en Suisse) le protège mieux de la corrosion. Par contre, il est plus difficile à aiguiser, si tant est que vous parveniez à émousser les lames. 

Avec ces deux là, vous ne pouvez pas vous tromper. Mais si votre budget est plus contraint, vous pouvez trouver des modèles moins chers dans leurs gammes, qui feront très bien le boulot : Leatherman Skeletool ou Victorinox Swiss Tool X.

Par contre, méfiez-vous du chant des sirènes venant d’obscures marques aux prix très alléchants. Ce sont des produits peu fiables et peu robustes. À la rigueur, il y a deux alternatives viables à Leatherman et Victorinox : SOG et Gerber. Plus gros, moins bien finis mais capables de remplir le même genre de fonction.