Vous êtes prêts pour une petite aventure à moto. Mais lors de la dernière vérification du sac, vous découvrez que votre trousse à outil n’existe pas, ou qu’il manque la moitié des outils. Heureusement, j’ai fait le sale boulot pour vous et j’ai préparé une check-list avec quelques conseils à suivre pour constituer un bon kit.

Si vous êtes un baroudeur endurci, un gros rouleur ou un Lolo qui s’ennui le soir dans sa chambre d’hôtel, vous pourrez lire cet article pour vous rafraîchir la mémoire et peut-être y trouver des astuces.

Avant-Propos : conseils évidents (mais quand même)

Commençons par une règle de base : si tu ne sais pas à quoi sert un outil, c’est que tu n’en as pas besoin. Il n’y aura pas une illumination au moment de la panne. Il faut juste reconnaitre ses limites de mécaniciens et ne pas emporter des outils dont vous ne saurez pas  quoi faire, juste parce que ça vous rassure d’avoir un garage avec vous. En plus, le poids inutile vous fatiguera et vous poussera à la faute, donc à casser, donc à réparer, donc à pas savoir quoi faire, bref, un cercle vertueux.

Si vous n’aimez pas bricoler, mieux vaut avoir un téléphone avec de la batterie, une CB et du cash. Pas la peine de s’embêter à faire semblant.

Ne confondez pas trousse/kit outil avec votre garage mobile. L’idée, c’est de bricoler au bord de la route pour repartir vite, pas de faire une révision complète dans le confort de l’atelier.

Ensuite, privilégiez une trousse compacte et pratique à transporter. La place est limitée sur une moto. N’hésitez pas à changer de trousse, à prendre une trousse d’écolier par exemple. Si vous aimez les trousses qui se déroulent façons instruments de torture, prenez soin de vérifier que les éléments sont bien attachés à l’intérieur pour ne pas les perdre.

Niveau 0 : bienvenue dans votre garage

D’abord, vous avez forcément une trousse à outil. Même si c’est celle qui est fournie par le constructeur et cachée sous la selle. Sinon, préparez-vous à faire une liste de courses.

Sortez là et faites une « mise à plat », en étalant parterre et devant vous les outils, pour bien visualiser le contenu. Ce sera votre base. Mais sachez que s’il s’agit des outils fournis avec la moto, ils sont vraiment basiques et souvent de qualité médiocre. Mieux vaut investir dès maintenant dans un kit de qualité, plutôt que de racheter 3 fois des outils de m**des.

Les éléments de base

Les outils de base vous serviront pour régler la moto, comme le levier de vitesse, régler le kit chaine, la précharge de la suspension, les reposes-pied, les fixations d’échappement et de plaque. 

Pour définir les éléments dont vous avez besoin, vérifiez les tailles des outils en fonction des boulons et de la visserie de votre machine. À chaque moto, ses outils spécifiques. Une BMW, n’utilise pas les mêmes vis qu’une Honda. Vérifiez s’il vous faut une clé spécifique, un tournevis en étoile, un torx (BMW et KTM) ou autre.

  • Des clés plates (en général de taille 9 à 19)

  • La bonne clé à douille (et les douilles qui vont avec, sinon ça ne sert à rien)

  • Le bon tournevis (pour régler le guidon par exemple)

  • Un jeu de clé Allen. Pas la peine de prendre toutes les tailles. (4-5-6 généralement)

  • Un cutter/couteau

Niveau 0.2 : soyez malin comme MacGyver

Vous connaissez le tropisme de Lolo pour le moins de poids possible. Alors évitez de prendre des outils en double, cela ne sert à rien à part vous lester.

Un bon moyen d’éviter les redondances, c’est d’avoir un couteau-outil. Leatherman, Victorinox ou autres, je vous en ai parlé dans un comparatif matos précédent que vous pouvez (re)lire. Ils sont très utiles, car ils cumulent plusieurs fonctions à la fois. Surtout, ils servent aux premières interventions mécaniques sans avoir à sortir son kit du sac.

MacGyver avait toujours son couteau suisse sur lui. Il avait aussi toujours du gaffeur et faisait des choses incroyables avec ! Gaffeur/Duct tape/Scotch américain, peu importe son nom, il servira à rapidement recoller, ressouder (à l’arrache), fixer, protéger, bref réparer en urgence quasiment n’importe quoi sur la moto. C’est magique ! Enfin, jusqu’à une certaine limite.

Petite astuce pour le gaffeur, enroulez-en un peu partout : sur les clés plates, sur un manche, autour de 2 piles, etc. Bref, faites des petits rouleaux accessibles et disponibles sans chercher le gros rouleau.

  • Un couteau-outil à avoir sur soi

  • Du gaffeur à disperser un peu partout

Niveau 1 : améliorer son kit

 On rentre dans le vif du sujet avec des éléments plus précis. Quelques petites astuces qui vous dépannerons bien, sans avoir des notions de mécaniques très évoluées.

D’abord, une pince-étau. Sans avoir la même force, elle fera office d’étau d’établi de voyage. Pratique pour serrer et garder verrouillé. Elle peu même dépanner quelques kilomètres si vous pétez un levier.

Ensuite, des colliers de serrage (moi j’appelle ça des serre-flex), pour maintenir et sécuriser un élément sur la moto. Il faut en prendre de différentes tailles. Pas la peine d’en avoir des paquets de 100 !

Enfin, une sangle pour tracter et se faire tracter en cas de panne et si vous n’arrivez pas à redémarrer ou à sortir d’un trou.

Et n’oubliez pas d’avoir une petite lampe frontale ou une flashlight qui tient dans la bouche. La nuit tombe toujours plus vite qu’on le pense. Lolo aime bien avoir une frontale LED à faisceau large, qui éclairent bien mieux le plan de travail improvisé. Elle pourra même servir à remplacer temporairement un phare avant pété, en l’attachant sur le casque.

  • Une pince-étau

  • Serre-flex/Colliers de serrage (de différentes tailles)

  • Une lampe frontale/flashlight

  • Une sangle

Niveau 2 : organisé comme un Lolo

Quand j’ai demandé à Lolo son kit outil, il m’a tout de suite parlé de son organisation. Maniaque un peu le type. Mais il à raison. 

Il divise son kit en 3 trousses : crevaisons, électrique et les outils.  La séparation des éléments à plusieurs avantages : les trouver plus vite, mieux les protéger des chocs, ne pas avoir à tout sortir d’un coup et en perdre la moitié en rangeant. Enfin, éviter de tout pourrir de boue ou de poussière dès la première intervention. 

D’ailleurs oui, il faut tout protéger contre les intempéries, « tu serais étonné à quelle vitesse tout devient crade dans un voyage », me dit un peu traumatisé Lolo. Pensez à avoir des sacs plastiques zippés par exemple.

Niveau 2.1 : la trousse électrique

  • Fusibles

  • Scotch d’électricien

  • Du fil électrique

  • Des bougies d’allumage (bien les isoler de l’humidité dans le sac)

  • Ampoules pour les phares (si vous avez un vieux tromblon qui n’a pas de LED)

Niveau 2.2 : la trousse anti-crevaison

  • Une chambre à air. Prenez une taille qui rentre dans les 2 pneus. Si vous avez des roues de 18 et 21 pouces, prenez du 19.

  • Rustine

  • Mèches et outils pour mécher

  • Du liquide vaisselle pour faciliter le remontage de pneu.

Niveau 2.3 : les outils de Lolo

Oui, il a accepté de nous dévoiler sa partie la plus intime : son kit outil ! Voici ce qu’il y a dedans, en plus des outils de base précédemment mentionnés

  • Clé anglaise

  • Clé à cliquet

  • Douilles pour de différentes tailles, y compris pour changer la roue !

  • Tournevis avec embouts interchangeables

  • Pince

  • Pince coupante

  • Pince plate

  • Démontes pneu (ce qui lance le débat sur les jantes tubeless)

  • Scie à métaux

  • Pâte epoxy : qui est une pâte à réparer (les pros disent soudure froide), souvent un bicomposant, utilisé pour le métal. On en reparlera bientôt

Niveau 3 : je sais ce que je fais !

Là on rentre dans un niveau de maîtrise de la mécanique qui signifie que vous ne sortez quasiment jamais de votre garage. Pour vous, le bonheur, c’est démonter un moteur. Alors, voici ce que vous ne devez pas oublier.

  • Des embouts : universel, à 6 pans sur système 1/4

  • Des durites de rechange

  • Du silicone haute température

  • Du frein filet pour maintenir bien serré les vis et boulons.

  • Dégrippant

  • Des rallonges pour les outils, afin d’atteindre les endroits difficiles d’accès. Et sur une moto il y en a plein !

  • De la graisse

  • Un torchon pour nettoyer

  • Le petit truc de Lolo : la béquille amovible pour relever la moto.

Niveau 4 : je suis un Momo !

Vous êtes donc ingénieur en mécanique, capable de reconstruire votre moto les yeux fermés. Qu’il soit Baratin ou Govignon, le Momo parviendra presque toujours à faire repartir sa moto. On fera un sujet dédié en rendant visite à l’un des deux pour lui poser pleins de questions et apprendre à devenir un pro de la mécanique de brousse.

D’ailleurs, n’hésitez pas à relire les aventures de Momo Govignon au GP Cameroun, où le système D, a été poussé à un extrême sans précédent. Ceux qui aiment l’ordre et la discipline, vous pouvez revoir la vidéo de la préparation pour le Dakar de Momo Baratin, la vidéo fait même un tour dans sa malle moto, et c’est très coquin !

  • Une petite masse pour taper son collègue ou redresser un truc.

  • Clé à pipe

  • Clé à molette

  • Clé de serrage pour les rayons de la roue

  • De quoi bricoler la chaine : séparateur, riveteuse, maillons.

  • Joints de vidange pour chaque bouchon de vidange

  • Filtres à air (dans un sac plastique bien protégé et des gants latex pour les manipuler)

  • Câble avec serre câble

  • Disque d’embrayage

  • Faisceau et doublage électrique (Stator, bobine, etc.)

  • Filtre essence (dans un sac plastique bien protégé)

  • Pignons, rondelles, boulons de sortie de boite

  • Multimètre de mesure de tension

  • Fusée de détresse pour que maman te retrouve.

Voilà avec tout ça, 2 solutions : soit vous êtes prêts à partir à l’aventure, en ne craignant plus rien. Soit, je vous ai définitivement dégouté de faire de la moto plus de 2 heures.

Aidez-moi à enrichir et affiner cette check-list en partageant la vôtre dans les commentaires !

Cet article a été écrit par Julien Muntzer: “Journaliste depuis 2010, j’ai d’abord été reporter pour France24 et TV5Monde avec beaucoup de voyages en Afrique. Mais comme je suis un peu farfelu et surtout obsédé par la moto depuis gosse, j’ai décidé de remonter en selle à la trentaine. La moto, c’est le fil rouge idéal pour vivre et raconter de belles histoires, en en prenant plein la gueule”.

Par |Publié le : 10 avril 2022|4 Commentaires|

Partager cet article

4 Commentaires

  1. Damien 11 décembre 2023 à 15h18-Répondre

    Salut ! Petites astuces à la con :
    le scotch tressé je l’enroule autour d’une vieille carte type téléphonique. Ca prend moins de place si y’a pas besoin du rouleau complet.
    Et sous la tente, dérouler 1 couverture de survie ou 2 ça fait sa différence.

  2. marty 19 août 2022 à 11h17-Répondre

    Bonjour,
    merci pour les conseils !
    Concernant le conseil sur la chambre à air “Prenez une taille qui rentre dans les 2 pneus. Si vous avez des roues de 18 et 21 pouces, prenez du 19.”
    Pour la ténéré 700, c’est du 90/90 21 à l’avant et du 150/70 18 à l’arrière.
    Je pars donc sur une chambre à air de 19″ MAIS pour la largeur, vous avez un conseil svp ? Entre les deux (90 et 150) ou plutôt se rapprocher de la plus grande largeur (150).
    merci

  3. MoiYoshi 19 avril 2022 à 0h44-Répondre

    Alors pour la pince étau Leatherman fait un modèle pince étau.
    Il est trop simple pour le prendre en seul Leatherman mais plus petit qu’une pince étau classique.
    Ensuite je conseille de démonter au moins une fois sa moto tranquille chez soit, comme ça on voit les douilles qu’on a besoin et celles qui ne nous servent pas, donc inutile de les prendre.
    Ensuite ne pas hésiter à changer certaines vis pour encore simplifier le nombre de douilles qu’on a besoin.
    Par exemple je dis une bêtise, toute sa moto est avec des vis en douille de 10 sauf une vis qui est en douille de 8. On remplace cette vis de 8 par une 10 comme ça plus besoin de prendre la 8.
    Alors c’est pas toujours possible et il faut bien connaître sa moto pour être sûr et certain que la douille de 8 manquera pas.
    Ensuite il y a ce qu’on se sent de faire, inutile de prendre une pièce qu’on ne sait pas monter c’est dit.
    Et ce qu’on se sent de faire sur le bord de la route. Car c’est pas pas pareil que le faire chez soit et quand on commence à démonter il faut être sûr d’y arriver.
    Personnellement je ne suis pas un professionnel, il y a certaines que je fais chez moi mais que je ferais pas sur le bord de la route dans de mauvaises conditions.
    Après ne prendre que des pièces de rechange pour ce qui peut nous bloquer pour avancer.
    De nos jours on peut se faire livrer n’importe quoi à l’autre bout du monde, donc inutile par exemple d’avoir un pneu de rechange au tour du cou.
    Si vous connaissez un adresse et que vous avez quand vous serez vous faites livrer à l’avance.
    Sinon prenez un peu de temps sur place, quelques jours pas plus, le temps de la livraison dans un garage que vous avez prévenu.
    Et dernier point que je ne crois pas avoir vu sur la liste, un fer à souder qui peut être pratique pour réparer une carte électronique en pontant un fil sur une piste cassée par exemple.
    Faudra une alimentation 220v pour le fer bien sûr, donc une répartition uniquement à l’hôtel, peut-être pour ça que ça n’a pas été mis.

  4. Seb 15 avril 2022 à 11h58-Répondre

    Je ne pars jamais sans tenaille et fil de fer, du 1,6 mm pas le petit truc qui se rapproche de la ficelle, c est facile à ranger, léger et on peut faire des réparations très solides, il m est même arrivé de ponter une autre moto avec deux bouts de fils de fer !

Laisser un commentaire