Pourquoi vouloir réussir à tout prix ?

Réussir son voyage. Une question de la plus haute importance. C’est vrai quoi. Tu peux quand même pas t’être saigné aux quatre veines pour le road trip de tes rêves et rentrer en expliquant à tout le monde, que t’as eu tout faux. Et sur tout. Que c’était nul et sans intérêt. De toute façon, même si c’est le cas, personne ne fait ça parce que, passer pour un con sur les réseaux sociaux, ça ne se fait pas. Bah, moi si. Je vais te conter ma journée ratée.

17 dans une camionnette

De bonne heure, à Atar ce matin là, je me suis rendu à une boutique de voyages. De là où partent les multiples camionnettes pour distribuer plein de bleds dans ce vaste pays. Cela dit en passant, en bouffant chez Aziz, je me suis aperçu, en observant les passagers descendre, que l’on pouvait monter jusqu’à 17 là-dedans. J’ai aussi noté, que malgré leurs protestations, les chèvres avaient sans doute la meilleure place: sur le toit. C’est vrai que c’est pas confort de voyager ligotée ainsi mais, au moins, t’es à l’air libre.

C’est comment là-bas ?

Bref, à cette station de voyageurs, je suis allé voir les chauffeurs pour leur demander comment était la route, plein sud, jusqu’à Tidjikia ? Bonne et même très bonne, paraît-il. Même si parfois les langues de sable viennent la manger. Même si, après 390 km de Atar à Tidjikia, on n’est pas vraiment sûr de trouver de l’essence. Pas plus que sur la liaison d’après qui est censée me mener à Oleg puis Boghé où j’aimerais bien passer la frontière en pirogue sur le fleuve Sénégal. Ça, ça fait bien voyage réussi sur les zéros sociaux.

Juste pour me contredire

Mais bon, les infos étant toujours à prendre avec des pincettes ici, j’ai quand même acheté pour 3 euros un bidon plastique de 20 litres que j’ai rempli d’essence à ras bord et sanglé sur le bout de selle restant encore dispo et j’ai filé. Plein sud. Y’avait pas cinquante possibilité hein. Au rond point d’Atar, y’a que trois axes qui distribuent vers tout le pays. Suffit de regarder la position du soleil en fonction de l’heure et hop, go. J’étais content. La chance me souriait. Vent de dos. Ça, c’est toujours ma récompense du jour. 82 km/h mi gaz. Au delà, je coupe un peu pour soulager le moteur qui refuse toujours de rendre l’âme. Tout ça, rien que pour me faire regretter d’emporter un cylindre/piston de rechange. J’en ai désormais acquis la certitude.

Tout roule, enfin presque …

J’ai fait 100 bornes comme ça. J’ai vraiment pas vu le temps passer. Jusqu’à un contrôle routier où le gendarme me demande: « destination ?». « Bah enfin … Tidjikia. Sérieux, où veux-tu que j’aille comme ça ? C’est pas non plus les milliers de routes du delta du Mékong ici ». « Ha non, tu vas pas à Tidjikia, tu vas à Nouakchott. ». Je vérifie … bah .. c’était vrai. J’étais en train de filer plein ouest vers Nouakchott. J’ai pris un gros coup au moral.

Raté

Seulement là, tu vois, tu peux pas choisir de couper le décor et de rejoindre l’axe voulu par la campagne et les petites départementales. Y’a que des falaises, des oueds, des shots, des trucs qui te prennent des heures à traverser, à escalader, à dévaler et à t’ensabler. Faut dire qu’avec mon escapade dans l’Adrar, j’avais eu mon compte. J’ai quand même masqué ma déception devant le gendarme, je me suis avancé de dix mètres et je me suis posé. Deux secondes, pas plus, je t’avoue. Faire demi tour et retourner sur Atar? Vent de face? Pour bifurquer enfin vers Tidjikia? J’ai pas eu le courage même si j’étais super déçu. J’avais vraiment envie de sortir de la Mauritanie autrement que par Diama barrage qui reste, certes magnifique avec son parc du Diawling, mais que je connais déjà. Ce coup de pirogue, je m’y étais projeté. Je l’avais en tête, et même au bout du clavier et de mon Sony A7S3. Un truc avec du courant, puissant, avec des vagues et des mecs à bout de souffle, qui pagaient de toutes leurs forces pour éviter que nous finissions rejetés dans l’Océan.

Rencontres

Alors bon bah, tant pis … direction Nouakchott, quand même, par la route. Puis Diama barrage aussi et quand même. Cela dit, j’apprendrai un peu plus tard que j’ai bien fait car en fait, avec un véhicule, il n’existe que deux façons de sortir de la Mauritanie et de libérer ton passavant: Rosso ou Diama. Je n’aurais jamais pu traverser en règle, avec ma moto, à Bogué. Malgré ce ratage, j’ai pris les choses avec philosophie car tu vois, ça m’a permis de croiser plein de monde.

La folie gagne t-elle le monde ?

A Nouakchott, à l’auberge Tryskel, j’ai fait la connaissance de Cyril qui traverse en long en large et en travers, la Mauritanie avec sa 2 chevaux. Il est venu avec, de France, en transmission classique mais avec une boîte 4×4 dans le coffre … qu’il a montée une fois arrivé au Maroc. A bord, il embarque 450 litres d’essence pour être libre d’aller trainer où il veut. Quand même, je me dis qu’il y en a un paquet de chauds du ciboulot dans la région. Y’a pas hein, le réchauffement climatique, ça tape sur la cafetière d’un paquet des mecs. Cyril remonte actuellement vers la France et est tombé en panne côté marocain. Comme c’est pas vraiment des vacances rêvées de passer quinze jours à Bir Gandouz, je ferai peut-être appel à toi. (Si d’aventure tu venais à descendre au Maroc) pour lui apporter quelques pièces.

Pareil mais pas pareil

J’ai aussi croisé un type qui fait la même chose que moi mais… en vélo. On est d’accord, c’est la même chose mais en fait, il pédale et je crois savoir que ça change tout. Les jours de vent arrière ? Jusqu’à 200 kilomètres parcourus. Vent de face? 5 heures pour parcourir les quarante kilomètres qui te permettent de sortir de la péninsule de Dakhla. Le pire étant un vent 3/4 face car il faut à la fois lutter pour avancer mais aussi pour rester sur sa ligne sans se faire écraser par les camions qui te doublent. Je lui ai laissé une chambre à air avant qui lui sert à attacher ses bagages.

Mais pourquoi donc ?

On a pas mal discuté. Il me confiait être par exemple surpris par ce couple de hollandais qui tenait l’auberge Bab Sahara à Atar. Il se demandait quel accident, dans la vie, te menait à venir t’installer dans un tel endroit. Là, je l’ai regardé d’air chelou. Un instant, il s’est sans doute demandé “mais quoi ?”. Heu, oui, et toi, c’est quoi dans ton parcours de vie qui te pousse à descendre à Dakar à vélo? Il s’est marré.Le Road Trip a ses raisons que la raison ignore.

C’était quand même beau

Moi, je me suis laissé convaincre par ma bêtise du jour. J’ai rejoint Nouakchott mais j’ai quand même pris le peine de descendre jusqu’à Rosso pour longer le fleuve Sénégal plus longtemps que si j’avais tracé direct sur Diama. On était fin d’après-midi et les phacochères, par dizaines, semblaient rentrer de la baignade côté fleuve pour traverser la piste et rejoindre le côté marécageux. Pélicans et flamands roses pullulaient. J’ai bien regardé si je voyais les crocos mais avec la sécheresse, il semble qu’il soient partis plus loin. Je me suis pointé à 18h en me disant que j’allais devoir camper à la frontière.

Pas d’inflation

Mais non. J’ai payé 10 euros la taxe de la commune, j’ai déchargé ma moto de son passavant, fait tamponner mon passeport pour la sortie et suis parti vers le pont barrage. 10 euros de plus. Mais comme d’hab, les prix semblent stables ici malgré l’inflation mondiale. Côté Sénégal, j’ai lâché 15 euros dans l’assurance et 15 dans une carte Sim pour 12 Go. 19h, j’étais sorti des “tracasseries administratives” et j’ai filé sur Lac Rose en évitant quelques colonies de singes sur la route.

Lac Rose, le fin d’un mythe ?

Bon, là, j’avoue que le mythe en a pris un sérieux coup dans la tronche. Depuis les inondations, le lac n’est plus rose. Les récoltants de sel ont bien du mal à travailler même s’il semble que le pompage du lac commence à porter ses fruits et que le micro organisme Dunaliella Salina, qui lui confère cette couleur ,soit progressivement en train  de se reformer. Reste qu’avec les histoires d’élections reportées (décision ensuite invalidées avec Macky Sall) le lac est bien désert et triste. J’ai pas envie de rester. J’ai poussé jusqu’a Taly Portugal. Une sorte de blast absolu après tous ces déserts mais aussi autant de solitude, je vais t’avouer que j’avais besoin de reconnecter un peu de me poser avant de conclure cette aventure par deux actes fondateurs essentiels.

✔ Pour Emmanuelle Marie

Je réalise aussi ce voyage pour collecter des dons et revenir sur Paris en avion avec la petite Emmanuelle-Marie (5 mois) qui doit se faire opérer du coeur par Mécénat Chirurgie Cardiaque. Si tu souhaites participer à cette réussite (100% des dons vont à Mécénat) clique sur ce lien vers  la page de collecte Mécénat Chirurgie Cardiaque

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DAKAR EN YAMAHA AG100

Par |Publié le : 5 mars 2024|1 Commentaire|

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Un commentaire

  1. liotard 6 mars 2024 à 0h08-Répondre

    Le voyage est plus important qu’elle que soit le moyen de déplacement. Même si c’est trés souvnet pour moi en 2 roues. Et même si c’est pas le dernier cri à la mode. Tu en fais la preuve, une fois de plus. Avec un trés beau but. Puis un 2 temps, ça casse pas toujours. Moi à j’ai trimpballé 2 cylindres et pistons sur mon 125 tobec pour rien. Certes beaucoup moins loin que toi. Puisses tu avec ton aura, d’influenceur que certains ce lâchent pour partir enfin.

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