L’étage des fous … ou presque !

Vu comme ça, on pourrait croire que je t’ai laissé tomber. Mais non et tu le sais bien. C’est juste qu’en fait, j’étais coincé dans l’ascenseur émotionnel et que pour l’instant, j’ai pas le droit de sortir. Du coup hier, j’ai continué à explorer le troisième étage. Tu te rappelles, c’est celui des mecs qui ont décidé de ne rien lâcher. J’ai bien fait et ça m’a bien aidé lors de la cinquième journée.

629 km dont 431 de spécial, autant te dire que la journée fut chargée. On a commencé par les dunes. Et puis après des secteurs complètement désertique et plutôt rapides. La navigation devait y jouer un rôle prépondérant, ce fut sans doute le cas pour les leaders. Mais pour ma part, je vais pas faire le malin ni te jouer le couplet du fennec du désert. Si j’étais parfaitement calé au roadbook, je t’avoue que les traces au sol étaient tellement marquées que je n’ai pas eu vraiment de mal à trouver mon chemin.

En revanche j’ai pu tester une intéressant vitesse de croisière en roulant régulièrement à 130 km heures. Je savais que ça allait être long, j’ai pas voulu lâcher. J’ai pas lâché, ce qui ne fut pas le cas de la tour de navigation qui m’a sauté à la tronche juste avant le premier CP.

J’ai bien tenté une réparation de fortune avec des colliers Rilsan et du scotch d’électricien, mais ça a fait illusion tout juste une petite cinquantaine de kilomètres. Après je t’avoue que j’ai décidé de laisser tout ce matériel faire sa petite vie. D’avant en arrière, d’arrière en avant, en espérant que ça tienne à peu près jusqu’à l’arrivée. Ma seule crainte était de voir tous ces mouvements venir sectionner les fils et me priver des instruments de navigation.

À propos de ceux qui ne veulent rien lâcher, j’ai croisé l’équipage 201 en voiture. Eux, c’est l’accélérateur qu’ils ont pas lâché car à peine deux mètres après le camion essence, je les ai retrouvés sur le toit tant ils avaient mis godasse juste après la neutralisation. Bah oui, quand tu veux rien lâcher, faut surtout pas perdre de temps.

J’ai voulu visiter l’étage du dessus mais j’ai pas eu droit. Il paraît que c’est l’étage des mecs qui subissent et qui ne se rendent pas compte. C’est pas l’étage des fous mais juste celui des mecs qui se laissent enfermer dans une spirale infernale. Je n’y suis peut être pas allé mais certains qui en sont sorti m’ont raconté. Et notamment Xavier. Xavier c’est son premier Africa Eco Race. Le premier jour, il s’est trompé de route et a filé sur Casablanca pendant la liaison. Quand il s’en est aperçu, il faisait déjà nuit et il avait déjà fait 100 bornes de trop. Il a fini en se réchauffant dans toutes les stations- service pour arriver quand même congelé (il y fait super froid au 5eme étage)à une heure du matin. Ou comment débuter un rallye raid en se cramant d’entrée.

Le lendemain, il s’est perdu. Il s’est tellement éloigné que l’organisation lui a envoyé un message sur ses instruments de navigation (ils sont perdus au 5e mais quand même surveillés de près). Le message disait: “vous êtes perdus, suivez désormais la flèche”. C’est comme ça qu’il s’est fait ramener sur la bonne trace. Xavier, je l’ai croisé au soir du troisième jour, il avait l’air hagard et n’avait pas pris de douche depuis trois jours (on m’a dit que ça sentait un peu fort au 5eme). Je lui ai dit que j’en sortait tout juste. C’est là dessus qu’il a décidé de rompre avec l’abîme dans lequel il était en train de tomber. Il est allé prendre une douche. Du coup, il a été autorisé à redescendre à l’étage du dessous. Celui des mecs qui lâchent rien.

On en parle pas trop entre nous mais il se dit qu’il existe un autre ascenseur émotionnel puissance 10. Une sorte d’accélérateur de particules qui serait planqué à un endroit que tout le monde appelle la Mauritanie. Un endroit hyper redouté que je devrais pouvoir te raconter puisqu’après avoir franchi le Maroc sans étincelles mais sans bobos non plus, je devrais pouvoir y accéder !

AFRICA ECO RACE JOUR 4 EN PHOTO

Par |Publié le : 6 janvier 2025|14 Commentaires|

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14 Commentaires

  1. Bruno 9 janvier 2025 à 1h00-Répondre

    Alors père noel on veux lâcher prise ? Ben pour cela il faudrait que tu sois entrainé à plier les genoux. Ce n’est pas le cas on le sait tous bien. Alors cesse de faire le galopin et roule, roule, roule pour nous, roule pour ceux qui sont derrière toi depuis hier ou depuis bien longtemps.

  2. SOUDY 9 janvier 2025 à 0h22-Répondre

    Tu n’as jamais lâché quoique ce soit dans ta vie. Alors ce n’est pas maintenant que tu nous lacheras parce nous tenons tous à notre père Noël.

  3. Mika 8 janvier 2025 à 7h54-Répondre

    courage lolo
    nous te suivrons a chaques étages , même s’il faut prendre les escaliers ou passer par le toit avec une corde d’alpiniste.
    force et courage pour la mauritanie.

  4. Nath 7 janvier 2025 à 13h01-Répondre

    ah ben oui on se faisait du souci 😁 c’est pas rien ces ascenseurs …. ils sont plein de gens surprenants et tu ne dois pas t’ennuyer en plus de la course ….
    merci beaucoup pour ces récits

  5. Marc 7 janvier 2025 à 9h27-Répondre

    Terrible tous ces ascenseurs ! Comme toujours, tu sais trouver les mots pour nous raconter (conter) tout ça ! et comme dit plus haut tu ne pouvais pas tirer meilleur numéro :-)

  6. JeanFi 7 janvier 2025 à 0h40-Répondre

    Merci Lolo de prendre le temps d’écrire pour partager ton aventure !!!
    On deviendrait presque accro … ah bon, on l’est déjà ? :)

  7. Scalou 6 janvier 2025 à 23h30-Répondre

    Aller Lolo continue à nous faire rêver à n’importe quel étage.
    Prends soin de toi

  8. Greg 6 janvier 2025 à 22h54-Répondre

    Si tu tenais un hôtel, j’ai dit hôtel, je vérifierais bien le numéro de ma chambre… histoire d’être sûr qu’elle donne sur les étoiles, comme celles que tu nous mets dans les yeux et la tête, en espérant que ta bonne (étoile, hein) te suive jusqu’au bout. ouh là je suis trop d’humeur poète alors prout ! Et gaaaaaz !

  9. Freyri 6 janvier 2025 à 21h42-Répondre

    Encore une chronique quotidienne pleine qui reflète avec humour et précision ce que représente une telle aventure !!!
    Allez, que le dieu du sable soit avec toi en Mauritanie 🙏🏻🙏🏻💪🏻

  10. hdmanillac 6 janvier 2025 à 21h29-Répondre

    C’est quoi ce rostre sur la T7 Espadon ? Faut faire gaffe au freinage à ne pas embrocher le concurrent précédent !
    Courage Lolo pour la Mauritanie.
    Merci pour ces quelques mots que l’on attendait avec impatience :*)

  11. Bouty 6 janvier 2025 à 21h24-Répondre

    je ne vous connaissais qu à travers mon frère qui vous a rencontré sur le T’énerve spirit lui aussi processeur d un T7.
    et Lolo cochet par ci et lolo Cochet par la…
    Et la, je vous suis sur cette course qui me prend aux tripes et que j aimerai faire un jour.
    Vos mots, vos maux, tout me parle et tout prend vie….
    alors merci à vous, merci de nous faire vivre cet ascenseur, ces étapes d une vie d aventure…
    merci de nous donner envie….je suis devenu acros à vos mots et il me tarde de lire la suite dans les prochains jours.. mais en attendant….Mr Cochet….que la route de cette aventure soit belle et longue
    Bravo!!!!
    un fan

  12. jeannot 6 janvier 2025 à 21h15-Répondre

    Popopop la Mauritanie…

    Petit récit rassurant alors bon courage pour demain Lolo.
    Le grand bac à sable est à toi!!!

    On lâche rien!

  13. Auriane 6 janvier 2025 à 21h10-Répondre

    Merci Laurent pour ces textes après chaque étape, je me regale à te lire ! Force à toi, ne lâche rien !!

  14. Bruno Friedmann 6 janvier 2025 à 20h55-Répondre

    Merci enfin des mots, on aurait presque pût croire que quelque chose n’allait pas. Je crois qu’on t’aime tous bien dans le rôle lâche rien et puis 67 c’est un bon numéro :-)
    Que les dunes te porte, et dessines toi un mouton avant le départ, au cas où un gamin un peu perdu des autres étages en voudrait un :-)

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