L’apocalypse !
L’accélérateur de particules a bien fonctionné dans l’ascenseur émotionnel (oui, phrase un poil absconse si t’as pas lu les épisodes précédents). Pour ça, il suffit juste de débloquer le niveau 1 qui se situe au Maroc pour y avoir accès.
À partir de là, la porte de la Mauritanie était juste devant moi. Entrouverte. Je l’ai poussée : c’était tout noir. J’ai fait un pas et… je suis tombé dans un immense trou noir. C’était reparti pour l’ascenseur émotionnel.
En fait, c’est à croire qu’ils l’ont fait exprès à l’Africa Eco Race. On est entré dans 35 bornes de dunes molles. Nan mais quand je te dis molles, c’est plutôt des dunes suceuses, aspirantes, gélatineuses. La moindre coupure de gaz s’y paie cash : tu te retrouves ensablé jusqu’au sabot moteur !
Là, j’y ai trouvé Michel ! Il venait de sauter une dune et avait le pif en sang, ouvert sur deux bons centimètres. Il essayait de cautériser tout seul avec un bout de chiffon (lequel, à mon avis, avait dû être utilisé pour faire la vidange la veille), mais ça ne marchait pas. J’ai appelé les secours en lui disant qu’ils allaient lui poser deux ou trois points et qu’il pourrait repartir. Je l’ai laissé. Un peu plus loin, j’ai trouvé Mirko. Il était étendu par terre et ne bougeait plus, dans une position curieuse (les deux bras parallèles et en avant) qui laissait penser qu’il avait pris un bon pet au casque et que la lumière s’était éteinte. Je lui ai parlé super fort dans l’hygiaphone, et il s’est réveillé. Je t’avoue que ça m’a soulagé. J’ai appelé les secours et je l’ai laissé.
Michel m’a rattrapé. Son pif avait l’air de moins pisser. Je suis resté un peu derrière. Michel, il n’a plus d’âge, mais il roule à fond, la braguette ouverte et débraillé de la veste, comme s’il tentait de se barrer d’un hold-up. Il ne lâchait rien et là, d’un coup, je l’ai vu s’envoler, la moto lui passant au-dessus. Je l’ai récupéré à quatre pattes, la tête dans la puf, bien qu’il ne semble pas plus cocaïnomane que ça. Son visage ressemblait à un emplâtre de sable sur une fraise écrasée. J’avais envie de rire, mais j’ai senti que ce n’était pas le moment. On est repartis plus calmes. Bon, en même temps, à force de désensabler la moto tous les kilomètres, je n’étais plus très vif non plus.
On est sortis des dunes pour retrouver le CP1 qui… avait levé le camp. On venait de faire tout ça pour ça. 50 bornes à tirer, pousser, creuser pour se voir privés du tampon magique sur le carton de pointage. Je ne voulais pas lâcher, je suis reparti à fond sur la spéciale, histoire de rattraper mon retard. J’ai roulé un peu seul jusqu’au camion essence. Enfin, jusqu’au point où je pensais qu’il était, d’après moi et mon road-book. Je me suis posé un peu, jusqu’à ce que j’entende un hélico arriver. Il s’est posé, et le mec m’a demandé si je voulais être secouru et monter dedans. Quelle drôle d’idée… que j’ai refusée, elle aurait signifié mon abandon. En même temps, il était 16 heures, il me restait plus de 300 km à faire : la question pouvait éventuellement se poser.
Je ne pouvais pas non plus débloquer le waypoint qui m’aurait permis de rejoindre le camion kérosène, alors l’hélicoptère m’a montré la direction. J’y suis allé, et j’ai découvert l’apocalypse ! Un avion avait percuté le camion essence, un motard avait été touché et évacué !
Les mecs du camion étaient hyper choqués et craignaient que le tout s’embrase. Je ne pouvais pas faire grand-chose, alors j’ai fait le plein et je suis reparti. Plus que 260 kilomètres. Trois heures de nuit sur des pistes roulantes à me dire que ce n’était pas si grave en ce qui me concerne. Je suis arrivé à 22 heures au bivouac, où toute l’équipe Yamaha m’a applaudi. Sans doute pas pour ma perf. Son boss, Marc Bourgeois, m’appelle désormais son “poulain”. J’ai plutôt l’air d’un vieux canasson bon à réformer.
Je lui ai quand même demandé quelles qualités il fallait pour faire l’Africa Eco Race en maxi-trail. Il m’a répondu, c’est pas poli, mais je n’ai pas trop écouté, car je connais la réponse. Des talents de pilote ? Non. De la détermination. Si tu ne viens pas ici avec un mental en béton armé, tu ne sortiras pas. Rouler ici avec un maxi-trail représente un défi dans le défi. Et je peux te dire que sortir des cordons de dunes est à chaque fois une immense victoire. Une satisfaction qu’aucun des autres concurrents roulant en 450 monocylindre ne pourra jamais ressentir. Je suis allé me coucher. Oui, parce que t’as le droit de sortir de l’ascenseur émotionnel le soir, même si tu continues à rêver de dunes.
Admiratif ! peux tu expliquer “Une satisfaction qu’aucun des autres concurrents roulant en 450 monocylindre ne pourra jamais ressentir.:
hello,
pour l’avoir déjà fait avec une KTM 450 Rallye en 2022 et qui pèse environ 180 kilos avec les pleins et se relève hyper facilement et s’enfonce assez peu dans le sable mou, le faire avec un maxi trail de 240 kilos est un tout autre challenge. Chaque sortie de cordon de dunes est une victoire :-)
je le savais depuis si longtemps que tu étais exceptionnel de gentillesse de professionalisme, en tant que père de famille, de pilote avec n’importe quoi n’importe où. Ici tu ne fais que confirmer. tu es un guerrier avec un coeur grand COMME ÇA !! Merci Monsieur Cochet.
Je savais pas qu elles poussaient les fraises dans les bacs a sable.
Et qu elles se ramassaient a la .. pelle
Lolo. Tu as toujours un mental en béton armé. Tu es jeune dans ta tête. Respect
Merci merci merci !!! Quel plaisir de te lire et relire 😃 merci de nous faire vivre ton aventure ✌🏼
Bravo pour ton courage ! La bise
encore merci de nous faire partager cette magnifique expérience👍
effectivement quelle détermination. t es un champion.
lolo, je n’ai pas de mots, si un peu qu’en même, mon admiration est sans borne devant autant de courage, de mental de dingue, d’abnégation. Vas-y mon Lolo, bientôt le Lac Rose…
Ton homonyme préféré…
Toujours un réel plaisir de lire tes chroniques pleines de réalisme et d’humour propres à une aventure telle que l’Africa Eco Race.
J’admire ta perseverance et ton côté « Saint Bernard » qui t’honore…
Allez, la lac rose n’est plus très loin 🙏🏻🙏🏻
Bravo lolo. Quelle tebacité !
Perso je t admire. Je ne t’arrive meme pas a la cheville.
Un TRÈS GRAND MERCI pour tes commentaires, + que des commentaires c’est un roman qui nous transporte avec toi dans ton ascenseur, avec tes mots bien choisis, tes qualités de narrateur qui sont égales à ton talent de pilote et au delà de ça, tes qualités humaines et toute ta détermination dans cet ascenseur de tour infernale. Tu es « magique » , tu ne laches rien et tout mon respect…
BRAVO,BRAVO,BRAVO et respect MONSIEUR Lolo et encore mille Mercis
Bravo lolo , un plaisir de lire tes récits , se fendre la poire en imagineant le cocainomane avec la geule plein de sable …
Soit prudent surtout et prend soin de toi ✌️
Toujours aussi géniaux tes commentaires, ton humour et ton auto dérision … Extraordinaire !!!
Un grand grand bravo à toi …
tu m’a bien fait rire tu racontes tes journées comme personne je voyais l’image du pauvre motard la gueule pleine de sable et le nez rouge 😂🤣🤣🤣sinon encore bravo Banzaï
la bière était bonne lolo ?
Mais quel talent et abnégation, trouver la force d’avancer, de te relever, d’aider les autres et sortir une belle prose accompagnée de photos triées sur le volet avant de te coucher !!!
Putain t’es trop fort, un héros des temps modernes.
Chapeau …. (casque !!)
Bravo Lolo, tu ne lâche rien et en plus tu fais le saint Bernard !!
Courage pour la suite 💪💪
Non mais il s’arrête donc jamais le liftier … Ben mon Lolo t’es bien pudique sur les émotions que tu dois ressentir être réveiller les morts, faire le plein dans MadMax IX et finir par ramener la meule, quand on voit les photos !!!!
Force à toi, que le vent te porte pour la suite.
Je te suis depuis le fin fond de mon petit confort… tu as un moral de plomb et je te souhaite et t’encourage vivement de le garder.
Tes récits sont on ne peu plus au top avec cette pointe d’humour que tu sais mettre.
Merci mille fois de nous faire partager cette aventure hors tout.
Chapeau bas MONSIEUR
Bravo Lolo ne lâche rien👍👍👍👍
Toi tu sais nous raconter des histoires ! En te lisant j’avais l’impression de voir le déroulé d’une journée d’un gars qui se balade un jour d’apocalypse. C’est vrai que si tu n’as pas le mental: tu montes dans l’hélicoptère ! Ben pas toi. Bravo Lolo continue à nous emmener dans tes aventures et merci
Lolo tu es notre héros…. on te suit et putain qu on t admire…. on a tellement hâte de voir tes vidéos !!!!