AFRICA ECO RACE 2025 – EP7

Cinq heures, le réveil a sonné. Même si on dort en dehors de l’ascenseur émotionnel, on ne plaisante pas avec les horaires de retour au Centre. Une heure avant, il faut que tout soit prêt. D’ailleurs, au moment de démarrer la moto, elle claquait bizarrement. Les mécanos se sont jetés dessus. Ils ont sorti le couvercle de la boîte à air pour filmer au fond avec l’iPhone et s’apercevoir… qu’un petit bout de chiffon était coincé à l’entrée. Cinq ou six mécanos se sont jetés dessus pour retirer la boîte à air et retrouver le coupable. Une telle assistance, ça a forcément du bon à quelques minutes du départ !

Aujourd’hui, au programme de l’ascenseur émotionnel, il y avait 390 km, dont 60 de dunes… molles ! Dans l’ascenseur émotionnel, j’ai fini par apprendre que ça ne servait à rien de s’en faire avant ! Je connaissais ma moyenne dans les dunes molles : 10 km/h.

On a attaqué par une toute petite piste rocailleuse dans un oued suivie d’un immense chott. Cinquante bornes à faire gueuler le bicylindre de la T7 et son akra démoniaque. Le tout sous les très légers mouvements de croupion de la bête. Là, j’étais le roi, le King du Dakar. Jusqu’à ce que les dunes pointent le bout de leurs crêtes.

J’avais tout imaginé avant cet Africa Eco Race en maxi trail : bien lever le nez, choisir ma propre trace… mais les dunes étaient hyper serrées avec d’énormes cuvettes un peu partout. Alors autant rester dans les traces. Profondes, multiples, retournées, croisées, mais surtout molles !!!

Je m’y suis plongé jusqu’au cou. Comme les camions étaient déjà passés, au pied de chaque descente, ils avaient creusé un immense trou dans lequel tu tapes avant de devoir remonter au rupteur en deux vers la prochaine crête. Là, j’ai croisé Vincent, dit aussi Petocask. Il a une école de formation au trail et il a fait le Dakar l’an passé. Quand il m’a rejoint, il s’est dit : “Ouf, je ne suis pas tout seul !”. Moi aussi, mais j’ai fait semblant de ne pas en avoir besoin plus que ça.

Sa Suzuki 800 était dans un état pitoyable. La patte d’échappement était arrachée, il avait perdu son pot et son moteur faisait cocotte-minute à plus de 120 degrés. On a fini par se tanquer tous les deux dans un immense trou avec zéro espoir d’en sortir. Tout était retourné, littéralement détruit autour de nous !

On a posé nos casques et on a mangé un morceau. J’avoue : j’ai pensé que ça ne servait plus à rien, qu’on n’allait jamais en sortir. Et puis j’ai sorti mon drone pour voir un peu plus loin… on avait vraiment l’impression que ça “s’améliorait”. Alors on a tenté l’impossible : mettre ma moto dans l’autre sens pour tenter de remonter la dune en sens inverse et tenter de la remonter à nouveau dans le bon sens. Ça semblait mission impossible, pourtant c’est passé. On s’est remis en route. Sa Suzuki au rupteur et en ébullition.

On a doublé quelques mecs pour qui on ne pouvait plus rien : un SSV en panne de variateur, et un autre mec avec le moteur cassé sur sa Kove. Le même mec qu’on avait aidé à redémarrer quelques centaines de mètres plus tôt grâce à un booster chiné auprès des mecs en SSV.

On a roulé en se disant qu’on n’avait plus le droit de s’ensabler. Peine perdue ! Je suis d’ailleurs passé maître absolu dans l’art de désensabler une moto, quelle que soit la situation. À force, elle me paraît presque légère. On est sortis des dunes et, à partir de là, la spéciale est redevenue un jeu d’enfant. Bon, je te laisse avec mes histoires de bac à sable, il faut que j’aille prendre une douche. Ils ne sont pas trop regardants sur la propreté dans l’ascenseur émotionnel, mais quand même !