
Recraché tout sec, tout vide
Combien de temps peut-on tenir debout en faisant quatorze à quinze heures de meule par jour, en roulant sur des pistes et dans des déserts inhospitaliers ? En dormant sous une tente à côté d’un compresseur en route et sur un matelas crevé ? Réveillé par un buggy en échappement libre, parti faire des essais ou par une tente ballottée par une tempête du désert . En bouffant des rations le midi ? En sauvegardant mes rushes tous les soirs. En me levant avant tout le monde pour être sûr de pouvoir tout filmer ? Et en me couchant tardivement en ayant bien pris soin de mettre tout mon matos vidéo à recharger? J’ai la réponse. 12 spéciales. Ouais, allez, on va dire maxi 15 jours (avec les vérifs et la traversée bateau) et 12 spéciales.
Au delà, l’ascenseur émotionnel te recrache, sans aucune autre forme de procédure. Vidé, usé, tout sec, sans énergie. J’avoue, après la dernière grosse spéciale, en Mauritanie, l’envie s’est est allée. D’un coup. J’ai pas compris pourquoi ni comment. Pourtant, je n’ai pas vraiment de courbatures, ni de douleurs physiques mais j’ai parcouru les deux dernières spéciales un peu amorphe, presque sans en train. Bon avec 82 kilomètres au Sénégal et 22 à Lac Rose, je t’avoue que ça manquait de … de quoi ? Bah oui, quitte à être masochiste, je vais te le dire de quoi ça manquait.
Ça manquait de difficultés, d’emmerdes, d’ensablement, d’heures de moto. Pourtant, la spéciale au Sénégal était sublime. Dans la savane, avec des changements de direction permanents, un sable bien lourd qui charge le train avant et des enfants qui te font coucou un peu partout. Celle de Lac Rose, que je termine pourtant en 23ème position, était toujours aussi mythique mais j’arrive pas à t’expliquer pourquoi, je n’y étais plus.
Et puis, il y a ceux qui ferment la marche, tous les jours. Loin derrière, arrivant tard. Au milieu de ce petit groupe de privilégiés (oui, j’ai bien dit de privilégiés), je m’y suis fait des amis pour la vie. En queue de peloton, tu ne risques plus rien. Tu comprends vite que ton avenir dépend de celui des autres, et vice versa. Et qu’en organisant un peu la galère, il est possible de s’en sortir à deux, trois ou quatre. Qu’en passant des pactes indéfectibles avec d’autres concurrents.Je suis super fier, dans ces conditions, d’avoir terminé toutes les spéciales, d’avoir parcouru chaque kilomètre de cet Africa Eco Race qui, aux dires de participants à des Dakar précédents (Vincent Biau, Dakar 2024 qu’il a terminé) , est tout sauf « un sous Dakar ».
Pas un seul instant, je n’ai regretté mon choix de partir sur un maxi Trail, comme la Yamaha World Raid GYTR. Certes 50 kilos plus lourde que n’importe quelle 450 Rallye mais tellement plus exigeante dans les dunes, tellement plus gratifiante lorsque tu en sors. Et puis, ce que tu perds dans les dunes, tu ne le gagne tout le reste du temps. En confort, en stabilité mais surtout en sécurité. La GYTR ne m’a fait absolument aucun moment plan. Voir même, elle m’a bluffé par la qualité de son châssis et de ses suspensions. Son choix reste bien sûr un défi dans le défi mais il prouve une chose. Je n’ai absolument pas les capacités ni le bagage technique des pilotes de devant (Tarrès, Botturi, Traccan, Meillat) qui ont performé à son guidon car ce n’est pas là, l’essentiel.
Non, si tu viens sur un rallye raid, une seule chose te permettra d’aller jusqu’au bout. Le mental, l’envie, la détermination et le faut de se dire que finalement, c’est déjà une grande chance que d’être là. Alors pourquoi abandonner? Comment laisser tomber ? Jamais. Je me suis dit toujours dit qu’il devait bien y avoir une solution pour se sortir de chaque ensablement, de chaque cuvette, de chaque ornière qui t’avale. En ça, la Ténéré 700 World Raid GYTR m’a énormément apporté. Tout comme le team MBSM (Marc Bourgeois Sport Management) qui m’a accueilli dans des conditions absolument optimales. J’avoue, en 2022, ce team m’avait semblé un peu lointain, refermé sur lui-même. Presque impénétrable et trop sérieux face à l’univers des malles motos. Pourtant, il y règne la même atmosphère, il s’y passe les mêmes choses. Une envie sans borne d’arriver à Dakar. Alors encore merci à tous.
Voilà, ta course est terminée, l’ascenseur est redescendu, le camion balai à disparu. Tu es un Finisher de l’AER, une étoile de plus à mettre dans ton escarcelle. Tu sais quoi, j’ai découvert qu’en te lisant je t’entendais. Et oui on t’écoute plus souvent qu’on ne te lit mais le style est identique : plein d’entrain, de passion, de respect envers les autres, d,amour immodéré de l’aventure qui t’emmène au bout de toi-même. Je sais que tu sais que beaucoup de monde t’apprécie beaucoup. C’est vrai que tu fais du sacré bon boulot qui doit te coûter bien des sacrifices. Et moi qui insiste car j’en veux encore. Quel égoïste je suis. Ne m’en veux pas j’aime trop ce que tu fais. A bientôt. Bruno
Encore une fois un grand bravo.
Tu arrives à trouver le temps de faire de l’humour, de la dérision, au milieu d’un challenge pareil: BRAVO tu es vraiment très fort.
Hâte de voir la vidéo.
Et oui parce qu’en plus de l’énergie dépensée dans cette course, tu vas encore nous gratifier d’une magnifique vidéo …
Du GRAND LOLO !!!
Magique! C’est l’apanage des modestes, tout leur semble facile…. et pourtant!
Merci 1000 fois pour ces 9 épisodes, cela a été un régal à chaque lecture ! Vivement les vidéos !
Bravo! Félicitations !
Que dire de plus, mille merci. Surtout ne change pas, ne change rien.
Tu es génial. Merci.
Bravo pour le job et d’avoir fini, à ton âge ;-)
mille merci et félicitations.
tu ne te dis pas le meilleur pilote , non , peut-être.
mais combien des meilleurs auraient pu terminer ce rally en accomplissant en parallèle la prouesse de tes récits ainsi que celle de prendre le temps de nous faire de magnifiques images.
chapeau bas Mr Cochet.
Lolo ne relit même plus sa prose… C’est là qu’on voit à quel point un rallye puise dans les réserves. C’est comme un marathon.
Mais ce qui compte pour nous lecteurs, c’est le partage du ressenti, de l’aventure humaine. A l’étape, tout est pris en charge mais seul dans les dunes c’est pas la même histoire !
Un grand merci lolo pour le partage de cette aventure et au plaisir de t’entendre, te voir ou te lire.
Que te dire ?
si ce n’est bravo et surtout un grand grand merci pour tout ces défis qui font rêver. Tu es un sacré mec Lolo, vivre ta passion est une chose, mais la partager par tes récits et photos en est une autre et la tu nous régal tous à chaque fois.
Bonne continuation à toi pour les futurs projets et restes comme tu es, c’est comme ça que nous t’aimons tous
Je vais l’avouer, moi les courses… Bof.
Le Dakar avec ses pilotes surhumains et les équipes aux poches pleines… Meh…
Les records… Pfff
Par contre, l’aventure humaine qui nous est racontée comme ça avec talent et émotion c’est 100 000 fois plus intéressant à mon avis.
Un immense merci pour les récits inspirants de toutes ces aventures.
Chapeau bas ! Merci pour ce partage de tranches de vie.
une petite question… ce ne serait pas “Anders” en haut à gauche sur la photo de groupe ? On aurait pu croire qu’il ne remettrait plus les bottes là-bas après ses galères que tu nous avais rapporté lors de la participation avec Amaury
Comment réussir à te dire merci, car en plus de tout ça, tu nous avais nous dans le dos aussi, Alors des fois on se fait boulet, et puis d’autre treuil, merci merci de nous avoir partagé avec tant de sincérité, d’émotions, et de talent de conteur (j’insiste) ce parcours. Je trouve que la photo de la médaille est magnifique dans ce qu’elle traduit bien le prix payé pour cette récompense.
Un grand merci aux hôtes qui nous héberger et chouchouter notre Lolo.
Bon alors c’est quand que tu repars ;-) Naaan mais là je déconne.
ps il y a une mini coquille que tu veux peut-être réparée ” La GYTR ne m’a fait absolument aucun moment plan.” moment -> mauvais … je peux comprendre le lapsus ;-)
V à toi.
Génial un parcours exceptionnel et des histoires de malade! Merci de nous avoir abreuvé d’aventure et d’exploits ! Bravo Lolo!!
Simplement bravo, c’est une course contre soi-même avant toute chose et tu l’a fièrement remportée.
j’adore ce leitmotiv qui dit qu’il y a toujours une porte (d’ascenseur 😉) de sortie.
Merci pour nous avoir gaté de tes récits et photos.
Bon repos.
encore une fois : énorme
Canon se reporting jusqu’au bout!!!