MOMO AU DAKAR – SP 8 – UNE MÉDAILLE ET DODO

Aujourd’hui, 8^ème étape du Dakar, c’était 150 bornes de dunes costaud, une neutralisation puis 120 bornes de caillasse. Une journée courte mais dense où Momo se classe 72^ème pour remonter 95^ème au général. Mais avant de parler de l’étape du jour, Momo avait besoin de revenir sur les jours précédents. Sur LE jour où il est sorti de cette infernale étape marathon. Etape marathon pour laquelle il a d’ailleurs reçu ce soir le prix du jury avec cette médaille pour ses 48 heures dans les dunes. A rendre jaloux tous les cadors qui roulent devant.

« Je suis sorti des dunes et, comme tout le monde mais le lendemain, j’ai pris l’avion qui m’amenait à Ryad. Là, arrivé au bivouac, j’ai aussitôt bossé sur le moteur de secours qu’il fallait préparer pour remplacer celui qui avait surchauffé. Le problème, c’est que ma moto, elle, n’est arrivée qu’à deux heures du mat’. Quand elle est arrivée, je me suis donc mis à bosser dessus. J’ai été aidé par les deux gars de l’organisation des malles moto qui ont le droit de nous assister. On a changé le moteur, la tour de navigation et il était … 4 heures 30. C’était déjà l’heure de repartir. Je n’ai même pas eu le temps d’essayer la moto. »

« Je venais d’accumuler deux jours dans les dunes, une nuit blanche et je suis entré dans la spéciale 7. J’étais claqué, j’avais du mal à me focus sur le Road Book. Du coup, je me suis paumé. J’ai quand même réussi à reprendre du rythme quand au kilomètre 350, j’ai vu le voyant rouge de surchauffe moteur s’allumer à nouveau. Ce qui est dingue, c’est qu’au point essence, y’a des mecs qui t’aident à remplir ton Camel Back et à le rebrancher. Sauf que là, le mec me l’a mal rebranché. J’ai pas voulu m’arrêter et pendant 50 bornes, j’ai pesté parce que je ne pouvais pas boire. Sauf que, quand j’ai eu mon problème de refroidissement, j’étais finalement trop content de ne pas avoir pu boire et de pouvoir remplir mon radiateur avec cette eau. J’ai eu exactement le même problème au deuxième point essence: Camel Back pas rebranché, ce qui m’a permis encore de mettre de l’eau dans le radiateur. Bon, à l’arrivée de la spéciale, j’ai quand même pété un câble en hurlant « mais putain y’a pas un mec qui sait brancher un Camel Back, ça fait trois jours que je suis sans eau.  On m’a un peu regardé bizarrement. »

Oui parce que pour ne rien gâcher, Momo a fini de nuit hier. « J’ai fait trente minutes de nuit, ça te prend le double ou le triple de temps. Je suis arrivé au bivouac et là, y’avait déjà plus personne. J’étais comme un cafard avec la moto désossée. Il fallait faire les roues, le kit chaine et le radiateur. J’ai fini à 23h30 pour un lever à 4h30. J’étais au bout de ma vie. Du coup, ce matin, je me suis dit « nique sa race, faut que je roule pour de vrai. Je me suis motivé grave pour revenir dans un rythme et finir à une place correcte. Car quand t’es derjo d’une spéciale, le lendemain, tu pars derjo. Ça veut dire que tu pars vers 9h30 et ça te fait moins de huit heures à rouler de jour car il faut enlever à ça les 45 minutes de neutralisation quand tu fais l’essence. Tu roules dans la poussière de tout le monde et à 17h30 y’a un mec qui éteint la lumière pour de bon. Quand t’es dernier, c’est vraiment l’enfer. Aujourd’hui, j’ai voulu rompre ce cercle infernal et retourner à peu près à ma place.  Quand t’es dernier c’est vraiment l’enfer. »

«Ça va mieux physiquement. Franchement ça va. Les bottes de cross, ça fait comme un peu comme les demi-coques qu’on te colle pour maintenir une cheville blessée. Il n’y a que sur les compressions que je perds beaucoup de temps. Les herbes à chameau ou les petites dunes, je ne peux pas les sauter. Je fais passer l’avant puis l’arrière. J’ai renoncé une fois à couper les gaz et j’ai morflé. Du coup, j’ai un pilotage très haché mais ça va. »

« Là, je sors de chez le kiné et faut que je dorme un peu. Depuis 4 ou 5 jours, je ne sais plus quelle jour on est ni quelle heure il est. Je ne comprends plus rien. Tout le monde vient me voir pour me féliciter. Hier j’ai perdu mon téléphone. Ce matin, au point essence, on avait du réseau. Je me suis dit je vais tenter de localiser mon téléphone et là, y’a un mec qui me tend mon téléphone. Je comprends plus rien. Ce Dakar, il tabasse vraiment. J’ai le temps de rien. Je compte les minutes à tel point que je ne me lave pas et que je ne me brosse pas les dents pour grappiller une minute de sommeil. Je n’ai pas le temps de faire tout ce que je devrais faire sur ma moto alors je fais par ordre de priorité. Là, tu vois, je devrais changer les pompes à essence mais j’ai pas le temps. Je suis débordé par le truc. »

Et encore, Amaury confie qu’il a reçu énormément de coups de main. “Bruno Leblanc a été top avec moi. Quand je suis arrivé de la spéciale marathon, il avait déjà récupéré toutes les pièces de secours pour reconditionner le moteur et il avait emmené mes roues chez Michelin. Il m’a fait gagner deux heures. Tout comme les mecs de la malle motos. Et aussi, deux autres français qui, juste après ma grosse chute du jour ont compris que j’étais dans le brouillard. J’avais tapé fort, je suis rentré au bivouac, je me suis assis dans ma tente et je ne savais plus ce qu’il fallait que je fasse. A tel point que je me suis dit, je vais l’écrire sinon je vais pas m’en sortir. Du coup, les mecs sont venus m’aider. Je leur tendais les outils, ils m’ont fait la vidange. Ils ont du capter que j’étais pas dans un état normal.

“Demain, ça devrait être assez roulant. Faut que je roule régul pour pas rentrer tard, me reposer et préparer la suite.”

Grosse pensée incontournable pour l’espagnol Carles Falcon qui est mort aujourd’hui lundi à l’âge de 45 ans, un peu plus d’une semaine après la chute qui l’avait laissé dans un état grave lors de la deuxième étape du Dakar-2024. Et grosse mention pour Bruno Leblanc qui a beaucoup aidé Amaury et qui est ambassadeur de l’institut Curie pour lutter contre le cancer. D’où la jonquille que l’on retrouvera sur sa KTM et son casque. Une représentation importante qu’il décrit comme un hommage à sa mère, doublée d’une collecte de fonds pour l’Institut. Bruno espère ainsi lever 2000 € grâce à la visibilité qu’apportera sa présence au Dakar, auquel il participe en malle moto.

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