MOMO AU DAKAR – SP 4 – PLEURER AU MILIEU DES DUNES

Momo, il dit pas que des conneries. Je sens bien hier que tu as douté lorsque Momo a dit “qu’en abordant les dunes fond de cinq, la compression était tellement forte que ça déclenchait l’airbag.” Pourtant c’est vrai. Tout comme l’histoire de ce pilote qu’il a aperçu hier soir avec des points de suture et un oeil au beurre noir. Et Momo le prouve en nous envoyant une photo du type en question (un freestyler tchèque qui fait le Dakar cette année et met du gros gaz.) Les deux pouces en l’air, le mec aurait déclaré à Momo dans un français approximatif: “F’est Fuper Dur le Dakar mais f’apprends bien.” Je crois que ça,  j’invente un peu mais je trouve que ça lui va bien au Tchèque.

Au fait, c’est vrai que je suis un peu con. Je suis tellement focalisé sur l’Aventure (celle qui s’exprime en histoires racontées et pas en minutes, secondes, dixièmes) que j’en oublie depuis le début de te donner le classement de Momo? En même temps, je le fais aussi un peu pour éviter de le flatter et de lui donner envie d’aller chercher mieux. Et enfin, parce qu’il faut laisser de la place du côté des chevilles (faudrait pas qu’elles gonflent) afin que l’oedème du genou puisse descendre. Oui ça descend toujours les oedèmes. Bref, on va faire une exception. Aujourd’hui, Momo a gazé comme un chef (là t’es content Momo ? Je l’ai dit). Avec une 57ème place juste au cul de …l’Américain Mason Klein.

Bon histoire de faire redescendre Momo sur terre, on va quand même préciser que l’Américain roule sur une Kove. Une quoi ? Ne me fais par dire ce que je n’ai pas dit. Et puis, on va pas faire de chinoiseries entre nous. Car les deux (Momo et Klein) n’ont absolument pas le même objectif. Si tu vas jeter un oeil à la bio de Mason sur le site du Dakar, c’est marqué en gros et en titre “je dois apprendre à être patient”. Ça a l’air de plutôt bien fonctionner ! Pour Momo, y’a marqué : “je veux pleurer au milieu des dunes”. Ça a déjà failli, c’était dans les cailloux mais patience, Momo, on y est presque (plus qu’un dodo pour le bivouac pourri au milieu de l’empty quarter). Ah … ne va surtout pas dire que je veux du mal au Momo, je ne lui veux que du bien en ne peux que constater … qu’en voilà au moins deux de contents sur ce Dakar. Ha oui, j’allais encore oublier: le classement. Oui le classement général quoi! Momo est 84ème.

Du coup, au moment de notre échange quotidien, j’ai pas pu m’empêcher de le taquiner le Momo. 3 heures 55 pour boucler la spéciale, ça va t’es pas trop fatigué ? J’espère au moins que les péages n’étaient pas trop chers sur l’autoroute ? « Oui, c’est vrai que c’était rapide mais très compliqué en navigation. J’ai pas roulé super vite car c’était vraiment piégeux. Du coup, j’ai pas fait trop d’erreurs et c’est sans doute pour ça que je fais 55è. On était un petit groupe de 4 ou 5 pilotes mais on était que deux à réellement ouvrir. Si je me perdais, le mec derrière moi était calé au road book et me corrigeait. Et vice versa. On évoluait dans des canyons où il était super facile de se perdre. Le truc, c’était justement de ne surtout pas insister quand tu sentais que tu n’étais pas sur la bonne piste. Quand tu insistes, le risque, c’est de ne plus du tout être calé au road book et d’être vraiment perdu.

« Au fait, je te confirmé qu’ils se sont définitivement gourés sur le diagnostique de mon genou. C’est impossible autrement. J’ai un bon strapping et j’ai serré par-dessus à fond les réglages de ma genouillère pour faire comme une prothèse et c’est nickel. » Comme neuf le Momo.

” Juste avant l’essence, j’ai senti comme une odeur de cramé. Un truc électrique qui crame, ça a une odeur hyper particulière. Une odeur qui s’est mêlée à une vibration que je sens depuis hier mais que j’arrive pas à localiser. Du coup, en liaison, j’ai mis la main un peu partout sur la moto pour essayer de trouver d’où ça venait tout ça. » Le Momo, il a même commencé à psychoter. « J’étais prêt. J’arrêtais pas de me dire :  si elle prend feu, je chope mon camel back et j’essaie d’éteindre avec. Des motos qui prennent feu, ça arrive chaque année. En même temps, à chaque fois, les mecs ont beau jeter de l’eau et de sceaux de sable et de la flotte dessus, ça finit toujours en tas de cendres. » 

Mais ça a tenu. Du coup, le Momo s’est concentré sur le problème à l’arrivée au bivouac. « Et j’ai trouvé. C’était le fil de l’Iritrack qui avait cramé. Comme il tient longtemps sur batterie, je ne l’ai pas vu. Je suis pas loin de penser que c’est ce truc là qui a fait griller mon fusible au début. » Sur un rallye, tu espères toujours que la journée suivante sera sans problème et … ce n’est jamais le cas. Pas que le sort s’acharne, c’est juste comme ça. En plus de sa panne électrique, Momo a changé son bib arrière qui était littéralement fondu. Ce qui l’a incité à s’intéresser à l’avant pour éviter une autre mésavanture. Car demain, c’est 500 bornes de liaison 130 de spéciale et encore une petite liaison pour atteindre le fameux « empty quarter. » Allez on se rassure en se disant que demain, ça n’ira pas mieux. Suffit juste de le savoir.

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