Quand Momo essaie l’Aprilia 660 Tuareg

On est bien d’accord, aujourd’hui, tout le monde peut donner son avis sur tout ! Pourquoi pas. En revanche, quand c’est Amaury Baratin, pilote malle moto sur le Dakar, qui le fait sur la nouvelle Aprilia 660 Tuareg, tu lis et tu écoutes ce que le monsieur te dit.

Yamaha Ténéré 700 ou Apirilia 660 Tuareg ? Ayant eu la chance d’essayer les 2 motos, sur route et en off-road, je vais pouvoir vous faire un retour d’expérience. Je ne suis ni journaliste ni photographe, d’où un résumé sans beaucoup de photos d’illustrations qui me sont propres :) J’ai fait 20.000 km dans toutes les conditions avec la T7 et 200 km avec la Tuareg (sur route sèches et mouillées et en tout-terrain), je ne pourrai donc pas comparer certains aspects: coût d’entretien, fragilité en cas de chute,  fiabilité …

Sur le papier

Sur le papier, il y a beaucoup de similitudes: un trail mid-size bicylindre parallèle de 689 cm3 et 74cv pour la Yamaha et 659 cm3 et 80 cv pour l’Aprilia, jantes en 18″ et 21″ pour les 2. Elles sont d’ailleurs livrées avec la même monte de pneus, des Pirelli scorpion rally STR. La Yamaha est en chambre à air et l’Aprilia en Tubeless. Elles font aussi le même poids. Bref, 2 concurrentes directes qu’on ne rencontre pas chez les autres constructeurs (la BMW F850 GS, La Triumph  Tiger 900 ou la Honda Africa Twin 1000 et consorts ne partageant pas le même segment).

Chapitre 1:  comparatif “statique”

Avant même d’avoir démarré l’Aprilia,  il y a déjà de grandes différences.  Tout d’abord la hauteur de selle. En effet, mon 1,80 m est un peu court sur la T7 équipée de la selle Rally. Si ça ne me pose aucun problème en roulant, ça m’a couté quelques chutes à basse vitesse dans les parties techniques, moto chargée. On a parfois besoin de ses appuis pour stabiliser l’ensemble, mais sur la pointe des pieds, c’est pas évident.

La Tuareg est clairement plus basse avec une hauteur de selle de 86 cm contre 92 cm pour la T7 en selle rally et 88 cm pour la selle standard. Du coup ça rassure en tout terrain et facilite les manœuvres à basse vitesse. Autre différence de taille, le guidon. Celui de la T7 est relativement étroit pour un trail, la position sur la moto est donc à mi-chemin entre une routière et une enduro. La Tuareg utilise elle un vrai guidon d’enduro, les mains sont donc éloignées et les coudes hauts. L’avantage d’un guidon d’enduro, c’est qu’en off-road, vous contrôlez mieux votre moto.

La direction est plus “souple” grâce au bras de levier plus long et il est moins nécessaire de forcer la position” coudes hauts / tête en avant”, indispensable en conduite debout. L’inconvénient, c’est que sur les longs trajets roulant et en position assise, c’est moins confortable et ça tire dans les épaules. Contact mis et moto toujours pas démarrée, Yamaha et Aprilia, n’ont clairement pas fait le même choix. La Tuareg utilise un tableau de bord couleur hi-tech permettant tous les réglages possibles. Je ne vais pas vous faire tout le descriptif que vous retrouverez facilement, mais tout est réglable depuis les commodos: la puissance, le frein moteur, l’ABS, le régulateur de vitesse, le shifter ,…. vous pouvez même y connecter votre téléphone.

Yamaha a pris une direction opposée, à savoir un écran monochrome avec le minimum d’électronique. Juste un Abs déconnectable. Avant de démarrer l’essai dynamique, juste un dernier point sur certains choix techniques: la T7 est en chambre à air (CAA)  et la Tuareg en Tubeless(TL). Pour ceux qui ont du remplacer une CAA en bord de route vous avez pu constater que ça demande du temps et du savoir faire. Quand il faut 5 mn pour mettre une mèche dans un pneu TL, il faut une heure pour changer une CAA. Ce choix des marques, est bien entendu financier. 2 jantes Tubeless à rayons croisés sont plus couteuses à produire que 2 jantes Tubetype traditionnelles. Enfin, la Yamaha emporte 16 litres d’essence pour 350 km d’autonomie et l’Aprilia 18 litres qui vous permettront de faire 400 kms (en se trainant, on est bien d’accord). Perso, j’aurais aimé au moins 20 litres.

Chapitre 2: comparatif dynamique sur la route.

Ce n’est pas là qu’on aime les essayer, mais c’est surement là qu’on y passera le plus de temps, le cul posé sur la selle. La T7, avec son guidon étroit et sa selle haute offre une position naturelle. Les genoux sont un peu écartés par le réservoir mais la position reste confortable. La selle ne l’est pas vraiment, mais c’est normal sur les trails qui utilisent des selles étroites.

La boite est ferme, mieux vaut rouler en bottes pour faciliter les changements de rapports. La protection qu’offre la bulle est bonne, la tenue de route sans reproche. Avant de partir du Cap Nord, pour notre Kap2Cap, je n’étais jamais monté sur la moto, sa prise en main a donc été immédiate et sans temps d’adaptation. Rien à dire coté moteur, il est idéale pour ce type de moto comme il l’est sur les MT07.

La Tuareg, est elle aussi sans reproche. La boite est plus douce (mais pas encore suffisamment)  et l’accélérateur “ride by wire” (donc sans câble) est très précis. Le réservoir est particulièrement fin au niveau de l’entrejambe, ce qui est très agréable. La protection de la bulle est également sans reproche. J’avoue que sur route, j’apprécie vraiment l’électronique embarquée. Le shifter et le régulateur de vitesse facilitent les trajets sur routes sans intérêt. J’en ai rêvé sur certaines  liaisons interminables du Dakar.

Les différents modes de puissance et d’anti patinage, sont également les bienvenus sur routes trempées (ce qui a été mon cas en Sardaigne) surtout avec les pneus à crampons pas vraiment à leur aise sur le bitume trempé. Comme la Yamaha, l’Aprilia est d’une prise en main facile. Seul le tableau de bord et ses innombrables menus de réglages vous demanderont un temps d’adaptation.

Et en tout-terrain ?

C’est clairement là que j’aime être avec ces motos, dans le sable, les cailloux, la gadoue… Dans ces conditions, l’électronique n’a pas d’intérêt, on coupe tout, même (et surtout) l’ABS. Debout sur les reposes pieds, tête en avant et coudes levés, c’est parti.

L’Aprilia a une orientation plus enduro. Le réservoir très fin sur sa partie basse est idéal pour la position de conduite debout et pour serrer la moto pour mieux la contrôler. Son grand guidon permet également de mieux maitriser la moto. De plus ses grands débattements de fourche et d’amortisseur (240mm !) permettent d’avoir une conduite engagée. Pas de problème pour envoyer des sauts sans tout arracher à la réception. J’ai adoré.

La Yamaha est plus sage avec des débattements plus courts de 30mm et une position moins incisive. Quand je vois Pol Tarès dessus, je me dis que je dois me tromper, mais pour être passé de l’une à l’autre, la T7 est plus typé route. Les suspensions plus courtes et réglées plus fermes, poussent moins au crime.

Pour ceux qui ne le savent pas, je suis concessionnaire Aprilia et pas Yamaha. Malgré tout, je tente de rester objectif dans mes jugements. La Yamaha est donc une très très bonne moto et elle a fait ses preuves. Elle a survécu à Kap2Cap alors qu’on l’a malmenée. Seuls les enduristes (10% des clients?) qui passeront à son guidon la trouveront pas assez exclusive pour le tout-terrain. On aurait aimé (ou pas) un peu d’électronique et des pneus tubeless, mais son prix attractif de 10.200€ ne pourrait être maintenu.

La Tuareg, pour l’enduriste que je suis (ou que je deviens :) , me correspond mieux. J’aime sa souplesse et ses aptitudes tout-terrain. En revanche, rien n’est gratuit, et la moto est à 12.000 €. La Tuareg est disponible aux permis A2, en espérant que la T7 le redevienne. J’ai aussi comparé le prix de certaines pièces, et elles sont très équivalentes. 600€ un phare, 600€ un compteur, 500€ un radiateur, 50€ un levier, … Ce n’est donc pas le coût de la casse qui vous orientera dans votre choix. Dernier point très important, la Tuareg n’a pas encore fait ses preuves. Même si le moteur issu des Tuono et RS660 n’est pas totalement nouveau, il serait bien de lui faire subir un Cap2Kap (dans l’autre sens quoi !)

Alors Tuareg ou T7 ?

Peu importe votre choix, il sera le bon.