On en sait un peu plus sur le système hybride de Kawasaki
Kawasaki est sur tous les fronts pour développer des motos « zéro émissions ». Les verts sont discrets sur la plupart des projets en développement et on attend avec impatience, inquiétude et une curiosité dévorante que leurs premières motos électriques soient dévoilées cette année, comme le patron l’avait annoncé à l’EICMA.
T’as fait quoi hier soir ? – J’ai épluché les brevets Kawasaki et toi ?
Pour patienter, il faut gratter pour trouver ce qu’ils préparent au Japon. Une source facile d’accès et fiable s’avère être les brevets déposés. Et ces documents dévoilent une révolution plus douce que le silence nous a laissé fantasmer.
Chaque dépôt de brevet permet de constater la progression des ingénieurs Kawa et les solutions qu’ils trouvent aux problèmes qu’ils se sont posés à eux-mêmes. On y découvre que le futur moteur hybride pourrait être un moteur thermique fonctionnant au gaz, couplé à un petit moteur électrique planqué sous la selle.
Kawasaki vous imagine en train de rouler en ville en utilisant le moteur électrique 48V équipé d’une batterie lithium-ion. Puis, vous extirpant de l’environnement urbain, c’est un moteur à combustion qui prendrait le relais, un bicylindre parallèle de 400cm3. Pour ceux qui voudraient pousser un peu plus fort, les deux moteurs pourraient fonctionner ensemble pour bénéficier de plus de puissance et de couple.
Pour passer d’un moteur à l’autre, vous pourriez avoir à actionner un deuxième embrayage. À moins qu’un système électronique soit mis en place avec des commandes au guidon pour passer les vitesses, ou activer une sorte de mode automatique qui accompagne la bascule entre le moteur électrique et le moteur thermique.
Une pile dans le …
Ce système hybride n’est pas franchement nouveau puisqu’on le trouve depuis longtemps sur les voitures mais ils sont lourds et plutôt volumineux. Alors comment s’est débrouillé Kawa pour le mettre sur une moto?
Les premiers dessins du brevet montrent que Kawasaki a décidé de placer le petit moteur électrique sous la selle, avec des prises d’air qui viennent le refroidir et des extracteurs pour évacuer l’air chaud. Pas de système de refroidissement liquide donc, bien que ce dernier aurait permis d’obtenir de meilleurs performances. Kawasaki cherche à faire simple pour le moment, afin de limiter le poids et ne pas faire exploser les coûts.
Inspiré du rétro-fit ?
L’autre brevet montre que le moteur électrique se retrouve ainsi coincé derrière le cylindre du moteur thermique et au-dessus de la boite de vitesse, laissant au passage peu de place pour un élément important : le mono-amortisseur arrière. Celui-ci est donc directement fixé sur l’unité électrique grâce à un coffrage en alliage.
Cette intégration ne demande pas de partir d’une feuille blanche et de concevoir un nouveau châssis dédié. Kawasaki utilise une Z400/Ninja400 comme plateforme de développement pour ses prototypes. Pouvoir installer le système sur une moto existante présente un vrai avantage car les équipes Kawasaki travaillent sur 10 modèles différents qui sortiront d’ici à 2025.
Un beau casse-tête pour les ingénieurs qui vont devoir faire vite et bien pour remplir le contrat dans les 3 prochaines années. En tout cas, on peut déjà se préparer à une évolution en douceur vers le « zéro émission » plutôt qu’une véritable rupture technologique vers l’électrique. A Kobe, ils ont du vouloir éviter un vague de sepuku dans les bureaux d’études.
Il ne faut pas oublier que Kawasaki envisage aussi d’autres pistes pour faire des motos vertes, plus vertes. On pense à du 100% électrique bien entendu, à des moteurs compressés inspirés de la H2 mais surtout à l’hydrogène. Associé depuis peu avec Yamaha, Kawasaki Heavy Industry travaille depuis 10 ans sur cette technologie et a déjà conçu un navire marchand à hydrogène. Équipé sur une moto, ce serait une bombe H verte ! Ok je sors …
Cet article a été écrit par Julien Muntzer: “Journaliste depuis 2010, j’ai d’abord été reporter pour France24 et TV5Monde avec beaucoup de voyages en Afrique. Mais comme je suis un peu farfelu et surtout obsédé par la moto depuis gosse, j’ai décidé de remonter en selle à la trentaine. La moto, c’est le fil rouge idéal pour vivre et raconter de belles histoires, en en prenant plein la gueule”.