On aime bien les photos dégotées par les espions anglais, ça nous permet de fantasmer sur les motos qui arrivent sur le marché. Cette fois ce sont deux motos de chez Triumph, avec un fort accent indien.
Triumph made in India
Je vous refais l’historique rapidement. Triumph a lié un partenariat avec Bajaj il y a cinq ans. Bajaj c’est un géant industriel indien, qui place déjà plusieurs modèles dans le top 10 des motos les plus vendues en Inde : Pulsar, Découvrir, Platine. Des motos qui ne dépassent que très rarement les 200 cm3. Vous allez me dire, que ce n’est rien de vraiment sexy ou important. Sauf que l’Inde, c’est un marché gigantesque de plusieurs millions de motos vendues chaque année. À titre de comparaison, en France cette année les constructeurs ont vendu 210 518 véhicules à 2-roues.
En s’associant à Bajaj, Triumph espérait ainsi s’attaquer à un marché asiatique prometteur en volume de ventes et dont le pouvoir d’achat moyen est en hausse. Au passage, c’est l’occasion pour les Anglais de boucher un trou dans leur gamme avec des motos de petite cylindrée à un prix raisonnable, disons la première Triumph pour un jeune permis A2.
En 2020, Triumph annonçait donc la production d’une gamme entière, soit six modèles, par les Indiens de Bajaj. Sauf que depuis cette annonce, plus rien. Certainement la faute à cette satanée pandémie Covid-19. Devant l’impatience générale face au projet Triumph-Bajaj qui est donné pour mort, quelques photos « espions » ont fuitées récemment comme preuve de vie. Deux motos aperçues en Espagne, là où Triumph possède un centre d’essai.
Street single
Malgré la peinture noire, les bouts de gaffeur et les éléments manquants, on parvient très clairement à identifier les caractéristiques du futur modèle. On y découvre une moto fidèle à l’esprit des Triumph, se rapprochant de la plateforme de la Street Twin : un réservoir à l’ancienne, un châssis tubulaire en acier et un simple bras oscillant en aluminium.
Sauf qu’au lieu d’accueillir le traditionnel « twin » venu d’Angleterre, c’est un petit monocylindre à refroidissement liquide. Très certainement un moteur issu de la production Bajaj et qui devrait faire entre 350 et 500 cm³ au vu de sa taille, et pourquoi pas 600 cm³. Ce qui est déjà une « grosse cylindrée » pour le marché indien et ses voisins.
Si cette moto est équipée d’une roue de 17 pouces, on est plus intrigué par la deuxième bécane.
Street dirty
On sait que Triumph est très attaché au tout-terrain, avec la Tiger 1200 en tête de gondole de son grand projet sur l’off-road. Et ces photos révèlent que la deuxième moto est équipée d’une roue de 19 pouces, un petit scrambler donc !
Au jeu des 7 différences, on découvre une sortie d’échappement plus haute et double (vraiment double ?), un sabot moteur en alu, des protèges-mains, une selle en 2 parties et des repose-pieds montés plus en avant et plus bas que la version « street ». Pour le reste, en dehors d’un garde-boue arrière plus long, les deux motos sont assez similaires sur le design.
Petit mais sexy
Les photos annoncent une fiche technique attractive : une fourche inversée, un frein avant équipé d’un simple-disque, mais avec étrier radial, un monoamortisseur à l’arrière, une planche de bord TFT, et des éclairages LED. Bref, le made in India ne renonce pas à un certain standing, surtout quand ça fait vendre.
La Triumph-Bajaj entre donc dans sa dernière phase de développement, ce qui devrait lui donner encore un an avant d’être dévoilée. Avec ces motos, Bajaj s’attaque à son marché indien par le haut et les Anglais répondent à une tendance grandissante avec les nouvelles contraintes anti-pollution en Europe : le retour des petites cylindrées.
La version scrambler se trouvera en concurrence avec la KTM 390 ADV et le futur scrambler Royal Enfield, le Scram. Et n’oublions pas BSA qui renait de ses cendres avec un gros monocylindre, sous l’impulsion de Mahindra, un autre industriel indien.
On attendait que la Chine s’éveille, mais c’est l’Inde qui est déjà debout.
Cet article a été écrit par Julien Muntzer: “Journaliste depuis 2010, j’ai d’abord été reporter pour France24 et TV5Monde avec beaucoup de voyages en Afrique. Mais comme je suis un peu farfelu et surtout obsédé par la moto depuis gosse, j’ai décidé de remonter en selle à la trentaine. La moto, c’est le fil rouge idéal pour vivre et raconter de belles histoires, en en prenant plein la gueule”.