Non c’est non
Alors là, je dis tout simplement non. Non, Céline Dion n’est pas la seule à sortir ce fameux Fa 4 en voix de poitrine. Une note jugée (parait-il) comme « exceptionnelle” et que Céline Dion tiendrait pendant 8 secondes. Ça serait aller un peu vite en besogne et malencontreusement oublier ma Yamaha AG 100. Tout ça parce que cette dernière n’est pas célèbre et n’a été vendue qu’à 800 exemplaires en France.
Un cri qui vient … du fond des ailettes
Fond de 5, lorsque le vent est favorable, aux alentours de 80 compteur, mon AG 100 se met a éclaircir la voix. De petites vocalises qui annoncent l’arrivée prochaine de LA NOTE. A 84 km/h, une toute petite résonance commence à poindre. Laquelle, si l’on insiste un peu, se veut d’un coup carrément franche et haute. Un son métallique, pur, qui semble provenir des ailettes du cylindre et de l’absence de refroidissement liquide. Un son clair qui me fait penser à celui obtenu en faisant chanter un verre en cristal.
Ma mob aussi
Et bien tu sais quoi ? Cette note, mon AG100 l’a tenue pendant pas loin de 655 kilomètres hier. Porté par un vent enfin favorable, je n’ai pas eu besoin de sortir la grand voile, ni même le spinnaker, pour tenir un 80 chrono régulier sur ma route. 11 heures quasiment à fond pour parcourir 655 kilomètres jusqu’à Agadir. Le tout en traversant d’immenses plaines et plateaux. Je dis quasiment à fond car sur un deux-temps, mettre à fond ne sert souvent à rien. Il faut trouver la juste ouverture de gaz qui offrira au moteur la meilleure carburation en fonction de la température, de l’hygrométrie et de l’altitude. Un li gaz semble souvent bien plus approprié pour obtenir un mélange air/essence parfait. J’ai donc avalé 11 heures de selle sans m’arrêter, à peine dix minutes pour avaler une assiette de lentilles. Alors, je te le dis, heureusement que mon AG100 était là avec sa note parce que 11 heures de Céline Dion, pas sûr que j’aurais supporté.
Je t’avoue que ce vent de dos et cette régularité, ça m’a pas un peu arrangé. Car l’objectif était de gagner du temps pour mieux en perdre ensuite (oui c’est un concept que j’ai inventé). Car aujourd’hui, je voulais tracer jusqu’à Agadir pour ensuite reprendre des pistes plus au sud. J’avais bien une trace qui m’emmenait du côté de Mahmid, Msied mais c’eut été un peu gourmand et prendre le risque de compromettre la suite. À Agadir, j’ai mes petites habitudes. J’ai filé chez la Brucy Family (RandoRaid Maroc) dont la porte m’est toujours ouverte. Jean Bru Qui ? 16 Dakar moto, 12 fois à l’arrivée. « Le Saint Bernard du désert », un mec calme et hyper humble accompagné de son adorable femme Géraldine. Des personnages quoi. On a déterré quelques vieilles histoires, Jean a jeté un oeil à mon problème d’éclairage, resserré mon sélecteur qui se faisait la malle, et je suis reparti dès le lendemain. Merci les Brucy.
Petites habitudes
Pas pour tous
Aujourd’hui, objectif piste jusqu’au sud de Sidi Ifni. Bon, là encore pas simple mais je m’accroche, quand même, à mon idée de moto simple et peu puissante pour rallier Dakar. Au sud d’Agadir, il parait que tout est goudronné. Bah non. Le long de cultures, dans le désert j’ai trouvé plein de pistes qui te détruisent les bras. Oui parce qu’à piloter avec tout son barda, mon AG est bien plus exigeante avec les bras que n’importe quelle meule d’enduro. Un petit déséquilibre sur la droite que tu dois corriger d’un coup de guidon à gauche ? Et c’est tout le poids qui te revient à ce moment là, puissance dix, dans le guidon et que tu dois contrer. L’AG 100 ? 9 chevaux à ne clairement pas mettre entre toutes les mains.
Fort Bou Jerif
Du côté de Sidi Fini, j’ai eu un flash. Mais au fait ? On n’est pas loin de Fort Bou Jerif ? Aujourd’hui, ça fait presque kitch d’aller là-bas mais faut m’excuser, moi, c’est une de mes madeleine de Proust. Et pour plusieurs raisons. Milieu des années 95, l’endroit restait assez compliqué d’accès. Au détour d’une piste cassante et caillouteuse, on découvrait une forteresse de l’armée française érigée en 1935 pour lutter contre les pillards du Rio de Oro qui « semaient le trouble dans les territoires pacifiés ». Au début, il était occupé par des cavaliers, mais ceux-ci furent ensuite remplacés par un groupe de méharistes beaucoup plus adapté à l’environnement désertique de la région.
Souvenir, souvenir
Aujourd’hui, ça reste une impressionnante ruine où l’on pourra aller observer le système de récupération des eaux de pluie, et (difficile d’appeler une curiosité) le mur ayant servi aux exécutions (des traces de balles étant encore visibles). De façon un plus légère, Bou Jerif, c’est aussi pour moi le lieu pour j’ai mordu le tableau de bord d’un Land Rover pendant plus de six heures. Non par gourmandise(quoi qu’un T90, ça se laisse facilement apprécier) mais plutôt parce, sur la piste qui y menait je m’étais cassé têtes de radius et de cubitus. Pour conjurer ce coquin de sort, j’y étais revenu passer un 31 décembre en famille. Un peu plus reposant.
Oasis, oasis, oasis, ho !
Juste derrière la forteresse, tu trouveras d’ailleurs une auberge assez connue (du même nom « Fort Bou Jerif ») une oasis de bienvenue. Bon, ne te fie pas trop aux avis internet qui annoncent que la piste qui y mène fait que « ça se mérite » car ça passe avec une berline hein ;-) Pourtant, Fort Bou Jerif reste un incroyable point de départ pour Plages Blanches, une autre de mes madeleines de Proust.
Ça goudronne
Bon, j’avoue que j’ai pris une petite claque … de déception. Pas pour Plages Blanches en elles-mêmes mais pour la route qui y mène. En 2019, avec Amaury et sur nos Transalp, nous avions du, de nui, faire une bonne quarantaine de kilomètres sur une piste trialisante, défoncée et accrochée à flanc de falaise. 4 ans plus tard, un bitume nickel l’a remplacée. Le Maroc va vite, très vite.
Feel Goog
Reste qu’au moment où la route s’éloigne du bord de mer, il est toujours possible de descendre sur la plage pour une très longue et solitaire chevauchée jusqu’à Tan Tan. Attention il faut bien calculer son coup et prévoir d’y être deux heures avant la marée basse (tape « low tide plages blanches » et tu trouveras toutes les infos). Là, j’ai renoué avec le goût sucré et tendre de ma Madeleine. Une plage immense. Personnes sauf quelques mouettes gourmandes. Et des pêcheurs qui font face, avec leurs filets, à l’Océan remontant soles, Saint Pierre et Loups et logeant dans de toutes petites cabanes en bord de plage. C’était vraiment bon.
Le TGV
Je suis remonté sur le plateau pour finir par les pistes jusqu’à Tan Tan. Et là, mec, j’ai pris une deuxième gifle. Ce n’est plus une route qui file plein sud mais une autoroute faite par les chinois. Une double voie, immense, certes limitée à 100 km/h (c’était bien assez pour moi) mais royale. J’ai du mal à te dire si j’ai aimé. Ou pas. Je me dis que Paris Dakar était un vrai périple auparavant. Là, je pense que bien motivé, en quatre jours, ça se fait et je plaisante pas. D’où l’absolue nécessite aujourd’hui de se trouver des traces, d’aller se perdre à la frontière algérienne, vers Msied, Smara.
What’s next ?
Bon, j’ai pas craché dessus non plus hein. Vente d dos, je n’ai mis qu’une petite vingtaine d’heures pour avaler les 950 kilomètres jusqu’a Dakhla. Le tout sans quasiment aucun contrôle routier là où auparavant, il fallait distribuer un nombre incalculable de fiches pré imprimées (nom du père, de la mère, adresse, profession …) et répondre à une sympathique curiosité. Et oui, au risque de te décevoir, va falloir qu’on trouve autre chose que ce Paris Dakar comme challenge. Bon, j’avoue, je me suis pas trop creusé pour trouver. La Mauritanie, ses décrets immenses me tendent les bras.
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Bravo Lolo. Avec ton bolide tu me fais penser à Fred Tran Duc !
Paris – Dakar en 4 jours ?
5500km/4 = 1375km/jour …
Mouaif … Pas impossible … Certes … Mais va falloir un petit chouïa plus qu’une bonne motivation … Iron But Chalenge ???
Disons 10h/j en selle à 70km/h de moyenne (Ce qui est déjà pas mal…) : 700km/j pendant 8 jours…
Aller ! Soyons fous, tout en sachant se fixer des objectifs réalisables : 15 jours pour l’aller-retour !!!
;-) ;-) ;-)
C’est sûr que cela doit changer. Dernière descente en 2015. Tu roules dans les meilleures conditions, au bord de l’océan et vent dans le dos. Plus de fîches, quel changement, sans parler du convoi que t’as du connaître.
Les habitués de cette descente on tous des habitudes. Mais parfois y a aussi des surprises.
Le plus intéressant dans ton projet, c’est pourquoi tu le fait. J’espère que tu fera une bonne récolte pour l’association.