Chez Yamaha, les ingénieurs estiment qu’une direction assistée est tout à fait envisageable sur les motos. Ils ont d’ailleurs déjà bien avancé sur leur système baptisé EPS, Electric Power Sterling, qui doit améliorer la stabilité et la manœuvrabilité « pour plus de fun, de sécurité et de confort ».
La direction assistée pas que pour les voitures ?
Cela fait des années que l’automobile utilise la direction assistée et nous serions tous à hurler si notre voiture n’en avait. Pourtant, à moto, il est encore impensable d’avoir un tel système, car il empêcherait de piloter comme il se doit, de ressentir la route et de maîtriser correctement sa machine.
Il existe des amortisseurs de direction sur certains modèles haut de gamme, qui permettent d’améliorer la stabilité à haute vitesse. Mais cela se fait généralement au détriment de la manœuvrabilité à basse vitesse.
Yamaha ne veut plus de ce compromis et l’EPS doit permettre une remontée d’information suffisante pour le pilote, tout en subissant moins les contraintes de la roue avant.
Comment l’EPS fonctionne ?
C’est assez différent de ce que l’on trouve sur les voitures. Le système Yamaha utilise des capteurs de couple magnetostrictif, qui transmettent des informations à l’ECU, l’ordinateur de bord, pour ajuster l’assistance, c’est-à-dire le couple de rotation de la colonne de direction.
Ceux qui font du vélo électrique connaissent déjà ce système, puisque c’est le même principe qui permet de gérer l’assistance électrique en fonction de la vitesse à laquelle vous pédalez.
L’EPS doit donc agir comme un amortisseur de direction pour améliorer la stabilité à haute vitesse et faciliter les manœuvres à basse vitesse. Le système existe déjà sur des véhicules Yamaha de série puisqu’il est utilisé en quad et en motoneiges.
Cela change quoi ?
L’EPS est capable de faire la différence entre vos actions et les forces extérieures qui s’exercent. La direction va ainsi compenser les effets des irrégularités sur la route, comme les bosses.
Donc la moto sera moins physique pour le pilote, qui sera plus en contrôle. L’autre effet positif, c’est qu’un tel système pourrait permettre d’agir sur des réglages différents que vous ne pourriez utiliser sans cela.
À plus long terme, le système pourrait aussi modifier la physionomie des motos et remettre en cause certains concepts, notamment au niveau du train avant.
Ils en sont où ?
L’EPS pour les motos en est encore au stade de prototype et comme souvent, c’est la compétition qui sert de laboratoire et de terrain d’essai grandeur nature. Cela commencera au Japon dans le championnat de Motocross sur les YZ450FM et YZ250F. L’objectif est d’accumuler assez de données pour accélérer le développement du système.
Honda travaille aussi sur un système similaire avec le « Riding Assist concept » qui permet de maintenir la moto en équilibre, même à l’arrêt. Les Allemands de BMW ont même montré au CES de Las Vegas, un prototype de R 1200 GS capable de rouler sans pilote.
Peut-être que dans quelques années, ce système deviendra aussi indispensable qu’un ABS, un anti-patinage ou une commande de gaz ride-by-wire. L’ordinateur de bord continue de prendre de plus en plus de place sur nos motos. Ce qui pourrait, avec l’adjonction des radars d’angles morts et autres, mener vers des motos semi-autonomes et des systèmes de sécurité proches de ceux des voitures.
Plus de sécurité, mais aussi plus de performance. Pour les pilotes les moins talentueux, ils pourront envisager de maitriser la glisse en virage, d’améliorer leurs trajectoires en restant en contrôle de la moto, bien aidé par l’ordinateur. Un futur dans lequel nous sommes tous Rossi est possible !
Cet article a été écrit par Julien Muntzer: “Journaliste depuis 2010, j’ai d’abord été reporter pour France24 et TV5Monde avec beaucoup de voyages en Afrique. Mais comme je suis un peu farfelu et surtout obsédé par la moto depuis gosse, j’ai décidé de remonter en selle à la trentaine. La moto, c’est le fil rouge idéal pour vivre et raconter de belles histoires, en en prenant plein la gueule”.