Le Bib mousse ressemble un peu à une frite de piscine. Normal, c’est un gros tube de mousse. Mais n’essayez pas de glisser une frite dans votre pneu à la place de la chambre à air, ça va mal finir. Quel est l’intérêt du Bib mousse ? Sans air, plus de crevaisons, c’est imparable. Mais l’utilisation du “Bib” peut être très contraignante. 

Appelez-le Mousse, Bib Mousse

Michelin est une entreprise sérieuse. Mais parfois les ingénieurs pètent un peu les plombs. C’était sûrement le cas avec le nom “Bib Mousse”, qui donne l’impression que les amateurs de tout-terrain sont biberonnés à la bière, ce qui est faux bien évidemment. 

Bib, c’est le diminutif de Bibendum, et mousse le matériau utilisé. Plus exactement, du butyle multicellulaire dont la composition chimique exacte reste secrète et surtout obscure pour le commun des mortels. Mais il s’agit d’une mousse ultrarésistante dont la densité remplace la pression de l’air dans un pneu.

Le Bib mousse a été développé par Michelin dans les années 80, pour apporter une solution aux pilotes du Dakar qui avaient des crevaisons à répétitions et perdaient du temps à changer leur chambre à air. Depuis, son usage est largement répandu en rallye-raid, mais aussi en enduro et en motocross. Quand il y a de la terre, il y a de la mousse.

Désormais, les pilotes n’ont plus peur de crever 100 m après le départ. Le Bib mousse est suffisamment dense pour protéger des pierres, même lancé à pleine vitesse. Mieux, il peut servir de bouclier pour votre jante et sauver votre roue en empêchant ladite pierre de tout détruire. 

La vie en Bib

Mettons-nous en contexte. Vous voilà engagé dans votre petite compétition du weekend, vous avez installé votre Bib mousse la veille du départ, non sans effort, et vous avez l’esprit libre pour le reste du weekend. Aucune crevaison ne viendra gâcher votre course, vous n’avez pas à trimballer des chambres à air de rechange, ni les outils pour effectuer la réparation. Le gain de poids est énorme. 

En fin de journée, toujours pas de pression. Une fois le Bib glissé dans le pneu, la densité de la mousse remplace la pression d’air. Généralement elle correspond à 0,9 bar pour un usage enduro/motocross. Mais les pilotes en rallye-raid préfèrent prendre un équivalent 1,1 bar. 

Je vous ai retrouvé l’extrait dans lequel Amaury parle du Bib mousse avant son départ au Dakar.

La durée de vie de la mousse dépend de votre usage (vitesse, terrain, poids, etc.) et se situe, sur le papier, entre 3 et 5000 km.Le Bib une fois installé a une date limite d’utilisation de 6 mois, au-delà la mousse va se dégrader rapidement. En compétition, notre camarade Momo Baratin reconnait utiliser une mousse par pneu. Et ce n’est peut-être pas plus mal, car retirer un Bib dégradé, est une tannée puisque le silicone a dû sécher et que la mousse est abimée.

Le Bib un peu bof ? 

Si le Bib mousse était une solution miracle, nous roulerions tous avec. Il possède certains inconvénients le limitant à une utilisation très spécifique et qui ne vous correspondra peut-être pas, malgré les avantages.

D’abord, le Bib est beaucoup plus cher qu’une chambre à air à 20 euros. Il coûte en général une centaine d’euros. Un budget conséquent, mais vite amorti en quelques crevaisons et autres crises de nerfs en regardant vos concurrents vous passer sous le nez pendant que vous réparez.

Ensuite, c’est un enfer à monter. Imaginez vous devoir remettre une chambre à air déjà gonflée dans le pneu. Mais les habitués de la mousse, comme Momo (Baratin) vous diront que c’est un coup à prendre. Il y a 2 astuces : utiliser beaucoup de lubrifiant pour faciliter la manœuvre et bien s’entrainer au calme dans son garage pour trouver la technique. Cela évitera les coups de chaud le soir au bivouac si vous devez le monter. 

D’ailleurs, le Bib mousse déteste les coups de chaud. Michelin le dit clairement : sa mousse n’aime pas rouler par plus de 40°c de température ambiante. Il faut ensuite éviter que la température du pneu ne monte trop haut en roulant. C’est pour cela qu’il est fortement déconseillé et presque interdit de rouler avec une mousse sur les routes bitumées. La vitesse va faire monter le pneu en température et donc dégrader le Bib. Vitesse max conseillée : 90 à 130km/h. Voilà une bonne excuse pour fuir les autoroutes.

Enfin, il faut éviter que la mousse ne frotte à l’intérieur du pneu, car elle va chauffer et donc se dégrader rapidement. Et comme c’est chiant à changer, mieux vaut écouter ce conseil. L’astuce, c’est de lubrifier ! Appliquez en abondance du lubrifiant à base de silicone pour éviter les frictions sur le pneu et prolonger la durée de vie. Michelin vous fournit un petit tube de 50g mais vous pouvez trouver des pots de 1L sur le marché. 

Finalement, les inconvénients sont minimes par rapport à la plus-value apportée. La principale question, c’est de savoir si vous avez des habitudes bien rodées avec les chambres à air et un usage qui ne nécessite pas un changement radical, et si l’utilisation du Bib peut s’intégrer à votre routine.

Conduite en mousse ?

Rouler avec un Bib mousse change aussi au niveau du feeling de conduite. Une certaine sensation de rouler avec une faible pression et un pneu avec moins de rebond. Le pneu va s’aplatir un peu plus avec une plus grande zone de contact, donc une meilleure traction. Il demande une certaine habitude, notamment concernant l’agilité. L’usage du Bib mousse est à privilégier pour les terrains durs, glissants.

Certains pilotes ne veulent plus de chambres à air, d’autres ne mettent un Bib que sur le pneu arrière, le plus sollicité et celui qui craint le plus les crevaisons. 

La mousse n’est que Bib ?

Dans la mousse, Michelin est désormais sous pression (vu le jeu de mots ?), certaines marques comme Metzeler proposent des mousses adaptées à leurs pneumatiques. Il existe aussi des marques « génériques ». Mais la mousse version Bib reste une valeur sûre et un gage de qualité. Surtout, si vous avez des pneus Michelin, puisqu’ils sont conçus pour parfaitement se glisser à l’intérieur du gommard.

Comme il faut toujours essayer, j’ai proposé à Amaury et Lolo de partir faire un comparatif Bib mousse. Mais on a du mal se comprendre, ils sont partis au bar comparer d’autres mousses …

Si vous avez des conseils, astuces et retour d’expérience, n’hésitez pas à partager aux autres en commentaire !

Cet article a été écrit par Julien Muntzer: “Journaliste depuis 2010, j’ai d’abord été reporter pour France24 et TV5Monde avec beaucoup de voyages en Afrique. Mais comme je suis un peu farfelu et surtout obsédé par la moto depuis gosse, j’ai décidé de remonter en selle à la trentaine. La moto, c’est le fil rouge idéal pour vivre et raconter de belles histoires, en en prenant plein la gueule”.

Par |Publié le : 22 mars 2022|4 Commentaires|

Partager cet article

4 Commentaires

  1. Daniel Muscala 2 mars 2023 à 11h10-Répondre

    Hello tout le monde

    • Daniel Muscala 2 mars 2023 à 11h11-Répondre

      Ca me parait fou que des pilotes du Dakar utilisent des Bib pour leurs pneus sachant les chaleur extrême qu’il y a la bas

  2. Sam 22 mars 2022 à 14h54-Répondre

    Étant donné que les pilotes du Dakar font des liaisons de parfois plusieurs centaines de kilomètres au alentours de 130km/h sur route, que ces liaisons sont aussi parfois avant la spéciale, et qu’ils ne changent pas de bib mousse tout les jours.
    On peut penser que l’interdiction de rouler sur la route n’est plus vraiment une interdiction, ce qui pourrait ouvrir le bib mousse à un plus large public.
    Mais dans ce cas, quel est la réelle durée de vie et comportement dans la dégradation d’un bib mousse sur route bitumée ?

    • Julien MUNTZER 6 avril 2022 à 11h14-Répondre

      Salut Sam, question légitime effectivement. J’ai encore discuté avec des pilotes habitués à rouler en bib, ils m’ont dit que la vitesse sur bitume détruit très rapidement la mousse donc ils déconseillent. Concernant le Dakar, Amaury change de pneu arrière (donc de bib) tous les 2 jours, les top pilotes changent de bib tous les jours. Ça peut tenir 1 semaine selon Amaury, mais c’est prendre un risque, car le bib se dégrade vite avec la chaleur aussi. Sur les liaisons, ceux qui roulent à 130km/h, savent qu’ils vont changer de mousse en arrivant, les autres auront plus de retenue sur la poignée de gaz.
      Bref, le bib sur le noir, ce n’est pas pour demain.

Laisser un commentaire