MOMO BIEN ARRIVÈ À DAKAR … NON AU DAKAR

Momo, j’aime bien le taquiner. Et lui aime bien m’envoyer, en retour, son flegme désormais devenu légendaire (parfois réel, parfois un peu moins ;-) Du coup, le Momo, quand il m’a appelé par Whatsapp depuis le bivouac d’Alula (Arabie Saoudite), je lui ai lancé un: “alors Momo, tu te fais pas trop c… ?”

Il m’a répondu que non. Qu’il était arrivé depuis le 1er janvier dans la nuit mais tard: “vers minuit. Ce qui change cette année, c’est que tout, absolument tout, se passe sur le bivouac. D’habitude, on arrivait à Djeddah et on était obligés de se taper des allers-retours entre l’hôtel et là où étaient les motos, toute la journée. Là, on est descendus de l’avion, on est allés sur le bivouac et on en bouge plus jusqu’au départ. Je suis pas sûr que les officiels soient ravis de dormis sous la tente mais pour nous, c’est top. ça évite de prendre des taxis.”

A peine arrivé, Momo, il n’a pas pu s’empêcher de sortir la clé de 12 et de bricoler sur sa moto qui est pourtant raide de neuve. En même temps, c’est pour la bonne cause. Le Road Book est cette année LA grosse inquiétude au sein de ce Dakar. Puisque les concurrents passent à la tablette numérique. Enfin pas tous. Car les tests faits au rallye du Maroc en octobre derniers n’ayant pas été concluants (beaucoup de problèmes de télécommande), les top riders n’en ont pas voulu et sont restés au dérouleur papier. A savoir les 25 pilotes en catégorie Rally 1 (les pros) ainsi que les 10 premiers de la catégorie rallye 2 (ceux qui disputent le championnat du Monde). Les autres sont au régime digital. Momo au régime ?

Seulement voilà, pour lire cette tablette telle qu’est fournie et fixée, “il faut se mettre assis sur la selle … sinon impossible de lire les notes. Du coup, le Momo, il t’a mis quelques coups de scie dans tout ce bazar pour mettre sa tablette plus à plat et pouvoir la lire en mettant du gros gaz (il a promis que non). “Surtout quand tu roules vite, épaules en avant. On verra bien si ma modification est efficace. Je risque de souffrir un petit peu lorsque le soleil sera au zénith mais le reste du temps, soit elle sera protégée du soleil par la bulle, soit elle sera protégée par ma propre ombre (Momo aucune ombre ne peut le suivre). Si ça se trouve, je reviendrai à la position plus verticale après la première vraie journée mais là, lors du Shakedown (spéciale de 20 km où il est possible de tester une dernière fois les motos), ça m’allait bien.” Momo content ?

Note bien que le Momo n’est pas contre le changement: “c’est même l’avenir mais quand ça sera bien au point. Car désormais tout est dans cette tablette, y compris le système qui te permet de valider tes points GPS. D’ailleurs, si tu te mets une boîte (mais comme il va rouler doucement …) et que tu casses ta tablette, tu ne peux plus valider tes waypoints et t’es obligé de suyivre un mec toute la journée.” Momo suivre qui ?

Chaque année, c’est la même rengaine. David Castera, directeur du Dakar annonce un Dakar plus dur que jamais. Sauf qu’il dit chaque année la même chose. Sauf que là, il a promis que ce serait le cas. Pour de vrai. Et Amaury pense aussi, que ce sera le cas. “L’an passé, il y avait beaucoup d’étapes. En fait, plein de petites étapes qui s’enchainaient dans “l’empty quarter”. En fait, les organisateurs pensaient qu’en regardant le temps qu’ils mettaient à faire les recos avec leurs 4×4, ça allait être dur. Sauf que les tops pilotes torchaient les spéciales en une heure vingt.”

“Du coup, cette année, les étapes seront bien plus longues. Demain c’est le prologue. Ensuite les spéciales 1 et 2 sont annoncées comme chaud patate avec énormément de caillasse. Les spéciales 3 et 4, c’est la journée marathon. Si tu te bourres et que tu casses du matériel, t’as pas de matériel pour réparer. Journée 6 et 7, on est encore dans le dur. On a 600 kilomètres de grosses dunes à se répartir sur deux jours. Il y aura 8 bivouacs différents répartis dans le désert. A 16 heures pile, tu devras rejoindre l’un de ces bivouacs et ce n’est que le lendemain qu’on pourra repartir. Ils vont nous jeter une tente, un duvet et des rations pour bouffer. Je pense que je vais charger un peu plus ma moto avec une doudoune et peut-être un duvet pour être sûr de ne pas me geler.”

” A l’issue de cette 7ème journée, on devra déposer nos motos pour une liaison de 1,000 kilomètres en avion. ça veut dire que quand tu sortiras de l’empty quaretr, un avion ne sera pas forcément dispo pour rejoindre Riyadh. On devra attendre le suivant. Et nos motos n’arriveront elles et également par les airs que le lendemain matin. Du coup, il va falloir faire fissa lors de la journée de repos pour remettre la moto en état. ça sera plus tendu que d’habitude.” Momo tendu ? Après cette semaine, Castera annonce la semaine suivante comme un Dakar normal. Le challenge sera donc de franchir cette première semaine.

“J’ai vraiment envie de le finir ce Dakar. Maintenant, je me connais … je suis déjà en train de me mettre en pression pour le prologue. J’ai pas envie de partir derjo pour la première journée quand même. Et puis, ça fait quand même presque un an et demi que je ne suis pas monté sur une moto de rallye, depuis notre dernier Africa Eco Race. C’est pas super simple. Rien que sur le shakedown, j’ai déjà failli m’en coller deux, sans attaquer, juste parce ce que c’est super piégeux dans la caillasse.”

Si la musique infernale que j’entendais sur le bivouac lors de cette conversation s’arrête, Momo devrait passer une bonne nuit. 8h24, il quittera le bivouac pour une heure de liaison, disposera de 20 minutes de battement (pour permettre aux top riders d’enrouler le road book dans le dérouleur) avant 27 kilomètres de spéciale pour ce prologue. On devrait avoir des nouvelles assez tôt demain.