Momo a décidé d’en baver en 2022. À peine remis de ses aventures camerounaises, Momo Govignon s’est fait une séance de balnéothérapie au Touquet, en prenant le départ de l’Enduropale. Engagez-vous qu’ils disaient !

T’as voulu voir la mer !

Pendant que nous étions au chaud, confortablement installés dans notre canapé à regarder l’Enduropale, Momo Govignon était en enfer. Et ce sont ses propres mots : « C’était l’enfer, la piste était défoncée, le sable était très sec, donc très mou et j’en ai vraiment très, très chié !  Mais bon je le savais avant de venir ». 

Momo, est avant tout un poète-philosophe. Mais c’est aussi un scientifique qui mène des expériences de terrain. Lui, il a voulu valider la théorie d’Einstein : « Deux choses sont infinies : l’univers et la connerie. Mais pour l’univers, ça n’a jamais été prouvé… ».

Avant même de s’engager, Momo était très sûr de ses faiblesses. Un état de conscience proche de l’illumination Zen : « Je n’ai pas le niveau, je n’ai jamais fait de course de motocross de ma vie ! ». Trois heures, quatre tours et un drapeau à damier. Ce n’est peut-être rien pour vous, mais pour lui ça veut dire beaucoup. Reprenons le fil de la course qui a transformé Momo en pilote professionnel des bacs à sable. 

Au départ, il y a le départ !

Des centaines de concurrents alignés sur la plage, qui partent gaz en grand à l’assaut des dunes. Alors, j’ai demandé à Momo ce que ça donnait de l’intérieur ce grand bordel : « En fait, tu n’es pas noyé dans la masse. Moi j’étais un peu en retrait. Mais le fait qu’il y ait foule, ce n’est pas le plus gênant : il y a de la visibilité et la plage est large. Et contrairement à Douala, il n’y avait pas un camion qui passait par là à contre-sens ! ». Si vous n’avez pas lu son aventure africaine, faites le pour comprendre l’état d’esprit du bonhomme, je vous remets le lien. 

Reprenons le récit : « Tant que tout le monde est à sa place, ça va, mais quand un mec passe tout près, pour un blaireau comme moi ça finit par terre. Parce que tu as peur et comme tu es déjà à la limite, bah tu tombes ! Mais les vrais vite (comprendre les pilotes pros), ils partent devant tout de suite ou alors ils ont le temps de voir de quel coté je vais tomber. ».

Momo, survit, Momo est debout sur ses roues et se retrouve au bout de la ligne droite : « Dès ce moment, j’ai eu un doute sur le bien fondé de ma participation, doute avéré dès le premier virage. ». Momo est un héros pour lui-même, un brave pour nous dans notre canapé. Il avale son premier tour à la même vitesse que j’ai avalé mon déjeuner du dimanche, bu mon café, sorti le chien et fait une sieste : en 36 minutes. Une p*t**n de performance, dit-on dans le jargon journalistique.

Momo découvre la technique

Les mètres s’enchainent à une vitesse incroyablement raisonnable. Momo, qui est habitué au bitume bien dur, découvre les lois de la physique : le sable, c’est mou : « Il n’y a pas de fond ! Si tu ne mets pas du gaz, tu ralentis et tu t’enfonces. Doucement la moto s’échappe vers l’ornière la plus proche sans que tu ne lui demandes rien, et tu te retrouves à 90 degrés en travers sur la piste. ». 

Loin de son univers habituel, notre brave évite le carambolage et apprend sur le tas de sable. Il progresse à chaque dune avant d’établir une seconde loi de la physique de plage : « Il faut regarder super loin pour pouvoir oser aller assez vite. Il faut du gaz !”

Momo insiste, il repart, il pousse sur ses petites jambes avec ses grosses cuisses musclées. Mais Momo met du temps à lever son cul. Il le sait. « Il m’a manqué deux trucs : l’équilibre à basse vitesse, pouvoir être debout tout de suite pour pouvoir mettre du gaz rapidement. Et travailler du cardio pour garder la patate assez longtemps. ».

Ravitaillement fin du 3e tour, Momo se dit prêt à repartir pour deux tours. Sauf que son corps d’athlète le trahit. Esprit veut, corps veut ? Rien à faire, corps ne veut plus et Momo s’enfonce dans son enfer de sable, «  Sans physique, tu n’arrives pas à garder du gaz, donc tu ralentis, donc tu en chies encore plus, donc tu as du mal à mettre du gaz, donc tu ralentis, donc tu en chies encore plus. » Un cercle vertueux bien connu des spécialistes de la discipline. 

Sans repos, ni répit 

Le quatrième tour se transforme en purgatoire. Une heure pour faire 14 km. Momo fait plus de pâtés de sable que de moto. « Lolo m’avait dit qu’il fallait s’habituer au « goût merde », j’ai compris ce qu’il voulait dire », décrypte notre héros.

Le brave a tout fait pour garder son calme et ne pas gaspiller son énergie en s’énervant à chaque chute. Mais au Touquet, tout est fatiguant, même la ligne droite :J’avais le guidon qui tapait dans tous les sens, j’étais en arrière, les bras qui tirent. Dès la première ligne droite de 6 km, j’ai souffert. Le problème, c’est que tu es au bout de ta vie en permanence, il y a un moment le mental ne peut plus te sauver.”

Le drapeau à damier tombe sur notre héros. Momo est sauvé d’un enfer qu’il a parcouru à 15 km/h (environ). Momo le philosophe parvient à trouver un parallèle subtil avec la vie : “À chaque tour, tu te dis que tu as réussi. Et à chaque tour, tu reviens au point de départ et tu recommences !”.

Conférence de presse d’après-course

Momo Govignon, 814 ème sur 1166 partants et top 3 de la catégorie blaireau-optimiste : “C’était génial, c’est le défi en mode survie et tu viens pour en chier ! Il faut le faire pour se rendre compte de ce que c’est et de ce que les mecs devant sont capables de faire pour performer. Il faut un niveau technique et une condition physique de malade.”.

Momo était venu avec ses potes. Parce que c’est bien connu, ça circule toujours en bande ! Alors, un petit clin d’oeil à chacun d’entre eux :

Bravo à Gaël, qui a pris le départ de la classique avec une moto qu’il n’avait pas démarrée depuis 3 ans et qu’il a rafistolée avec des bouts de plastiques douteux avant le départ.

Bravo à Lionel, qui a tout fait pour en chier en roulant avec une Husaberg. Il a dû abandonner. Un brave tombé au combat avec panache !

Bravo au chat potté, qui a fini en 4 tours, mais derrière Momo. Il parait qu’il va passer l’été à la montagne, loin de la plage.

Bravo à Maxime, 5 tours en Honda 400XR. Rien à ajouter.

Bravo à Thibaud, qui a fait six tours et un accrochage avec l’un des leaders : Todd Kellett. Bref, la classe !

Bravo à Benoît, le plus expérimenté de la bande. Trahi par son embrayage, mais 5 tours quand même.

Parce que tout a une fin, sauf la banane qui en a deux

Tous ces joyeux motards étaient ravis de leur weekend, un bon moment entre copains et une idée à la con que tout le monde a apprécié : « On s’est tous quittés ce matin avec la banane et le sentiment d’avoir fait partie d’un truc, d’une aventure que tu regardes d’habitude à la TV », explique Momo.

Alors, je leur ai demandé s’ils allaient recommencer l’année prochaine : « on n’y retournera pas. Là, il faisait 10 °c, il y avait du soleil. Si on revient fin janvier, dans le froid et la pluie, on va être déçus ! ». L’expérimentation scientifique prend donc fin. 

Et juste avant de me dire au revoir, Momo me balance :«  Par contre toi, tu vas devoir le faire l’année prochaine ! Si tu n’as jamais piloté dans le sable, c’est parfait, tu vas le vivre à fond ! ». Mince, les idées à la con, c’est contagieux !

Cet article a été écrit par Julien Muntzer: “Journaliste depuis 2010, j’ai d’abord été reporter pour France24 et TV5Monde avec beaucoup de voyages en Afrique. Mais comme je suis un peu farfelu et surtout obsédé par la moto depuis gosse, j’ai décidé de remonter en selle à la trentaine. La moto, c’est le fil rouge idéal pour vivre et raconter de belles histoires, en en prenant plein la gueule”.

Par |Publié le : 1 mars 2022|1 Commentaire|

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Un commentaire

  1. courtin 3 mars 2022 à 18h47-Répondre

    vous êtes de véritables dingues
    mais des doux dingues
    bravo a vous

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