Lucky Explorer : Le retour de la Cagiva Elefant ?

La Cagiva Elefant était une pionnière du Paris-Dakar dans les années 80 et une terreur des dunes dans les années 90. Avec 2 victoires aux mains d’Orioli en 1990 et 1994 et de nombreux podiums, l’Elefant était devenue une icône. Mais les problèmes financiers ont fait tomber la marque italienne dans l’oublie. 

Et voilà que MV Agusta, propriétaire de Cagiva, décide de suivre la mode actuelle et de se mettre au trail. Les Italiens de Varese s’appuient sur l’histoire de Cagiva pour gagner en légitimité et font revivre le mythe au travers du Lucky Explorer project. Une référence à la livrée des motos du Dakar sponsorisées à l’époque par British American Tobacco. 

Au salon de l’EICMA à Milan, MV Agusta a donc dévoilé deux prototypes très avancés: le 9.5 et le 5.5 

Des deux machines, c’est la plus prometteuse. Un trail résolument haut de gamme et résolument tourné vers le off-road. 

Au premier regard, le design agressif évoque bien l’ancienne Elefant mais nous fait aussi penser à l’Africa Twin avec sa signature lumineuse à l’avant. La moto possède des protections un peu partout, notamment au niveau des admissions d’air et le moteur est bien enveloppé par son sabot pour le protéger au maximum. Quant au pilote, il est caché derrière une bulle haute et de grands pare-mains. Voilà une moto qui prévoit le pire. 

Son moteur est une extrapolation du 800cm3 « trepistoni », le trois-cylindres en ligne, doté du célèbre arbre contra-rotatif utilisé chez MV Agusta. Modifié en profondeur, il a été poussé à 931cm3 pour en tirer 123ch à 10 000tr/min, ce qui semble raisonnable. Mais il faut regarder du côté du couple plutôt que de la puissance puisque MV Agusta annonce 102Nm à 7 000tr/min.

Les caractéristiques du châssis et de la partie cycle annoncent aussi une vraie baroudeuse. Le cadre est un double berceau en acier pour assurer rigidité et solidité. Côté suspensions, à l’avant c’est une fourche inversée Sachs 50mm semi-active avec 220mm de débattement. À l’arrière, c’est un double bras oscillant en alliage d’aluminium avec un amortisseur progressif Sachs de 210mm de débattement. 

Les roues non plus ne mentent pas sur sa vocation : 21 pouces pour l’avant, 18 pouces pour l’arrière. 

La 9.5 est une grande moto mais ce n’est pas un Panzer. 1.580mm d’empatement, 980mm de largeur, une hauteur de selle de 850-870mm, une garde au sol de 230mm et un poids (à sec) de 220kg seulement, MV Agusta cherche a garder une moto la plus compacte. Enfin, elle possède un réservoir de 20 litres pour vous emmener le plus loin possible, enfin, on attend de connaître la consommation !

Côté freinage, elle aura ce qu’il se fait de mieux avec du Brembo Stylema (radiaux, 4 pistons, double-disque de 320mm à l’avant) qui seront protégés par des caches en carbone. 

La 9.5 devrait être bardée d’électronique, assistances et modes de conduite en tout genre, suspensions réglables électroniquement et un écran TFT 7 pouces qui pourra se connecter à votre smartphone.  Et surtout, vous pourrez opter pour la possibilité d’avoir une boîte automatique Rekluse qui devrait être assez similaire à la boîte automatique DCT de chez Honda sur l’Africa Twin.

Le deuxième trail joue lui aussi sur le mimétisme avec l’ancêtre Cagiva. Signature lumineuse ronde qui rappelle l’Elefant et couleurs Lucky Explorer, la 5.5 est un trail moyenne cylindrée, aux ambitions plus modestes. 

Ce trail est développé en partenariat avec QianJiang qui possède Benelli notamment. La moto va donc être une évolution de la QJMotor SRT 500, plus connue en Europe sous le nom de TRK 500. Elle va en reprendre le cadre en acier treillis tubulaire, ainsi que le bras oscillant. Mais elle devrait être un peu plus qu’une TRK rebadgée grâce à des équipements haut de gamme avec des freins Brembo et une fourche KYB de 43mm par exemple. 

La 5.5 sera aussi équipée d’un moteur de chez QJ mais qui a été modifié pour l’occasion : de nouvelles valeurs d’alésage et de course, pour une cylindrée de 554 cm3 qui développera 47,5ch et 51Nm de couple. Naturellement bridée A2 donc, la 5.5 s’adresse aux primo-accédants qui veulent un trail qui a de la gueule. 

La 9.5 risque de se retrouver dans une guerre fratricide puisque Ducati sort son trail nommé Desert X. Un teststretta V-Twin de 937cm3, qui réclame lui aussi l’héritage Dakar de Cagiva, car à l’époque, elles étaient motorisées par Ducati !

En attendant, MV Agusta joue à fond la carte nostalgique en créant tout un univers Lucky Explorer, qui s’appuie sur les images des Cagiva des années 90.

Sur le site dédié, il est possible de trouver des archives, de suivre le développement des motos et de laisser les fans prendre part à l’aventure en tant qu’ambassadeurs. Une jolie pirouette marketing pour une stratégie de fidélisation autour de la relation client.

Il reste cependant un éléphant dans la pièce, puisqu’on ne sait pas encore si ces trails seront officiellement nommés Cagiva Elefant. Pour MV, cette communication appuyée avant que le projet soit arrivé à son terme doit surtout permettre d’entamer la dernière ligne droite avec moins de pression et de tester les réactions du public.

Aucune date de sortie n’est annoncée, hormis que ce sera en 2022. On ne connait pas non plus leur prix mais si vous trépignez d’impatience, vous pouvez déjà les pré-commander.