Le Grand Prix du Cameroun, c’est dimanche prochain

Te présenter le Grand Prix du Cameroun n’est pas chose aisée. Il serait tellement facile de se moquer devant la naïveté (je préfère y voir une fraîcheur qui nous fait tant défaut aujourd’hui) et l’absence absolue de moyens. Mais en fouillant un peu plus, tu comprendras rapidement ce que Momo (Morgan Govignon) est allé chercher là-bas. L’essence de la course. La course originelle, à ses balbutiements.

Lorsque qu’un bout de centre ville, ou quelques jolies routes bordées d’arbres et de poteaux, suffisaient à tracer … un circuit. Reims Gueux, Rouen  les Essarts, Pau, Charade et son mythique virage du belvédère, Brno ou encore Opatija en Croatie ! Le besoin d’en découdre était viscéral, supérieur à la peur de la chute et de ses conséquences. Attention, je n’ai pas dit que la sécurité n’était pas un bien. Je dis juste que pour accepter et comprendre ce qui se passe au Cameroun, il faut accepter de plonger dans notre propre histoire.

Du coup, dimanche prochain, aura lieu le Grand Prix du Cameroun. Dans les rues de Douala! 10 tour, 40 kilomètres. Des lignes droites. Un ou deux rond points, pas de système de chronométrage et des motos qui ne passeraient aucun contrôle technique chez nous. Du coup, le Momo, ça fait déjà une bonne semaine qu’il baigne dans cette ambiance surréaliste. A rencontrer les autorités locales pour apporter sa vision de la sécurité. À donner des interviews en TV car le GP fait beaucoup parler là-bas. À choisir entre la moins pire des motos qu’il va utiliser. La R1 qui pisse l’huile ou la MV Agusta qui pisse l’essence? Ce sera finalement la MV.

Son hôte, Narcisse, a fait venir pour l’occasion une toute nouvelle pompe à essence pour qu’elle ne pisse plus l’essence … pompe qui est arrivée sans les durites. De même, il a fallu remplacer le pneu qui avait une grosse mèche qui dépassait par un vieux 2CT dégotté sous une tonne d’autres pneus pas très frais. Momo va tout de même devoir aller au-delà du rationnel et sans doute faire une petite prière pour que les vis qui tiennent les disques de freins, qui ont été soudées, ne lâchent pas pendant la course …

Là, tu me diras: pourquoi tant d’abnégation ou d’inconscience ?  Pour donner un coup de main. Aider à sa façon à faire grandir ce sport au Cameroun. Tu sais, le Momo, c’est pas un mec comme tous les autres. Momo, il a déjà fait le Tourist Trophy deux fois (faut dire qu’il a été bercé trop près de la statue de Joey Dunlop puisque quand il était petit ses parents l’emmenaient déjà en side voir le TT). Momo, il est bercé à la Road Racing Culture. La course sans filet ! Mais pas que.

Je pense que le Momo (et comme je te l’ai déjà dit) il sait d’où il vient et d’où on vient tous. Il sait que, avant le circuit Carole, il y a eu Rungis et ses courses folles entre les entrepôts. Il sait que s’il peut transmettre un tout petit peu de son savoir pour faire progresser le sport moto au Cameroun, bah, ça sera toujours ça. Alors, oui les photos ci-dessous peuvent faire sourire, ou peur. Mais j’en retiens surtout ce qu’on a tous chevillé au fond du corps, rivé dans l’âme, tatoué dans le cerveau: chevaucher ce satané cheval de fer, se sentir grisé par sa vitesse ! Momo, t’es un grand, j’espère que tu seras nommé citoyen d’honneur.