Le Ténéré 700 vous plait. Sa philosophie et ses performances vous donnent envie. Mais il y a un problème. Le design des motos modernes, ce n’est décidément pas votre truc. Crispy débarque à la rescousse avec un kit pour transformer la Ténéré 700 en trail des années 80/90. 

Les journalistes, vous ferez une phrase du genre : « entre tradition et modernité, cette Ténéré joue le contraste ! ». Mais je vais m’abstenir. Pourtant, Crispy nous permet d’allier le meilleur des deux mondes : la facilité d’utilisation d’une moto moderne et le look ravageur de la nostalgie. 

Sans hésiter, ils ont pensé à reproduire la 1VJ des années 80. Une moto qui s’inspire des Yamaha qui ont couru le Dakar à cette époque. Si Yam’ n’a pas remporté le rallye-raid pendant cette décennie 80, la 1VJ est restée dans nos esprits et même dans la culture populaire. 

Crispy club, c’est qui ces mecs ? 

Au départ, deux copains, Maxime et Victor. Le genre de jeunes qui roulent en XT600Z Ténéré et en BMW R 100 GS au quotidien, «  les gens nous regardaient bizarrement en se demandant ce qu’on faisait dans Paris avec ces motos ! », rigole Max en racontant l’histoire. Tous les deux ont grandi avec des pères motards et ont baigné dans cette culture moto tout-terrain. 

La passion dévorante de ces deux créatifs les a poussé à lancer Crispy club. Faisant partie de cette génération qui a grandi avec des images du grand Dakar africain plein les yeux, ils se sont mis à restaurer des trails des années 80 et 90. Ça tombe bien, le vieux Ténéré a le vent en poupe, redevenu une icône populaire ces dernières années comme du temps de sa sortie. « On avait l’idée de faire de la restauration d’origine, remettre des motos dans le même état qu’en sortie de caisse », explique Max. Crispy ne fait pas de préparation mécanique ou de modifications. La moto garde ses défauts d’origine, et tant pis si ça ne freine toujours pas 30 ans plus tard.

Concurrencer les marques ?

Les gars de Crispy sont-ils en train de lancer leur propre moto en utilisant la T700 comme plateforme ? Pas vraiment, « c’est une démarche plus historique et de souvenir de l’époque. On ne cherche pas à concurrencer les constructeurs, au contraire. Les marques ne peuvent pas se permettre de faire de vraies répliques de l’époque, car la cible est trop petite. Nous, on s’adresse à cette clientèle-là », explique Maxime. 

Et les marques sont friandes de ce genre de projet. La preuve, Yamaha leur a donné les clés du stand pour le Midnight Garage Festival. L’Heritage 1VJ occupait la place centrale entre les produits officiels Yamaha. « Yamaha s’est rapproché de nous pour des supports de visuel grâce à nos préparations », explique Maxime l’un des fondateurs de Crispy. D’autres constructeurs comme BMW ou Honda mettent aussi en avant ces préparateurs, justement pour qu’ils cultivent l’image de la marque et fassent vivre son histoire. Et pour chacun, c’est une belle vitrine.

La confiance entre les petits parisiens et la grande marque ne fait que se renforcer. Un nouveau projet pourrait voir le jour, avec une possible XSR 125 version enduro-trail, finit par avouer Maxime : « c’est notre ambition du moment, la faire passer en tout-terrain vintage avec un gros garde-boue, un sabot moteur, des protège-mains et les indispensables plaques numéro sur les côtés ».

Comment avoir sa 1VJ ?

Lors de vos balades lèche-vitrine du samedi, vous pourrez trouver une Ténéré Heritage 1VJ chez certains concessionnaires, comme Yamaha à Paris sur l’avenue de la Grande Armée et il vous en coûtera 15 000 euros. « On travaille aussi avec des concessions Yamaha qui nous ont commandé des préparations 1VJ pour leurs motos et l’on reçoit pas mal de demandes d’Allemagne, d’Italie, du Japon », raconte Maxime fier que le petit studio créatif, qui n’a qu’un an d’existence, soit en train de grandir gaz en grand.

Pour les particuliers, il est possible de se procurer des kits à monter soi-même. Livrés avec une notice bien entendu, ils peuvent être montés sans outils spécifiques. Vous aurez le choix entre 3 kits :

un kit carénages bruts à 2400 euros, pour poser son propre kit déco ou faire une peinture complète. 

Un kit avec des carénages peints à 2900 euros, aux coloris usine comme si vous étiez prêt à partir avec Cyril Neveu pour le Dakar.

– Enfin, le dernier kit est à 3900 euros. Mais il faut passer à l’atelier Crispy pour l’installer, avec un travail de peinture adapté. 

Qu’est ce que ça vaut ?

Si Crispy ne veut-être qu’un préparateur esthétique, il y a quelques bénéfices avec ce nouveau look rétro. En mettant des carénages plus petits, la moto gagne 6 kg. Et pour le comportement, cela change aussi. Une vraie sensation de piloter une moto enduro, debout, la roue avant visible et du vent plein la gueule !

 Crispy a travaillé pour que le kit s’adapte aux pièces d’origines Yamaha, y compris les crash-bars et autres options Yamaha. Le carénage est en plastique ABS, suffisamment souple pour plier plutôt que casser en cas de chute. Vous pourrez ainsi protéger vos carénages d’origine en cas de revente plus tard ! Enfin, les décorations sont peintes et non pas de simples stickers collés.

Le prix est élevé et chez Crispy, ils sont franc-jeu :« On est une petite structure qui se lance. Les coûts de ces kits sont assez élevés pour nous et il faut qu’on parvienne à amortir sur un petit volume. D’autant qu’on n’a pas encore la capacité de faire du thermoformage en interne. Ce n’est pas notre métier de faire du plastique et on cherche à se rapprocher d’un grand du secteur pour apporter notre côté design historique ».

Il ne faudra pas trainer pour se refaire une 1VJ Ténéré 700, il n’y a que 35 kits disponibles et tous sont numérotés. 

Démocratiser le kit rétro ?

 Maxime, Victor et leur bande ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Ils espèrent rapidement devenir incontournable. « Notre objectif, c’est d’être vendu directement dans les catalogues des constructeurs, comme un Brabus ou Abarth en automobile. Peut-être d’ici à 5 ans, avec 1 ou 2 nouveaux modèles », cherche à conclure Maxime. Un petit silence et le voilà qui finit par lâcher une petite surprise : « On travaille avec un concessionnaire Aprilia pour voir la faisabilité du projet sur une Tuareg 660. Il y a aussi Ducati qui s’est rapproché de nous pour travailler sur la Desert X ».

Il est vrai que le look de la Cagiva Elephant aurait un grand succès chez les nostalgiques. D’ailleurs, je vous préviens, j’ai déjà réservé la mienne ! T’en veux une, Lolo ?

Cet article a été écrit par Julien Muntzer: “Journaliste depuis 2010, j’ai d’abord été reporter pour France24 et TV5Monde avec beaucoup de voyages en Afrique. Mais comme je suis un peu farfelu et surtout obsédé par la moto depuis gosse, j’ai décidé de remonter en selle à la trentaine. La moto, c’est le fil rouge idéal pour vivre et raconter de belles histoires, en en prenant plein la gueule”.

Par |Publié le : 10 février 2022|2 Commentaires|

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2 Commentaires

  1. Pantcho 27 octobre 2022 à 6h58-Répondre

    bravo!! ça me donne l envie d acheter ces nouvelles motos que je trouvais fade par leurs couleurs sombres. Grâce à vous le flashy revient!!!!
    Encore bravo!!!

  2. Peulen 15 février 2022 à 11h24-Répondre

    Bonjour,

    Je trouve personnellement la T700 belle à son origine, mais là, avec ce jolis petit Kit, la beauté prend toute son ampleur, quelle belle réalisation.
    Il nous reste encore des jeunes plein fougue et d’audace pour nous ” les anciens” rappeler que l’avenir n’est pas vraiment en perdition.

    Bravo à eux et nous leurs souhaitons beaucoup de réussites, il le méritent vraiment!

    Eric

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