Heu, comment te dire, les mots de manquent. Bon. Je vais quand même essayer de te décrire tout ça. Non je ne suis pas venu pour souffrir. Non, en descendant à Dakar en Yamaha AG100, je ne cherche pas les emmerdes. Oui, je pensais sincèrement trouver au Maroc la douceur dont nous prive l’hiver en France.


Après plus de 40 heures de bateau
, j’ai donc débarqué à Nador, l’esprit tranquille. Là, j’ai voulu rendre service aux plus démunis. Plutôt que d’aller acheter une carte sim et des datas à une boutique officielle, j’ai de suite repéré une veille dame à la sortie du port. A moins que ce ne soit elle qui m’ait repéré. Maintenant que j’y pense …

Le monstre arrive

Trois chances offertes et une heure et demie plus tard, ça ne marchait toujours pas … je sais, tu t’en fous de mes histoires de Google Addict. Tu trouves peut-être même ça pitoyable que ce soit mon premier réflexe en arrivant dans un pays mais tu vas voir, ça a son importance. Car pendant ce temps là … le temps a filé.  Et pendant que le temps filait, le monstre était en train de se former, de grandir et de me foncer droit dessus. C’est en mettant enfin les roues dans le sens de ma trace GPS, que j’ai commencé à ressentir comme une sensation de … fin du Monde. Un ciel noir orangé s’est mis à galoper vers la ville et à l’envahir. Et ça, ce n’était pas bon signe. La tempête de sable montait et elle m’est arrivée pleine face. Honnêtement, avec mon tracassin (on est d’accord jusqu’à la fin de cette aventure que je suis le seul ici à pouvoir dire du mal de cette valeureuse moto) je m’y étais préparé. Mais pas là, déjà. Pas si tôt. Plutôt le long de l’Atlantique, entre Tan Tan et la frontière mauritanienne à Bir Gandouz.

Frêle esquif

Mais non, il a fallu que je prenne cher d’entrée. 12 heures pour faire 390 kilomètres. Plusieurs fois, j’ai hurlé, pesté, râlé et même flippé sous mon casque. Ça a commencé par un mur noir opaque et des rafales énormes. Des voitures arrêtées en pleine route, warnings allumés en panique totale. Le sable emplit ma bouche, mes yeux, mes narines, me mange le cerveau et la confiance. Je suis là, là, au milieu de la Nationale comme un frêle roseau sans rien pouvoir faire ni même lâcher le guidon pour tenter de te déclencher une Go Pro. L’instinct de survie me confie que je dois pas rester là. Je profite d’un 4×4 qui tente malgré tout de progresser pour lui filer le train à deux mètres de distance. Ensemble, nous rejoignons une zone un peu plus rocailleuse qui soulève moins de sable et nous redonne un peu de visibilité. Là, je me dis, après avoir traversé une telle épreuve que nous allions rester soudés, ensemble, unis pour la vie dans l’adversité quand le type a appuyé un peu plus sur l’accélérateur me laissant seul, fond de 3 (50 km/h compteur) face à la tempête qui ne va pas tarder à s’intensifier encore davantage. Avec l’impression d’être un naufragé qui voit l’unique bouée s’éloigner de lui quand là bas, au loin, un groupe de camions. L’un d’eux est couché sur le flanc, par la seule force du vent. Les autres sont en travers de la route et se sont mis nez au vent pour éviter de subir le même sort.

Stoooop !

Je comprends alors et enfin que ce n’est pas moi et ma mob qui allons résister à la prochaine rafale un peu plus forte. Je fais des écarts de plus de trois mètres sur la route, je roule avec plus d’angle que Marquez et le vent soulève ma roue avant. Quelques mètres plus loin, je trouve refuge derrière un transfo électrique. Les poteaux en béton tanguent dangereusement. J’attends. Plus d’une heure. Lorsqu’un routier vient me dire qu’une station service est à moins d’un kilomètre.

Le temps qui file

J’y parviens et me jette dans l’un des boxes équipés d’une fosse pour la mécanique. Je vais y passer deux heures de plus à voir les vitres de la station service voler en éclat. Puis à la faveur de ce qui ressemble à une accalmie (le fameux creux de l’ouragan ?), je reprends la route. Il est 13h45, je n’ai fait que 100 kilomètres et je voulais aller jusqu’à Midelt pour voir les nids de cigognes. Je vais mettre 7 heures pour parcourir les 290 kilomètres restants. 7 heures la plupart du temps fond de trois, 40Km/h chrono. Fond de 4 avec un peu de chance: 60 km/h chrono. Quand à la cinq et ses 90 compteur elle est restée bien au chaud dans la boîte sous la couette à flemmarder pour cause de chômage technique.

Têtu jusqu’au bout

Bon faut quand même je te te dise que je me suis détesté et que je suis une vraie tête de pioche. C’est vrai, j’aurais pu lâcher l’affaire me mettre bien au chaud. Mais non, il a fallu que j’insiste malgré les difficultés. Malgré la pluie qui redouble d’intensité. Malgré le vent. Malgré les 38 tonnes que je vois grossir régulièrement dans mes rétros sans même pouvoir leur choper l’aspi. Malgré cette saloperie d’éclairage qui vient de me lâcher. J’ai bien fixé ma surpuissante frontale mais l’éclairage reste hasardeux. 19h45, je pénètre dans Midelt, ville déserte et inondée. J’espère que mes cigognes auront résisté. Je frappe à la porte du Ryad villa Midelt, la porte s’ouvre, ma monture se casse la gueule sous l’effet du vent, je la relève, m’engouffre dans la cour et pénètre dans l’antre de mes hôtes, un feu de bois, une soupe marocaine, un tajine, une douche m’attendent, la pression redescend !

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DAKAR EN YAMAHA AG100

Par |Publié le : 13 février 2024|2 Commentaires|

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2 Commentaires

  1. Francis 14 février 2024 à 9h16-Répondre

    Tracassin, c’est pas mal, mais au Maroc, il vaut mieux dire Tagazou. car le must, c’est d’aller à Taghazout en tagazou. Taghazout, ville côtière près d’Agadir, spot de surf.

  2. Bruno Friedmann 13 février 2024 à 20h50-Répondre

    c’est un bien joli nom que tracassin. t’es fou point mais là j’apprends rien ni à toi ni à personne, mais je te dire mon chapeau, je vais aussi me retenir de te souhaiter bon vent, t’es pas en bateau de toutes façons. Gaffes à toi, on t’y attends à Dakar.

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