Pourquoi seul ?

C’est marrant cette manie de me demander tout le temps si et pourquoi je voyage seul, ici, au Maroc ? Question à laquelle je réponds souvent « au moins, comme ça, je ne peux m’engueuler qu’avec moi-même ». Les Marocains, ça les fait sourire mais ils restent sur une incompréhension, Et ils continuent à chercher du regard où peut bien se cacher mon compagnon de route.

Pause longue

D’ailleurs c’est également la première fois que je me fais photographier sur la route par des Marocains lorsqu’ils me doublent en voiture. Remarque, ils ont le temps de me repérer de loin, avec tout mon barda, et ça leur fait une belle occasion de faire une photo super nette, même avec une pause longue. Je te l’ai déjà dit et même si j’adore voyager avec mon poto Amaury, voyager à deux, c’est déjà constituer un groupe qui te sépare du pays traversé et de sa population.

Ordre contre-ordre

C’est bizarre mais tout seul, tu attires plus de curiosité, plus de questions. Toi-même, dans la même journée, tu fais des choix très opposés (et au dernier moment) qui seraient incompréhensibles pour un camarade de route. Tiens et si j’allais à Fort Bou Jerif, plutôt que là, ce soir? Fort Bou Jerif où, je le reconnais, j’ai bouffé un peu seul, le soir, à côté d’une table d’italiens un poil bruyants.

Taquin

Des mecs en SSV dont l’un m’a dit le lendemain matin: “t’as vu qui est avec nous?.” “Bah non, qui? “Franco Picco, le grand Franco Picco.” Là, je l’ai un peu séché: “ha oui, mon pote Franco Picco (j’en ai rajouté en l’appelant “mon pote” parce que j’aime bien taquiner la fierté de l’italien moi). “Franco ? Je l’ai encore rencontré l’an passé sur une présentation de la Fantic 450 Rally.” Avec Franco, on a beaucoup discuté de son nouveau poste de team manager chez Fantic et des quatre petits jeunes qu’il a emmené à l’arrivée à Dakar. Il est venu tourner autour de mon AG100 et n’en revenait pas. Tu vois, seul, le destin est différent.

Mon amie la tortue

Seul, je l’étais aussi sur cette piste paumée au sud d’Agadir le jour de la saint Valentin quand, je suis tombé carapace contre roue avant sur … une tortue qui tentait de traverser. Ouais une tortue du désert, mec (et meuf). Elle venait de faire ses ablutions dans une marre de boue (du fait d’une pluie récente) et repartait vers … je sais pas quoi. J’ai bien regardé dans la direction qu’elle suivait mais je te jure que … j’ai rien vu. Du sable, des pierres, des arbres morts! Qu’elle me pardonne, je l’ai soulevée à hauteur de mon téléphone pour un selfie, je lui ai parlé. Peut-être un peu plus que si j’avais pas été seul.

Quand deux tortues se rencontrent

Dans la boue, ma moto s’est cassée la gueule de sa béquille. Ça glissait tellement que je me suis moi aussi ramassé plusieurs fois et que j’ai mis un quart d’heure à la relever. Le bas moteur s’est rempli d’essence, j’ai mis un autre quart d’heure à la redémarrer! Virer la bougie, kicker, vider le moteur, sécher la bougie, kicker encore et encore, robinet d’essence sur off, jusqu’à ce qu’elle veuille bien redémarrer. À deux, on l’aurait relevé tout de suite et je n’aurais pas vécu cet incroyable moment même si je ne suis pas sûr de l’adjectif choisi… Pendant ce temps là, cette ingrate de tortue, elle, s’est cassée vers… je ne sais où. Mais bon, comment lui en vouloir? Elle avait choisi elle aussi de voyager seule alors, j’allais pas non plus commencer à lui demander où étaient son papa et sa maman.

Un havre de paix

Seul, j’ai rejoint Dakhla où j’avais besoin de souffler. Le long de la lagune, j’ai vu tous ces complexes censés accueillir des kite surfers. J’allais pas me taper, seul, cette bande de chevelus au torse imberbe … alors j’ai tourné, viré, cherché et j’ai un peu craqué le porte-monnaie et le coeur. Dar Tawarta, chez Nora et Françoise. Une sorte d’arche de Noé. Un jardin hyper fleuri, des bananiers, des paons, des chats, des chiens, un ancien abreuvoir de chamelier qui permet de recevoir et des stocker les six heures d’eau auxquelles Dar Tawarta a droit une fois par semaine (je m’y suis baigné dans une eau délicatement soufrée). Dar Tawarta, c’est aussi des hôtes qui prennent soin de leur hôtes. J’en ai profité pour me pencher sur mon AG100. Faire un petit check up même si le dernier remontait à un peu moins de 1000 kilomètres. Mais j’avais un doute.

Bielle coulée ?

En arrivant, hier, en coupant le contact, je lui ai trouvé un bruit de vieux chalutier en train de couler une bielle. Je me suis penché vers l’échappement pour constater qu’un goujon d’échappement avait rompu. Naaaannn ! J’ai tout pris avec moi. Cylindre, piston, segments, embrayage mais pas ces foutus goujons. Et sur ce coup-là, j’ai eu beau cherché ce genre de vis au diamètre différencié de chaque côté, en ville, j’ai pas trouvé. Alors j’y suis allé avec une simple vis de 6 en serrant délicatement. L’idée étant de en surtout pas laisser le goujon survivant faire seul le taf car il aurait a coup sûr cassé et puis, tu sais comme moi, que l’échappement est un élément essentiel sur le rendement d’un deux-temps. Alors autant qu’il soit bien étrange en série de cylindre. Le lendemain, je suis parti de Dakhla sans trop savoir ce que j’allais. Comme tu le sais, j étais seul amies x est parfois plus d’indécision … dix heure j ai pris la route en direction de Guerguerat, la frontière mauritanienne, en me disant que de toute façon je n’y serai jamais à l’heure et que j’allais peut être bivouaquer dans les dunes.

Alerte !

J’ai bien fait. 80 kilomètres avant la frontière, ma mob s’est mise à ratatouiller. Pas assez franc dans sa façon de couper pour que ce soit un problème d’allumage. Je me suis arrêté à Bir Gandouz, j’ai dégusté une omelette, de toute façon j’avais le temps, la frontière ce serait demain, et j’ai démonté la bougie qui était dans un sale état, perlée de partout. J ai démonté le fonds de la cuve. Noir et plein de résidus. Le filtre à essence … rempli de merdes. Foutue station Atlas… le type avait du allumer son groupe électrogène pour me fournir avec une essence daubee. J’ai tout nettoyé, mis une bougie neuve et suis reparti souple pour vérifier que ça allait mieux. C’était le cas. Par curiosité j’ai misse jusqu’à la frontière. Il était 17h10. À coup sûr ça serait fermé. Même pas. Bon. Je passe ou je passe pas? Avec le risque que ça me prenne pas mal de temps côté Maroc et que je sois coincé dans le no màn’s Land jusqu’à demain matin pour passer la douane mauritanienne.

Top chrono

Tu sais quoi? En 15 minutes, j étais sorti du Maroc. J’ai traversé le nonman’s land et me suis pointé à l’entrée de la Mauritanie. Toi qui me parle souvent de “raquette”, de bakchichs, l’affaire est pourtant on ne peut plus clair. Tu te laisses faire par un passeur qui va te conduire dans les multiples bureaux pour les multiples tampons. 10 euros, le passeur. 55 euros le visa. 10 euros le passavant pour inscrire ta moto sur ton passeport et 15 euros d’assurance pour trois semaines. Y a que là que j ai eu doute et que je me suis peut-être fait avoir mais je sais pas lutter et je suis pour le commerce local. Une heure quarante plus tard et est tout, je posais donc mes roues en Mauritanie. Seul.

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DAKAR EN YAMAHA AG100

Par |Publié le : 20 février 2024|1 Commentaire|

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Un commentaire

  1. Franck 21 février 2024 à 1h57-Répondre

    dit donc tu ne te relis plus ? ou c’est celui qui t’accompagnait qui faisait ce boulot ?

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