On rêve tous d’aventure, de traverser l’Afrique et découvrir ses trésors. On se dit qu’un jour on prendra le guidon pour partir. Thomas a franchi le cap. Mieux, il en a fait une philosophie de vie. Il a décidé de nous donner rendez-vous à Dakar. Et comme Thomas a un grand cœur, il va le faire pour aider des enfants avec l’association « Mécénat Chirurgie Cardiaque ». 

Pourquoi regarder le bout de son nez quand on peut voir le monde ? 

Thomas Gérard, c’est un mec de 27 ans. Une bonne gueule de gendre idéal. Mais Thomas, c’est le genre à avoir la bougeotte et surtout à ne pas trop se poser de questions. « Je suis un peu aventurier, je voyage depuis que j’ai 16 ans, je fais des expéditions un peu partout en Afrique et j’ai passé un an à faire de l’humanitaire en RD Congo », explique-t-il. 

Notre jeune aventurier ne fait pas les choses à moitié. Il a l’habitude de partir en autonomie sur des îles désertes comme en Guinée-Bissau, ou faire des stages de survie en Amazonie, « j’ai pas mal baroudé, souvent avec mon meilleur ami et parfois seul », dit-il comme s’il s’agissait d’une occupation anodine.

Et puis un jour, il a découvert la moto, le prétexte parfait pour voyager comme il le raconte : « La moto ça permet de voir des paysages, de rencontrer des gens, de vivre des choses. »

Motard d’une seule moto

Sa relation à la moto est certainement très différente de la vôtre et de la mienne. Thomas, c’était plutôt le parisien en scooter MP3, « le genre de mec que les motards détestent », avoue-t-il,« la moto est venue après, je ne suis pas motard. J’aime la moto, car je trouve que c’est beau comme objet. C’est génial, mais je ne m’amuse pas à rouler tous les weekends. ».

En réalité, Thomas a eu un coup de foudre. Son monde a basculé quand une Ténéré est entrée dans sa vie. « J’ai un copain qui est arrivé un jour avec une 1VJ. Je n’avais jamais conduit une moto de ma vie, mais il m’a filé les clefs et expliqué brièvement la manœuvre. Je suis monté dessus, et j’ai fait 30-40 bornes comme ça, sans vraiment savoir conduire. Le lendemain matin, j’en ai acheté une à 700 euros sur le bon coin, sans avoir le permis. ».

Sauvé de l’emprise des MP3, Thomas n’est plus jamais descendu de Ténéré, « je n’ai jamais vraiment roulé avec une autre moto. Je suis amoureux de la couleur bleue et jaune de la 1VJ ». Pas fermé à la modernité, il a quand même acheté une autre moto : une Ténéré 700, version rallye, « je l’ai découverte chez un concessionnaire, je ne me suis pas posé de questions après l’avoir essayé, je l’ai acheté tout de suite ». Un coup de tête qui va s’avérer être une idée pleine de bon sens à la veille de son départ pour sa grande aventure.

Sur les pistes du Dakar africain

Thomas « sans peur » s’est fixé un objectif : rallier Dakar avec sa Ténéré 700, revivre à sa manière, la grande épopée des premiers Paris-Dakar, celle des aventuriers avant qu’ils ne deviennent pilotes. « J’ai toujours voulu me faire un grand raid, comme les pionniers. Les tous premiers Dakar, où les mecs partaient à l’arrache et je n’arrêtais pas de me dire qu’il fallait qu’un jour je me fasse ça », raconte-t-il un peu rêveur.

Hasard des rencontres, il participe à une journée découverte moto avec Yamaha. C’est là que tout va se déclencher. Une discussion avec les responsables de Yamaha et puis un mec qui passait par là. Cheveux hirsutes et visage mal rasé, le type lui distille humblement quelques conseils et parle de son expérience lorsqu’il a traversé l’Afrique en T7. Le mec, lui dit qu’il s’appelle Lolo. « Moi je ne connais pas du tout l’univers de la moto, j’avais vaguement entendu parler de lui », explique en rigolant Thomas, « Du coup j’ai regardé ses vidéos ». 

Thomas creuse alors l’idée et cherche à présenter un projet qui tient la route, mais sans rouler dessus : « Moi je veux vraiment éviter de toucher du bitume, sauf quand il n’y a pas le choix comme en Mauritanie. Dès que j’arrive à Tanger ou Fès, je chausse des pneus à crampons et je ne sors plus des dunes ! ».

Vous allez dire que je prêche pour ma paroisse, mais Thomas trouve son bonheur sur le site Kap2cap, « en regardant sur le site de Lolo, j’ai trouvé ce que je voulais faire. Finalement, je me rapproche plus du Dakar par les pistes en Transalp que du Kap2cap » explique Thomas. Il trace son itinéraire en suivant plus ou moins la trace de Lolo, finalise le projet et le soumet à Yamaha : Banco !

Rouler pour une cause

Mais, rouler pour rouler, c’est un peu trop facile pour cet aventurier. Alors, il a trouvé une cause qui le poussera vers l’avant, « en regardant sur le site de Lolo j’ai vu qu’il avait fait ça avec une association que je connais depuis mes 18 ans. J’ai fait quelques rapatriements d’enfants pour eux quand je faisais de l’humanitaire avec Aviation sans frontières. D’ailleurs, j’ai gardé contact avec ces associations ».

Pour ceux qui ont raté l’aventure, l’association fait venir en France des enfants de 70 pays, victimes de malformations cardiaques pour les opérer. 3 700 enfants ont été opérés depuis 1996. L’association forme aussi des médecins et parraine plus de 300 enfants pour qu’ils aient accès à une scolarité. 

Ouvrir les yeux en grand plutôt que les gaz

Thomas va vivre son aventure pleinement, il ne se fixe pas vraiment un objectif de temps. Une vingtaine de jours, peut-être plus, pour parcourir les 7000 km. Notre jeune aventurier ne veut pas une aventure chronométrée comme un exploit sportif. Non, lui souhaite vivre quelque chose qui tourne autour de l’humain, « j’ai envie de me paumer, faire demi-tour, galérer, crever, être bloqué dans le sable. Rencontrer des gens qui vont m’emmener ailleurs et ne pas rouler pendant 48 heures.”.

Il s’est fixé des étapes en chemin, comme l’énigmatique « œil de l’Afrique » une structure géologique perdue dans le désert mauritanien. « Il parait que c’est compliqué d’y accéder, mais s’il faut, je ferai les derniers kilomètres à pied pour y arriver ! ». Sans peur je vous dis.

Ouvrir les yeux, Thomas le fera aussi à travers ses caméras. Parmi ses multiples talents, lui qui travaille dans la production audiovisuelle, prévoit de ramener un documentaire fait de rencontres, de belles images et dont la moto sera le fil rouge. 

Bien faire, à l’arrache

 Ce ne sont pas mes mots, mais ceux de Thomas quand il veut résumer son état d’esprit et sa préparation. « J’ai l’expérience de gérer des problèmes dans ce genre de situations un peu compliqués, comme à chaque fois que je pars pour des expéditions. J’essaie de diminuer le risque à un degré minimum grâce à la préparation des équipements, et surtout avec ma force de caractère et ma prise de décision », explique-t-il. 

On pourrait le croire très sûr de lui, mais il faut lui reconnaitre une belle dose d’expérience malgré sa jeunesse. D’autant qu’il est aussi conscient de ses propres limites, « mon plus gros doute, ce sont mes capacités mécaniques, s’il y a une casse. Je peux réparer certaines choses, même je vais en chier : un rayon, repose-pieds, une roue, je vais galérer, mais je vais y arriver. Par contre, ouvrir le moteur, le démonter et le remonter, ça je ne vais pas m’amuser à le faire ! ». 

Il pourra compter sur une force du continent africain : la débrouille. Partout, les gens savent réparer ou trouver une solution. Des méthodes pas toujours orthodoxes, mais la Ténéré est rustique.

Une moto transformée en dromadaire

Sa moto, il l’a préparé avec Yamaha France et ses potes de chez Crispy. Vous savez, les mecs dont je vous ai parlé récemment qui font des Ténéré 700 façons 1VJ. Guidon rehaussé, extension de béquille, rétroviseurs « adventure », réservoir additionnel à l’arrière (35L en tout mais il aurait dû attendre la World Raid !), sabot moteur plus protecteur, des protège-carters et une bagagerie bien entendu. 

Il va aussi charger la mule, avec les pièces consommables : leviers, sélecteurs, quelques rayons, des chambres à air renforcées, des bidons pour l’essence et un peu d’eau. Et comme il n’a pas prévu de dormir à l’hôtel, il embarque de quoi pouvoir rester en autonomie au moins 48 heures.Le but, c’est de dormir en tente la plupart du temps. Ou de dormir chez l’habitant, dans un coin de village, parce que c’est vraiment ce que j’aime, car ce sont ces moments-là où il y a une relation qui se tisse”, explique Thomas. 

Enfin, il a une dernière appréhension : rouler dans les dunes. « Là, c’est autre chose, en plus je mets 100 kg de matos embarqué dans la gueule de la moto. 300 kg en tout, plus mon poids. Même si j’ai un peu d’expérience dans le sable, les dunes, c’est vraiment un exercice difficile ». 

Le rendez-vous à Dakar n’est pas un terminus

Si le rendez-vous est à Dakar, l’aventure ne s’arrêtera pas là pour Thomas, « juste je laisse la moto, j’ai un vieux 4×4 sur place et on va frontière Mali-Guinée pour passer 10 jours, en camping sauvage avec ma compagne ». Quand on aime l’aventure, il est difficile de ne pas aller toujours plus loin.

L’aventurier partira le 22 février, si le Maroc finit bien par ouvrir ses frontières maritimes d’ici là. Vous pourrez suivre l’aventure en direct, sur son site “Rendez-vous à Dakar” et sur les réseaux sociaux de Thomas. 

Et si par hasard vous vous trouvez au Sénégal en mars, Thomas a prévu d’arriver par la plage et de fêter l’arrivée dans le restaurant de ses amis : “La cabane du pêcheur”. Vous pourrez lui payer une bière !

Le coût moyen d’une opération est de 12 000 euros pour l’association. Thomas espère récolter 48 000 euros, ce qui permettrait de soigner quatre enfants atteints de malformations cardiaques.

Cet article a été écrit par Julien Muntzer: “Journaliste depuis 2010, j’ai d’abord été reporter pour France24 et TV5Monde avec beaucoup de voyages en Afrique. Mais comme je suis un peu farfelu et surtout obsédé par la moto depuis gosse, j’ai décidé de remonter en selle à la trentaine. La moto, c’est le fil rouge idéal pour vivre et raconter de belles histoires, en en prenant plein la gueule”.

Par |Publié le : 16 février 2022|2 Commentaires|

Partager cet article

2 Commentaires

  1. Jordan 11 mars 2022 à 22h31-Répondre

    On peut en savoir un peu plus sur ces 35l d’essence ? Je vais changer mon reservoir pour un ac*rbis mais il ne fait que 23l…
    Merci du tuyau et bon courage à lui !

  2. Peulen 17 février 2022 à 12h01-Répondre

    Bonjour,

    Voilà encore une belle histoire que je vais suivre avec intérêt.

    Tout comme lui, j’ai découvert Lolo sur le tard et grâce a toi Laurent, j’ai pu découvrir de magnifiques choses de la vie, de belles aventures, quelle qu’elle soit, qu’elle dure une heure ou des mois, elles sont toutes aux plus belles.

    La chose que j’ai aussi en commun et qui est du a la lecture de Kap2cap, la vie des vidéos ou la lecture des livres de Lolo…. Ben j’ai craqué pour une bonne vieille R1150GS qui sort a peine de rodage avec son petit kilométrage 83.000km et qui va donc nous emmener moi et mon épouse vers de beaux espaces qui m’étaient infranchissable avec les montures que j’avais l’habitude de monter.

    Pour toutes vos aventures, vos textes et vos images, MERCI.

    Eric

Laisser un commentaire