Je vous en parlais récemment, Yamaha a prévu un programme pour lancer sa Ténéré 700 World Raid dans le grand bain de sable du rallye-raid. Officiellement, 2022 doit permettre aux pilotes de prendre leurs marques et à l’équipe de développer la moto. Sauf qu’en Tunisie, tout ne s’est pas passé comme prévu.
Veni, Vidi, Vici, Botturi
Il se passe quoi quand vous prenez un pilote italien bourré d’expérience, 7 participations au Dakar et plusieurs victoires en rallye-raid dont l’Africa Eco Race l’année dernière, et que vous le mettez dans le désert avec une moto toute neuve ? Eh bien, il gagne !
Coup d’essai, coup de maître pour Alessandro Botturi qui rentre à la maison avec du sable et un trophée dans la poche. L’Italien est resté dans le Top 5 à chaque étape, et termine la dernière avec près de 14 minutes d’avance sur le second. Pas mal pour un “vieux” de 46 ans.
« On est venu ici pour faire des tests, s’amuser et ramener les motos à l’arrivée, alors qu’Alessandro parvienne à un résultat historique comme celui-là (…) c’est incroyable ! », a déclaré avec un grand sourire le Team manager, Manuel Lucchese, qui pourtant en a vu d’autres.
La série mieux que les protos
La première sortie de la Ténéré 700 World Raid est donc un succès. Cette victoire au Tunisia Desert Challenge est une prouesse historique, puisque la Ténéré est une moto issue de la série, préparée avec des pièces GYTR (Genuine Yamaha Technology Racing), et qu’elle a affronté des Enduro 450cc qui sont, en théorie, des prototypes mieux armés pour la course.
Le Team Yamah Ténéré 700 World Raid voyait pourtant cette course, et cette année 2022, comme une période de développement et mettre au point un programme performant dans le futur. « La moto s’est révélée incroyable, mais clairement, nous allons continuer à la développer pour proposer un kit client GYTR Ténéré 700 World Raid qui pourra permettre à tous, de prendre part à des rallyes-raids, mais aussi d’être compétitif », affirme Lucchese le boss.
Le Tunisia Desert Challenge, c’était chaud !
Une édition compliquée où les concurrents ont subi des conditions climatiques difficiles : une chaleur extrême qui a dépassé les 35°c et des tempêtes de sable, avec des vents jusqu’à 80 km/h, ont entrainé deux annulations d’étape. Mais ce sont les joies de ce rallye-raid « extrême » : en chier en bouffant du sable par tous les trous.
Le tout sur un terrain de jeu « gout merde » comme dirait Lolo. Du sable bien ramolli avec la chaleur, des sections rocheuses physiquement compliquées, des lacs salés pour s’y perdre, des sentiers rapides, mais remplis de poussière et plein de dunes comme notre Momo Govignon les aime.
Apprentissage à la dur pour Pol Tarrès
Pour Pol Tarrès, le funambule, c’est le laborieux apprentissage de la discipline qui commence. Momo peut vous en parler, le rallye-raid ce n’est pas juste mettre à gaz à fond, il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte. Surtout quand tout ne se passe pas comme prévu.
Polo termine 30e au général. Et là, vous vous dites “il fait moins le malin avec ses sauts et ses roues arrière !”. Sauf que l’ancien trialiste et enduriste, a été déclassé 2 fois à la suite de pépins mécaniques. Poussé par un quad dans l’étape 3, victime de problèmes techniques pendant l’étape 4, qu’il n’a pas pu terminer, obligé de renoncer à l’étape 5 pour réparer, Polo a pris 60 heures de pénalité dans la gueule.
Rageant, car Pol Tarrès était performant, présent aux avant-postes quand la moto allait bien. Certains l’ont même surpris à jouer les ballerines dans les dunes. À l’aise et performant, Polo a montré qu’il avait sa place dans la discipline et que son talent allait pouvoir s’exprimer. En attendant, il a pris sa dose de “goût merde” et engrangé de l’expérience sous le soleil de plomb tunisien.
Prochaine étape pour le team Yamaha Ténéré 700 World Raid, c’est l’Africa Eco Race, en octobre, sur les traces du parcours originel du Dakar. 6 500 km de Monaco jusqu’au Lac Rose. Rendez-vous le 15 octobre, et pourquoi pas viser le doublé cette fois ? Sauf si la Ducati DesertX de Meo s’en mêle.
Cet article a été écrit par Julien Muntzer: “Journaliste depuis 2010, j’ai d’abord été reporter pour France24 et TV5Monde avec beaucoup de voyages en Afrique. Mais comme je suis un peu farfelu et surtout obsédé par la moto depuis gosse, j’ai décidé de remonter en selle à la trentaine. La moto, c’est le fil rouge idéal pour vivre et raconter de belles histoires, en en prenant plein la gueule”.