“Papa Momo à Kap2Cap !”, la connexion est établie et le ton est donné : ” tu la sens la fatigue dans la voix là ?”. Momo s’est couché tard la veille pour soigner sa KTM. Tout était réparé et il a pu prendre le départ ce matin, de bonne humeur. Hélas, ça n’a pas duré. Pauvre Momo.

Dune, version David Lynch

Vous vous souvenez du film de 1984, horrible à regarder ? Momo en a fait un remake encore pire. Avec Tibo, nos aventuriers ont bouffé de la dune à toutes les sauces, surtout piquante. Pourtant, ils sont arrivés dessus avec envie : ” Nous on était content comme tout, on vient là pour la formation !”

Sauf que la première dune n’était pas la bonne. “Je me suis planté, la moto s’est enfoncée direct ! La misère pour la sortir, parce qu’elle est un peu lourde par rapport aux autres”. Momo découvre qu’avoir la plus grosse, ça ne rend pas forcément heureux.

Une dune = une galère

S’il n’y avait eu qu’une seule chute… La suivante, Momo fait un soleil par l’avant en mettant les roues dans du mou juste après une dune. Cette fois, il a pu compter sur l’aide d’un motard chevronné qui fait partie de l’organisation.

Mais tel Sisyphe poussant son rocher pour l’éternité, nos aventuriers ont vécu un supplice et ils ont embarqué les gamins là-dedans. “On s’est retrouvés tous les quatre, avec nos gosses adoptifs Alexis et Maël, à essayer de se sortir de cette galère. Il y a eu des chutes pour un peu tout le monde !“, relate Momo.

2 heures de souffrance et 8 km parcourus. Dur. “C’est un peu ma faute”, assume Momo. La journée avance irrémédiablement, mais ne semble pas s’améliorer. Les héros sont de petite humeur et la fatigue accumulée la veille pèse sur le moral et les jambes. Enfin, sauf pour Tibo, véritable stoïcien le gars.

Le reste du parcours était plus roulant : des pierres et un peu de sable, rien que la vitesse ne saurait soigner. Ils finissent par rallier l’arrivée. Sauf que Momo n’avait pas envie d’une happy ending pour sa journée. Alors, entre temps, il tape une pierre, « je ne sais pas où, je ne sais pas comment, j’ai abimé la jante et j’ai crevé ». 

La 2e boucle qui était au programme de la journée n’aura donc pas lieu pour l’équipage arrivé trop tard au rendez-vous. Et c’est peut-être un mal pour un bien, comme disait ma mère, « De toute façon, je pense que physiquement je n’aurai pas pu la faire, donc on est rentrés », Momo et sa bande ont ainsi pu se reposer.

Apprendre, c’est frustrant

Sentiment mitigé pour le Momo. Le plaisir de rouler dans le désert n’a pas comblé sa frustration. « Rouler là, dans le désert, c’est exceptionnel, t’es au milieu de nulle part. Mais c’est quand même une déception, parce que je n’ai pas réussi à faire ce que je voulais faire. Je reste un gros con de compétiteur. Et là, je ne sais pas faire, j’ai trouvé l’une de mes limites et on verra dans les jours qui viennent comment ça se passe. ». Momo, on avait dit philosophe, art du détachement et Inchallah tout ça !

Pour Momo, Tibo, Alexis et Maël, c’est le métier qui rentre à gros coup de dunes dans la gueule. L’apprentissage est frustrant et Momo bon élève n’aime pas râter le premier contrôle à l’école. Mais ils ont beaucoup de choses à assimiler : trouver et suivre une trace, naviguer au GPS, éviter les obstacles…

Et puis Momo, entre de dune la gueule dans le sable, est redevenu Momo philosophe : “J’ai pensé aux mecs qui ont fait les premiers Dakar. Tu te dis putain, les gars, sans aucun matériel électronique de navigation, qui n’avaient jamais vraiment vu du pays, ça devait être une folie ! Pfiou ! Tu ne peux que les respecter. Pareil pour les gars sur une Africa Eco Race ou un Dakar, tu ne peux pas imaginer comment les gars sont solides”, rend hommage Momo.

Haut les cœurs mon Momo ! La vie de bleubite ce n’est pas simple et le Rallye-Raid c’est un peu comme le masochisme : la première fessée fait mal, mais après tu bandes !

Courage les gars. Kap2Cap pour papa Momo, over !

Cet article a été écrit par Julien Muntzer: “Journaliste depuis 2010, j’ai d’abord été reporter pour France24 et TV5Monde avec beaucoup de voyages en Afrique. Mais comme je suis un peu farfelu et surtout obsédé par la moto depuis gosse, j’ai décidé de remonter en selle à la trentaine. La moto, c’est le fil rouge idéal pour vivre et raconter de belles histoires, en en prenant plein la gueule”.

Par |Publié le : 20 avril 2022|0 Commentaire|

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