MOMO AU DAKAR – SP 11 – HE DID IT

« Ça a été finalement même si c’était costaud . De la pavasse dans des lits de rivières. Le mieux, c’est de ne pas regarder ce qu’il y a devant ta roue sinon tu te dis que c’est pas possible. Aussi pas mal de sections façon trial avec des grimpettes en cailloux où il valait mieux monter du premier coup sinon t’étais mort . »

« Globalement, le profil de la spéciale était quand même arrangeant. 178 km, essence, puis une deuxième fois de l’essence à 333. Ça te permet de faire des coupures régulières à l’essence. En plus, j’ai mis du gaz et j’ai rattrapé dix ou quinze mecs assez rapidement. Dans une partie trialisante, c’était pas mal tanqué, c’est là que je suis passé. Ça m’a mis dans le rythme, c’était motivant. »

« Les 150 kilomètres suivants, c’était que du chemin, j’y ai presque fumé mon pneu arrière. C’était costaud. J’ai pris une petite buche où j’ai déclenché l’airbag. Pas grand-chose, j’étais à 20 ou 30 km/h, je suis passé par l’avant. Ça m’a tiré sur le genou mais c’est normal. Au deuxième point essence, mon airbag clignotait en rouge. En fait, le fil qui alimente la deuxième cartouche était sectionné. J’ai du taxer une cartouche pour pouvoir repartir. Pour bien faire le gars qui met la cartouche, c’était sans doute le gars qui avait mal branché mon tuyau de camel back la veille et j’avais un peu gueulé. Je sais pas comment il l’a su. Du coup, là, quand il m’a fait le plein d’eau, il l’a bien remis en me demandant si c’était bon. Mais après en glissant la cartouche de l’airbag, il l’a débranché à nouveau. J’ai fini sans eau. »

« De toute façon, j’étais hyper pressé. Juste avant l’essence, je venais de doubler trois mecs et je ne voulais surtout pas repartir derrière eux. Du coup, 15 secondes avant la fin de ma neutralisation essence, j’ai préféré partir camel back débranché que de repartir derrière eux. »

« Sincèrement, aujourd’hui j’ai pris du plaisir. Ma jambe me fait de moins en moins mal. Je peux me permettre de sauter des marches, de rouler plus dynamique. Avant je ne pouvais même pas utiliser le frein. Là, le simple fait de pouvoir l’utiliser, ça me permet d’arriver plus vite, d’enrouler. J’ai enfin l’impression de piloter, c’est plus cool. »

Bon, de mon côté, je vais t’avouer quelque chose. La semaine a été super dure pour Amaury. On avait du mal à se parler du fait de ses arrivées tardives, de communications pourries, de la perte de son téléphone. J’avais pas trop envie de lui prendre un temps précieux, ni de le saouler. Du coup je le laissais parler et je raccrochais, non sans  l’avoir quand même encouragé. Mais ce soir, alors qu’il ne lui reste que 180 bornes de spéciale demain, je lui ai posé les deux questions qui me brûlent les lèvres depuis quelques jours.

” Clairement oui. Dans les dunes, la deuxième nuit, je me suis dit, ils vont me mettre hors course. Soit pour une question de temps dépassé. Soit parce qu’un SSV de l’organisation m’a apporté de l’essence. Le pire, c’est qu’au petit matin, je ne voulais pas appeler l’organisation pour qu’ils viennent me chercher ou me dépanner. Je savais qu’il y avait encore du monde derrière moi. Je me suis dit y’a bien une bagnole qui va arriver. Et j’ai entendu une voiture. Sauf que j’étais en dehors de la trace. J’ai laissé la moto et j’ai marché vers la trace, avec ma bouteille et une durite, en repérant bien où était ma moto pour ne pas me perdre. J’étais même pas sûr de pouvoir être dépanné car les mecs utilisent des vannes Zenith. Ça m’a pris dix bonnes minutes pour retrouver la trace. Je me suis dirigé vers un promontoire mais le mec était déjà passé, il m’a jamais vu.  “

« J’ai décidé de rester là en imaginant qu’une autre voiture allait passer. Personne n’est passé. Le seul truc, c’est que je n’étais plus à côté de la moto. Je me suis dit, s’ils essaient de m’appeler sur l’Iritrack et que je ne suis pas là pour répondre, ils vont baliser et m’envoyer encore l’hélico. Alors je suis retourné à ma moto et j’ai entendu un SSV arriver à contresens. C’était des mecs du bivouac qui étaient là depuis au moins une semaine pour tout installer. Ils m’ont même dit : si on avait su, on t’aurait apporté de l‘essence hier soir. Ils m’ont dit qu’ils avaient mis à peine 10 minutes pour venir. J’avoue que c’est un peu curieux d’en parler mais, comme j’ai été dépanné par une aide extérieure, je pensais vraiment que j’allais être hors course. Faut que je lise mieux le règlement.”

” Aujourd’hui, y’a un paquet de mecs qui sont devant moi au classement et qui ont été hélitreuillés lors de cette étape. Y’a même un mec qui a confondu le parcours auto et moto. On n’a pas toujours le même parfois, mais parfois les traces se recroisent et le mec a sauté une quarantaine de waypoints et pas mal de km en prenant la trace voiture. Sans s’en apercevoir sans doute mais ça lui a fait raccourcir de 100 kilomètres la spéciale. 40 fois 15 minutes de pénalités pour ça, c’est toujours moins pénalisant que moi qui passe 48 heures pour faire la marathon sans que jamais le chrono s’arrête. Je n’ai aucun regret. J’ai fait chaque kilomètre de cette course, j’ai pris tous les waypoints, ça m’aurait troué le cul de me faire hélitreuiller. Je veux que ma médaille de finisher soit méritée.”

“J’avoue que j’ai aussi douté quand j’ai sauté la dune et que je me suis retrouvé à quatre pattes. Là, je me suis dit : mais qu’est ce que je fais là. Quand je suis rentré au bivouac, je suis allé au médical faire des radios ? Il devait être 17h30. La médecin m’a dit : « on a un vol à 2 heures du matin pour vous rapatrier.’ J’ai dit non. Elle m’a dit : « mais vous n’allez pas pouvoir supporter la douleur, c’est cassé ». Je lui ai dit de me laisser essayer. Elle a regardé l’autre docteur, l’ai incrédule. L’autre n’a rien dit. Je suis reparti. “

Qu’est ce que tu peux attendre de plus d’un Dakar ? « Honnêtement rien. Je suis rentré de nuit tous les soirs. Tous les matins, j’étais debout vers 4 heures. Ça a été comme ça 15 jours, non stop. Je n’ai pas eu de journée de repos. Avant sur le Dakar, vers 20h30, j’éteignais mon téléphone et je m’endormais. Là, j’attaquais à peine l’entretien de ma moto. Plus dur, ce serait au-dessus de mes forces. Tu sais, ils te remettent un questionnaire à la fin du Dakar pour faire part de tes remarques. Moi, je vais surtout leur dire de rester comme ça. Si c’est plus simple, je me dirais c’était mieux avant.”

“S’ils le durcissent encore, il faudrait que j’évolue physiquement ou techniquement. Sur le plan du pilotage, j’ai de grosses lacunes. Je ne sais pas piloter. Je le vois bien. Le français Neels Théric a eu plein de galère sur la Kove. Il repartait presque dernier chaque jour et quand il me doublait, j’ai bien vu l’aisance qu’il avait dans les cailloux. Il se sert des cailloux comme tremplin, il jumpe à droite, à gauche, avec des petits coups de gaz. Moi, je suis tout le temps à la limite. Quand je suis en perdition, je me vautre, je n’ai pas de marge. Ce matin, j’étais au petit dej avec Jean Lou Lepan, un des top pilotes. Il m’a dit être choqué lui aussi de la vitesse à laquelle ça roule dans les dix premiers. Il m’a dit qu’il était à fond, même dans les cailloux. Honnêtement, pour moi, c’est trop tard pour acquérir cette technique, je ne vais pas aller prendre des cours.”

” Moi, je suis tout le temps à la limite. Quand je suis en perdition je me vautrer, je n’ai pas de marge. J’étais au peti dej avec Jean Lou Lepan, un des top pilotes. Il m’a dit être choqué lui aussi de la vitesse à laquelle ça roule dans les dix premiers. Il m’a dit qu’il était à fond même dans les cailloux. Honnêtement, pour moi, c’est trop tard pour acquérir cette technique, je ne vais pas aller prendre des cours.”

Comme je suis un peu chiant, j’ai posé à Momo une petite question subsidiaire : après ce Dakar, que peut-il y avoir de plus fort, de plus dur ? ». “Le Tourist Trophy mais je l’ai déjà fait. Là, psychologiquement, j‘ai atteint mes limites. Hier, c’était vraiment l’enfer. Pour la première fois de ma vie, je n’avais plus envie d’être sur une moto.”

Kap2Cap est un site entièrement gratuit et sans pub (y compris les traces GPS de mes voyages, à télécharger). Si tu souhaites me soutenir (non je ne vais te demander de faire un don en échange de … rien) mais tu peux le faire en te rendant sur ma boutique avec : 4 livres à acheter/dévorer, un coffret cadeau en série limitée avec le t-shirts unique de mon Monkey Little ou encore un incroyable t-shirt avec l’iconique Ugly Betty de mon expédition en Islande. Un vrai bon échange de procédé quoi ;-) Accèder au  SHOP DE KAP2CAP

Si  t’as vraiment envie de te pencher sur la technicité d’un rallye raid, je t’invite à regarder cette vidéo où tu sauras tout, mais absolument tout sur: la navigation, les malles moto, les pré requis, l’équipements, les coûts etc … VOIR LA VIDEO SUR LA CATEGORIE MALLE MOTO

Kap2Cap c’est aussi un site où tu peux venir raconter et partager ton voyage, tes photos, tes traces GPS avec toute la communauté Kap2Cap dans le plus pur esprit motard. Pour ça, rien de plus simple, tu t’inscris, tu me racontes qui tu es, et tu décris ton voyage pas à pas (Budget, difficulté, spots à ne pas rater, jour après jour). Une étonnante expérience où tu pourras voir ta page internet se construire au fur et à mesure. Alors fonce, c’est ici: et connecte toi ici