Aucun titre possible

Samedi, dernier jour d’essais, premier jour de course du Tourist Trophy. En 14 heures les yeux ouverts, j’ai l’impression d’en avoir vu plus que depuis un an.

Levé un peu plus tard que d’habitude, la journée commençait tranquillement, un peu somnambule au milieu de la pression montant autour de la course Superbike, première des huit de la semaine. J’ai laissé tout le monde tranquille, tentant de me faire oublier pour que Julien et Xavier, prêts à monter sur leurs 1000, ne voient pas le stress me gagner. Parce que je flippe pour eux. Alors, on est parti, Céline, Lucie, et moi, les voir passer, du côté de Governor’s Bridge. Et c’est juste invivable. Les attendre, seconde après seconde, piqué dans l’herbe sans rien pouvoir faire d’autre que regarder l’heure tourner est un vrai supplice. Jusque-là, nous avions pris part aux mêmes séances d’essais, je n’avais donc que ma petite personne et mes trajectoires auxquelles penser… Là, je n’ai pas pu regarder jusqu’à la fin. On est rentré à pas pressants au paddock pour mieux s’approcher de la ligne d’arrivée et être soulagé plus vite. Ju est rentré déçu et fracassé physiquement. Le cou ruiné, il a forcé pour franchir la ligne d’arrivée, bouclant les 360 kilomètres de la course la plus difficile de sa vie. Xavier est tombé en panne du côté d’Union Mills, problème électrique. Mais à part leur déception immense, ils vont bien. De mon côté, j’ai commencé à chausser ma tête de con, et celle-là, je sais très bien l’identifier. Je ne tiens plus en place, comme un lion en cage, marchant sans savoir pourquoi. Je suis agacé, nerveux, j’ai envie de rouler, mais je sais aussi que je n’ai pas le bon état d’esprit à cet instant même. Il faut que je me calme.

Le soleil du matin s’est caché derrière les nuages au moment du départ de la course side-car. Et je n’arrive pas à me calmer. Je monte voir mes mécanos et leur dit que je ne suis pour l’instant pas en état de rouler, que je vais essayer, mais… Ils comprennent  Les sides partent puis reviennent, après un tour seulement. Un Australien vient de se tuer après Rhencullen, beaucoup sont passés par l’accident… Les visages sont tendus, mais tous essaient de rester dans leurs bulles pour repartir, d’ici une heure, sur cette même route. Pas de mots… Le ciel reste gris, l’ile au complet est en sommeil. Le temps s’arrête un instant, moteurs éteints, spectateurs aux aguets. Le silence. Puis un, deux, trois, et puis toute la meute, une meute de bassets hurlant reprennent soudain possession des lieux, crevant de leurs 4 cylindres la chape de plomb tombée sur l’ile.

Ma séance d’essais arrive juste après. J’ai refroidi ma tête, et me sens prêt à rejoindre Désirée. Par besoin de solitude, je me suis assis à un endroit quelconque, à côté d’une barrière, paisiblement chauffé par un soleil revenu. Et je les ai regardé passer, un par un. John Mac Guinness, Ian Hutchinson, Connor Cummins, tous mes héros à un mètre de moi. J’en ai oublié mon rôle d’acteur là-dedans. J’étais juste ce petit gamin heureux de voir ses idoles passer prêt de lui, heureux de sentir les effluves de 130 mph, d’essence racing et de peinture de trottoir au bout de leurs sliders. J’ai souris comme un con, juste heureux d’être là, parmi eux…

Et puis, une fois tout le monde parti, j’ai passé la première et enquillé Bray Hill, tout seul, en souriant. Ma route. Mon île… J’ai essayé de réciter ma leçon, mais, sans trop comprendre pourquoi, je n’arrive plus à la sortir aussi bien et aussi vite depuis deux jours. J’ai toujours un plaisir fantastique, indescriptible sur la moto, mais j’essaie d’adopter un style de pilotage qui n’est pas à moi, je crois. On me dit que je suis trop agressif, qu’il faut que j’enroule, mais ça ne marche pas. Alors je me dis que Mickael Dunlop fait d’aussi beau chrono que Mc Guinness, et qu’après tout, si je suis un goret une fois selle, que ce n’est pas de ma faute !

Fin du premier tour, je m’arrête pour revenir à nouveau en arrière au niveau des réglages, repars confiant et à l’attaque, arrive dans Glen Hellen sûr de mon premier partiel, quand un drapeau jaune surgit. Puis drapeau rouge. Ça sent mauvais. Je pose la machine contre un mur du coté de Black Dub, et tape la causette avec les commissaires. Pas de spectateurs, juste des bois magnifiques que je n’avais jamais regardés avant, et des oiseaux insouciants qui peuvent à nouveau se faire entendre. Un marshal revient en sens inverse, ramenant dans sa roue l’ensemble des pilotes arrêtés depuis Sulby Bridge. Ç’a dû être méchant, mais comme toujours, personne ne sait rien. Alors direction le paddock, j’en profite pour saluer tous les commissaires qui permettent à cette course d’exister. C’est peut-être puéril, un geste d’un top pilote leur aurait peut-être plus réchauffé le cœur, mais on fait ce qu’on peut avec qui on est.

A l’arrivée, le paddock a une sale gueule. On soupçonne, on demande à mi-mots, on espère que, mais on espère plus longtemps. Paul Shoesmith, 50 ans, s’en est allé. C’est pas la personne en elle-même qui me touche le plus profondément dans cette tragédie. Je ne le connaissais que par son nom, que par son team. Mais il me reste une image, une image vissée au fond du crâne. Celle de ce papa plus tout jeune qui court après un mioche d’à peine trois ans visiblement décidé à se faire la malle sur son petit vélo dans une des descentes du paddock. On s’était marré avec Céline, enceinte alors de 7 mois. C’était au Manx en 2014. Et putain, on lui dit quoi à ce gamin, maintenant ?

J’ai pris une bière, et je me suis assis dans la ligne droite des stands. La route n’était pas réouverte. Pas un homme, pas un bruit. Juste ces drapeaux caressés par le vent, et cette descente devant moi. Bray Hill. Comment risquer autant, comment dépenser autant de tout pour être ici ? Faudra que j’y pense un jour, mais pas demain. Demain, je vais faire le Tourist Trophy. Alors j’ai remballé mes songes et rejoint mon équipe, ma femme, ma fille, mon frère, pour respirer l’air de Douglas. Un restau, une promenade de nuit le long de la mer, et puis retour au camping. Il est temps d’abandonner tout le monde pour rejoindre le noir, trouver une connexion internet et quelques photos, histoire de me remonter le moral. Il doit être une heure du matin.

Et puis une voix. Celle de ma mère. Puis celle de mon père la rejoint. Imagine, tu es seul, en pleine nuit, dans un paddock qui dort à 1500 bornes de chez toi, et tes parents apparaissent comme ça… Tu crois que j’hallucine ? Bien non, mes parents sont vraiment là, ils ont quitté leur Berry inondé pour rejoindre Douglas, voir leurs fils, parce qu’on est deux, parce qu’il n’y a qu’eux pour faire ça… Alors, on a tiré mon frère du lit, on s’est jeté un whisky, et on leur a piqué un peu de leur bonheur, comme ça, au milieu de la nuit. Pour se rappeler pourquoi on était là, pour se rappeler l’immensité de la chose. Pour se rappeler qu’on est une smala, et que sans eux, je ne serais pas moi.

J’ai tout donné

Tu rêves d’un truc pendant vingt ans. Tu rêves qu’un jour, peut-être… Alors tu te prépares, tu calcules, tu cherches, tu répares. Et puis longtemps après, c’est juste là, devant toi. Les dernières heures, les dernières minutes, les dernières secondes. Simplement attendre. Devant ce truc énorme. Plus rien à faire d’autre. J’avais déjà fait tout ce que je pouvais. De la première minute où je suis monté sur une mobylette, je me suis préparé pour ce jour. Le travail, les vacances, les finances, les loisirs, chaque chose a été pensée pour arriver ici. Il y a bien une fois où je me suis surpris à prendre plaisir à faire une partie de pétanque, mais c’était juste une fois… Je plaisante, mais pas tant que çà. A part les potes de temps à autre, l’ile de Man et ma femme, les autres activités de ma vie ne sont que des marches pour aller chez une et garder l’autre prêt de moi. Ce qui ne m’empêche de mettre du cœur à l’ouvrage dans chacune de ces étapes.

Je voulais penser à tous ces cons croisés et qui se sont moqués, pour me motiver sur la ligne de départ, mais… Mais j’ai eu un appel, un seul ce matin. Michel Augizeau, patron du team Tecmas, celui qui m’a dit oui la première fois pour mettre un pied dans la course, en 2005. Je n’ai pas quitté ce milieu depuis, passant de stagiaire à bénévole, puis employé, avant de devoir partir et essayé de rouler pour moi, plutôt que de préparer les meules des autres. Michel était essoufflé au bout du fil, la santé branlante à un âge où il devrait plutôt compter ses points retraite, mais il m’a appelé, pour prendre des nouvelles. Et pour me dire de faire attention, parce qu’en 1983, ce sont les zones d’ombre et de soleil qui l’avaient perdu ici même. Il m’a fait pleurer ce con-là, alors que j’avais réussi à tout garder au fond de moi jusque-là. Sacré Michel…

Alors j’ai oublié les cons, et j’ai pensé à ceux qui m’ont aidé, qui m’ont tendu la main. Ils sont pleins, depuis 2007 et l’épopée Isatmot au Moto Tour, jusqu’au team Optimark aujourd’hui. Plein à croire en moi plus que moi-même. Dingue. Alors, quand le petit drapeau mannois s’est abaissé sur Grandstand et que l’homme tapeur d’épaule m’a libéré de toutes ces années d’attente, j’étais prêt. Porté par tous ceux qui m’ont amené ici, de façons différentes. Quand j’ai déclenché la cellule de chronométrage, je voulais leur dire, du fond du cœur et simplement : merci.

Ce n’était pas aussi beau que dans mes rêves. J’ai pris la piste avec un pneu que je ne connaissais pas, apparemment identique –celui que j’utilise d’habitude n’est plus disponible-, mais pas très serein. Les galères de dernières minutes, juste ce qu’il faut pour arriver bien chaud en bas de Bray Hill. J’ai essayé de pousser fort, mètre après mètre, avec l’envie de voir cette ligne d’arrivée. Une belle chaleur du côté de Handley’s, et plein de choses dans la tête qui m’ont empêché de me concentrer et de réciter ma leçon comme je le souhaitais. Un peu compliqué à vivre sur la machine, mais l’envie de ne rien lâcher. Pour faciliter les choses, j’ai encore paumé une lentille à l’entrée de Ramsey, dans le 2ème tour. D’où l’utilité des essais et de savoir que je peux rouler en eaux troubles ! J’ai continué, déjà marqué physiquement : les bras, la nuque, un manque de force que je n’ai pas compris. Je n’ai pas vu grand monde, juste un pilote qui m’a dépassé avant de me laisser dans ma précieuse solitude et mes petits gars au ravitaillement. Ludo à l’inspection, Jessy à l’essence, Stéphane à la visière, il ne manquait que Tibo… Et Nico sur une autre moto.

Ravitaillement impeccable, je repars pour deux boucles, revigoré par le demi-litre de flotte avalé en un temps record. Premier virage, première erreur. J’ai voulu passer très fort sur la bosse juste avant Quarter Bridge, mais j’ai sauté plus haut que la moto. Le temps de redescendre sur terre, d’attraper les freins, j’ai juste eu le temps de voir les spectateurs se cacher derrière le mur avant de tourner. On se calme, on se reconcentre et viens, on va voir le damier. Aucune idée du temps, de la place. J’ai filé aussi vite que je pouvais dans les bois verts et la montagne jaune de ce début juin. Quatrième tour, celui du fameux flying lap. Mes muscles se sont remis à fonctionner. Jamais je ne comprendrai pourquoi il me faut 180 kilomètres avant de me sentir bien.

Je me suis caché autant que possible derrière la bulle, à la recherche du dernier kilomètre heure, du dernier dixième. Mais je n’ai pas pu aller jusqu’au bout. La ligne d’arrivée en vue, j’ai craqué. Je me suis redressé sur la moto, j’ai coupé un peu les gaz, submergé par l’émotion. Comme pour mieux profiter de ce moment. Ce moment où le drapeau à damier a salué la moto n°90, Désirée. Ce moment où mon nom s’est inscrit une fois pour toute dans le classement du Tourist Trophy. Ce n’est que fierté, orgueil, mais merde, qu’est-ce que c’est bon… Dans la boucle du retour, j’ai retrouvé Céline, ma belle, ma tendre. Lucie venait d’émerger du sommeil et de sa poussette. On s’est serré fort par-dessus le grillage qui nous séparait. Si je suis seul sur la moto, cette histoire est celle d’une famille, une petite famille qui s’en va en vacances sur des iles bizarres pour faire des choses ailleurs interdites. Une famille qui vit et vibre toute l’année au son des moteurs. L’amour de Céline, c’est de me laisser vivre ça, et d’accepter de le vivre à côté de moi. Je pense qu’elle est consciente de son pouvoir sur moi, de mon attraction pour elle, mais elle me laisse libre, quel que soit le risque. Mais le seul que j’ai vraiment pris, c’est de me laisser le droit de l’aimer.

Et j’ai bien fait.

Arrivé au parc fermé, on s’est serré fort les uns les autres. Les mécanos vivent aussi des moments pas évidents, entre l’attente de chaque tour, le travail la journée, le soir, et mes humeurs, assez variables. Du premier tour au Manx Grand Prix jusqu’à aujourd’hui, on a vu un paquet de truc, et on s’est posé 1000 questions pour en arriver là. Mais on est là. Xavier et Ju sont arrivés avant moi, l’équipe est au complet, tout le monde est heureux, mais déjà en train de penser à la prochaine étape. Cet après-midi pour eux, mercredi pour moi. Alors, ils sont repartis pour 4 tours de courses, j’ai regardé mon chrono avec le sourire, et je me suis allongé dans ma caravane avec Lucie. Petit bébé, que j’ai un peu abandonné ces temps-ci, et qu’il est si bon de retrouver. En body sur le lit, les cheveux blonds en bataille, et un regard furieux qui annonce déjà une adolescence compliquée… Les yeux de sa grand-mère, quoi… Je suis resté là, un moment, à profiter d’un temps après lequel je ne courrais pas, à profiter de la vie telle que je l’espérais… Avec quand même un œil sur la météo, parce que mercredi, c’est sûr : je refais le Tourist Trophy.

Le pied

Lundi, j’avais atteint mon rêve, mais je l’avais imaginé plus beau. Le devoir de réussir, je pense, m’avait donné une pression supplémentaire. Pour moi, faire le TT, c’était franchir la ligne d’arrivée, avoir son nom inscrit sur ce bout de papier. À partir de là, tout le reste, c’était du bonus. Alors, quand je suis monté sur la moto mercredi pour la deuxième course supersport, je commençais tout juste cette nouvelle vie. Je n’étais toujours pourtant hélas que moi-même, rien n’avait changé extérieurement, si ce n’est ce sourire débile, inamovible une fois le damier passé… Mais j’avais réussi, j’avais pu dire merde aux cons, merci aux gentils, et surtout rentrer à l’heure pour la purée de Lucie, trois choses très importantes dans ma considération de la vie. J’étais tout neuf, tout bien, à l’endroit précis où je voulais être. Et j’ai pu m’appliquer. Alors oui, j’aurais bien aimé chasser le Lyonnais et sa R6, le Rouquemoute et sa CBR, mais ces deux-là sont plus rapides que moi, rien à faire. Mais ça, je le savais déjà. Alors j’ai roulé pour moi, pour me marrer sous mon casque, pour faire une belle dernière course et en rêver tout le reste de l’année.

Je n’ai pas sorti un bon chrono au premier tour, un accident à l’entrée de Kirk Michael et une levée de drapeaux de toutes les couleurs m’ayant fait furieusement ralentir. La brume surgissant exactement au même moment, j’ai pensé qu’une moto brûlait, et j’ai tout coupé. Dans les tours deux et trois, je me suis bagarré avec un autre pilote. C’était marrant, mais je n’attendais qu’une chose : le dernier tour, mon dernier tour, mon flying lap, le seul tour lancé, celui où tu fais tout péter. Alors j’ai fait les freins à mon nouveau pote à Signpost Corner pour avoir le champ libre, et je me suis appliqué à ne plus jamais le revoir. Bray Hill à fond, les freins un peu plus tard et un peu plus fort sur l’angle à Braddan. Je sentais un vent dans mon dos qui n’existait pas, une application que mes trois tours d’échauffement rendaient possible. Je me suis senti vite. Je me suis senti heureux. Avant de crier un tout petit de douleur en taillant la haie à coup d’épaule dans le esse d’Handley’s. Remarque, ça fera ça de moins à faire au jardinier…

J’ai continué aussi vite que possible vers Bottom of Barregarow, juste le temps de me remonter les glaouis dans les amygdales dans la compression, d’enfiler 13th milestone sans monter sur le trottoir, de m’envoler à Ballacrye, et de chopper parkinson sur les bosses de Glen Tramman. Un pied terrible, affreux, je n’ose même pas penser au moment où je devrais m’arrêter… C’était juste fabuleux, plus besoin de travailler pour atteindre Le But, juste prendre du plaisir, profiter de l’instant. Le monde entier s’en fout et c’est tant mieux, mais je suis bien, et je n’ai plus rien envie de me prouver. Je veux juste être heureux. Et maintenant je le peux.

J’ai fait le mariole à Gooseneck, pas pour me la péter, mais pour faire marrer les spectateurs qui viennent du monde entier et attendent bien longtemps que je passe après les premiers. Je ne serai jamais personne, juste le gars qui a loupé sa corde et fait l’abruti. Je serais un souvenir de vacances sans nom, un rigolo, et c’est très chouette comme ça. De toute façon la montagne m’attendait déjà, avec ses grandes courbes à 220, 240 km/h genou par terre, où les photographes se marrent aussi en me voyant. C’est joli, mais il paraît que ce n’est pas le bon style pour ici. Mais je m’en fous. J’ai essayé de faire autrement, ça ne marche pas, je n’y arrive pas, les chronos sont moins bon et je me marre pas. Si j’ai pas l’impression d’avoir dévoré chaque centimètre carré de cette île, ça ne va pas. Alors oui, j’ai la visière qui voudrait bien rayer le goudron, le cul sorti prêt pour une saillie royale, mais cherche pas cherche pas, je vis très bien comme ça.

J’ai été un salaud, un égoïste. J’aurais dû penser à Stéphane, Ludo, Jessy qui se sont dépouillés pour faire rouler Désirée. J’aurais dû penser à mes coéquipiers, mes potes, qui m’ont aidé, conseillé, et même, je le sais, poussé pour que je rejoigne ce team. J’aurais dû penser à Jean-Marc, lui dire merci d’avoir posé le dernier étage sur ce gros gâteau que je préparais depuis longtemps, et qu’avec la petite cerise qu’il a mise dessus, c’était vachement plus joli. J’aurais dû penser aux bénévoles, aux sponsors, aux potes, à la terre entière, à Tibo, à Nico, à faire des roues arrières, à ramener du pain, à ma femme qui m’attendait et à ma fille qui avait faim, à mes parents, j’aurais dû j’aurais dû, mais j’ai été vilain… Je n’ai pensé qu’à ma sale gueule, à me marrer, à crier « Geronimo » en rentrant dans Cronk y Voody, juste pour faire deux kilomètres hilare sous mon casque. Je suis un égoïste, un égoïste heureux, seul sur ma moto, seul dans ma montagne. Mais qui a tellement besoin des autres, de les aimer, de les voir sourire une fois le casque posé…

Et j’ai passé une nouvelle fois la ligne d’arrivée, en refaisant le mariole parce que si j’avais tout gardé sous le Shoei, ça aurait débordé. J’ai retrouvé ma femme, et tu sais quoi, on n’a même pas pleuré.

C’était juste une journée parfaite sur une île extraordinaire.

C’était juste mon plus beau tour, record perso à la clé.

C’était juste un de ces rêves d’enfant auquel on se doit de s’accrocher.

C’était juste l’histoire d’un tout petit bonhomme, un peu bête, un peu borné, qui en a croisé plein d’autres et qui l’on aidé.

C’était juste un petit récit à la con, que je voulais vous faire partager.

Pour continuer de croire à tout, pour continuer de croire en vous.

C’était juste une course qui tourne en rond, un machin qui sert à rien.

Mais putain, putain…

C’était le Tourist Trophy…

Et c’était toute ma vie.

Relisez aussi la première saison des aventures de Momo au Tourist Trophy (La Manx)

La partie 1 en suivant ce lien : L’AVENTURE DE MOMO AU TOURIST TROPHY – PARTIE 1

La partie 2 en suivant ce lien : L’AVENTURE DE MOMO AU TOURIST TROPHY – PARTIE 2

La partie 3 en suivant ce lien : L’AVENTURE DE MOMO AU TOURIST TROPHY – PARTIE 3

Par |Publié le : 31 mai 2022|6 Commentaires|

Partager cet article

6 Commentaires

  1. Alex640 26 juin 2022 à 6h21-Répondre

    Superbe, on le vit avec toi ! 👌✌️

  2. Matthieu 10 juin 2022 à 21h57-Répondre

    Merci pour ce superbe récit…. Une superbe aventure d’un pilote, d’une équipe, d’une famille!!!

  3. Xav 3 juin 2022 à 21h21-Répondre

    Merci pour ce témoignage poignant et intense, ça se lit d’une seule traite. Encore bravo👍🏻

  4. Vincent 3 juin 2022 à 15h29-Répondre

    Excellent récit, passionnant de vous lire!Merci!Pendant 10 min j’y étais!

  5. dermaut 1 juin 2022 à 13h28-Répondre

    wouahhh
    j en ai la larme a l’œil .

  6. Stéphane 1 juin 2022 à 7h56-Répondre

    Bravo, j’ai adoré ce récit 😉

Laisser un commentaire